SPÉCIALE EDITION COVID-19
Cinéma
Tournages stoppés, salles fermées, festivals annulés : la covid-19 s’en est pris au cinéma. Producteurs, distributeurs, réalisateurs, techniciens, tous s’inquiètent. Clap de fin
L e dimanche 16 mars à midi, on a déclaré la sus- pension des tournages. Comme dans toute catas- trophe qui s’annonce, cela a été une suite de décisions pratiques à prendre : mettre à l’abri les équipes, protéger les décors, rendre le matériel, annoncer la nouvelle à tous les partenaires... Impression de temps suspendu et menaçant avant l’arrivée de la tem- pête. N’optant guère pour une sortie anti- cipée en VOD en faisant une croix sur la salle, nombre de distributeurs ont décidé de ressortir leurs films, ou plutôt de les sortir comme il se doit, quand les salles rouvriront. Mais quand ? Distributeur était déjà un métier risqué, il le devient encore plus. Jusqu’ici, ils avaient peur que le beau temps nuise au succès d’un film; ils vont désor- mais devoir faire avec l’incertitude de l’ouverture des salles. Pour les petites sorties ayant déjà été programmées, y aura-t-il de la place pour elles à la rentrée, sachant que
tous les blockbusters planifiés pour l’été ont été repoussés à cette période traditionnellement chargée ? Faudra-t-il attendre 2021 ? Certains misaient sur la présence de quelques-uns de leurs films aux fes- tivals. Ils ont tous mis en stand-by leurs tournages. Mettre un tournage en pause coûte de l’argent. Certes, que les festivals censés lancer ce film ne se tiennent pas est plus violent qu’un arrêt de tournage. Malgré la reprise - au ralenti - des tour- nages, les pertes se chiffrent en mil- lions de dirhams. Après les annonces des mesures, certains ont commencé à remballer leur décor, ce qui devait
être le pot de début de tournage est devenu un pot de « c’est fini pour l’instant ». Car certains films sont cen- sés se passer en hiver. Ceci dit, rien n’est certain. Les membres de l’équipe ne seront-ils pas engagés sur d’autres projets ? Ne perdront-ils pas certains décors ?... La période post-confinement risque d’être la plus violente, et le retour à l’activité, compliqué. Car, point de garantie que le public retournera dans les salles. Ayant connu le télétravail, l’abonnement des ménages aux pla- teformes de streaming et l’utilisation exclusive de liens Internet pour mon- trer les films, la révolution numérique a gagné. Ceux qui s’y sont préparés depuis un moment, qui ont réfléchi à leur métier en fonction de ces évo- lutions, qui ont su diversifier leurs approches, s’en sortiront et feront l’avenir du cinéma. Les autres, en revanche, menacent de sombrer. Le génie est sorti de la bouteille, et nul ne sait vraiment si on pourra l’y remettre quand tout cela sera fini. u
Cinémas fermés, sorties restreintes...la vraie inquiétude, c’est la reprise.
Cinéphiles et amateurs de cinéma occasionnels étant confinés, ils se sont mis à regarder des films à la maison. La contrainte du «rester chez soi» a renforcé ainsi la plateforme américaine de streaming Netflix dans sa position de leader. Pour ce premier trimestre 2020, Netflix a attiré 15,8 millions de nouveaux abonnés. Soit deux fois plus que les 7 millions escomptés et beaucoup plus que les 9,6 millions recrutés en 2019 sur la même période. Cependant, la fermeture des cinémas du monde entier accélère ce saut apparemment inévitable dans l’inconnu virtuel. Les audiences du leader Netflix ont largement augmenté
104 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]
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