Spectacles vivants
En plein flou artistique
L a vie culturelle reprend à petits pas, comme une convalescente après une opération à cœur ouvert. Derrière son masque, elle sourit. Les librairies ont en effet rouvert; on peut désor- mais arpenter quelques galeries. Tout va mieux, alors ? Non, car les artistes qui, sur scène et en live nous donnent tant de bonheur et de raisons de les applaudir, sont à l’agonie. Nul ne sait dans quel état le spectacle vivant sortira de cette pandémie. Dans le marécage des annulations de spectacles et de festivals, que peut-on présenter et dans quelles conditions ? Tout le corps de métier s’interroge sur la redéfinition post- covidienne de l’accueil du public : faudra-t-il baisser les jauges de moi- tié ? Du quart ? La distanciation entre deux spectateurs sur une même rangée est-elle calculée à partir des épaules ou du nez ? Faudra-t-il alors laisser un ou deux sièges vides ? Et pour qui ? Le public habituel est-il majoritairement composé de retraités ou de scolaires, soit les populations considérées, d’un côté, comme les plus fragiles, de l’autre comme les plus dangereuses ?. Tout reste à pen- ser, avec le sentiment d’une progres- sion qui s’étalera sur de longs mois pour retrouver les habitudes d’antan. Tous les comédiens, sans exception, Dans le monde culturel, les comédiens de théâtre, les metteurs en scène, les chanteurs et musiciens, les techniciens du spectacle sont les grandes victimes de la crise provoquée par le coronavirus.
réouvertures des salles, avec jauge limitée et contrôle sanitaire strict, certains comédiens, chorégraphes et artistes prévoient de faire jouer certaines productions à vide, sans spectateurs, mais pour les caméras. Cependant, les rires et les applau- dissements ne crépiteront pas aussi forts que dans une salle comble, sur- tout sans cet effet que produit une foule compacte… La captation ne permettra pas de sai- sir l’essence de ce qu’est le spectacle vivant. Un zoom non plus. Ce sera difficile d’assister sur Internet à une épopée théâtrale comme on peut la vivre en salle. Ce qui pousse une grande majorité de directeurs de salles à rassurer leurs fidèles sur le caractère pro- visoire et contraint de ce virage numérique. Quel modèle trouver si les salles restent désertées et que le numérique apparaît comme l’Arche de Noé ? C’est sûr qu’il y a tout à réinventer. « Notre métier est en train de crever », va jusqu’à dire un comédien. On rêve que l’avenir lui donne tort. Il le faut, pour les artistes comme pour nous, qui les aimons tant. u
ont dû remballer leurs mises en scène, qui leur servent générale- ment de décor. Et, dans un mélange d’abattement et d’extra-lucidité, ils attendent. Confinement. Cela veut dire, d’une part, prendre des risques en tréso- rerie. Et, d’autre part, ignorer quand il sera possible de retravailler vu les divers calendriers que cette crise sanitaire impose. Pour l’instant, la plupart des créa- tions sont repoussées à l’automne. L’expérience du confinement a bou- leversé leurs plans, y compris artis- tiques. Visiblement peu rassurés par une
Le spectacle vivant, grand oublié du décon- finement.
Pour l’instant, la plupart des créations sont repoussées à l’automne. L’expérience du confinement a bouleversé les plans, y compris artistiques.
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FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]
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