Les banques ont des perspectives nuancées sur l’ampleur de l’impact de la crise de la Covid-19 sur les principaux indicateurs en 2020.
Impacts structurels et après-crise
La quasi-totalité des banques entre- voit un impact structurel fort de la crise de la Covid-19 sur le secteur, qui impactera les usages et les besoins des clients, mais également les stratégies et les positions concur- rentielles des banques. Les banques s’accordent en effet sur le fait que la crise devrait impacter tous les aspects du métier bancaire – distri- bution, offres produits et services, modèles opérationnels, approche risque et modèles d’organisation et de collaboration –, avec un consen- sus plus large autour de 2 facteurs clés de succès pour l’après-crise : la distribution digitale et omnicanale et la redéfinition de modèles opération- nels «leans» et résilients. En dehors d’une banque, s’estimant «Best in class» sur 4 dimensions, la plupart se voient en avance sur 2 à 3 dimensions, avec quelques archétypes qui se dégagent : cer- taines banques se disent en avance sur les aspects fronts (distribution / offre) et d’autres sur les opérations et les modèles d’organisation et de collaboration. « Sans se laisser dis- tancer sur des domaines critiques, un enjeu déterminant est de choisir ses batailles clés pour créer une dif- férenciation concurrentielle réelle et reconnue par les clients », analyse le cabinet Roland Berger. u
les banques semblent converger sur le fait que les dépôts devraient être moins impactés, probablement en lien avec une moindre consomma- tion et un impact sur l’assurance vie en première ligne.
tives aux effectifs sont moins explo- rées à ce stade, notamment pour des considérations de solidarité dans un contexte de crise nationale. Autrement dit, la suppression de postes n’est pas, pour le moment, à l’ordre du jour. Impacts sur les indicateurs financiers Les banques ont des perspectives nuancées sur l’ampleur de l’impact de la crise de la Covid-19 sur les principaux indicateurs en 2020. Ainsi, la majorité des banques anti- cipent une hausse importante (+3 à 5 pts et plus) des créances en souf- france. La majorité anticipe égale- ment une baisse significative (-6% à -10% voire au-delà) des encours de crédits aux particuliers ainsi qu’une baisse du PNB de même ampleur. En outre, davantage de banques estiment que l’impact sera moindre pour les crédits aux entreprises en 2020, probablement en lien avec les mesures de soutien en phase de confinement et de relance. Enfin,
Coup dur pour la profitabilité au 1 er trimestre
Les banques ont été parmi les premiers contributeurs au Fonds spécial Covid-19. Celles cotées y ont affecté 2,32 Mds de DH de leurs bénéfices (sans Attijariwafa bank). Ceci a dégradé leur capacité bénéficiaire au premier trimestre. Entre janvier et mars 2020, la rentabilité part du groupe des banques étudiées ressort à 2,15 milliards de DH, reflétant une baisse de 26%. On note que certaines banques ont fait le choix d’intégrer cette contribution au prorata trimestriel. En plus de cet effet non récurrent lié aux dons, les premiers impacts prévisionnels sur le coût du risque ont aussi pesé sur la rentabilité. Chez les 6 banques cotées à la Bourse de Casablanca, la charge du risque a connu une progression à deux chiffres. Seule la BCP a pu l’alléger de 2,4% à 751 MDH. Pour CIH Bank, ce coût a augmenté en consolidé de 68,3% pour s’établir à 180 MDH. Le groupe «a constaté des provisions de manière prospective afin de prévenir les impacts de la pandémie». Cette hausse est encore plus marquée chez Attijariwafa bank. Son coût du risque s’est établi à 1,1 milliard de DH, en accroissement de 82,5%. Rapporté aux encours de crédits, il passe de 0,76% au premier trimestre 2019 à 1,30% au premier trimestre 2020. Ce montant a augmenté de 19,5% chez CDM, de 6,8% pour BoA, et de 25,2% chez BMCI, dont le taux de couverture des créances par les provisions des comptes sociaux s’établit à 80,3%.
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FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]
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