FNH N° 1016

E CONOMIE

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JEUDI 25 MARS 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Hydrocarbures

◆ Driss Guerraoui a fait les frais des décisions discordantes du Conseil de la concurrence dans l’affaire des ententes éventuelles dans le secteur des hydrocarbures. ◆ Ce dossier est l’objet d’une véritable foire d’empoigne depuis mai 2018. Rahhou hérite d’un dossier très inflammable

aux distributeurs d’aug- menter leurs marges. Le rapport a aussi mis en évidence, entre autres, la vente clandestine en dehors des circuits légaux et à bas prix. C’est pourquoi les parle- mentaires avaient demandé le plafonnement des marges réalisées par les compa- gnies d'hydrocarbures. Une demande d’avis a été, dans ce cadre, adressée par le gouvernement au Conseil de la concurrence, lequel avait estimé, le 14 février 2019, que «le plafonnement des marges n’est pas judicieux et reste une mesure discri- minatoire» et que «le mar- ché souffre plutôt de dys- fonctionnements de nature structurelle auxquels les réponses conjoncturelles ne peuvent avoir que des effets limités» . Une réponse en phase avec ce qu’atten- dait le Groupement des pétroliers du Maroc, pour qui un plafonnement serait «un retour en arrière pour un secteur libéralisé». Intervention royale Cette affaire a connu un nou- veau rebondissement quand, le 23 juillet 2020, le Roi a reçu une note du président du Conseil de la concurrence, Driss Guerraoui, relative à la «décision du Conseil» sur les «éventuelles ententes des sociétés pétrolières et du Groupement des pétroliers du Maroc» . Une note dans laquelle le Conseil a acté,

Ahmed Rahhou, nouveau président du Conseil de la concurrence

matière de lutte contre les pratiques anticoncurren- tielles et de contrôle des opérations de concentration économique. Justement, dans les tiroirs du Conseil de la concurrence, Ahmed Rahhou découvre un dossier très chaud, pour ne pas dire très inflammable : celui des hydrocarbures, qui tient en haleine le milieu des affaires depuis plusieurs années et qui, visiblement, a valu à son prédécesseur, Driss Guerraoui, son poste. Ce dossier est l’objet d’une véritable foire d’empoigne depuis mai 2018, date à laquelle le rapport de la

mission d'information par- lementaire sur les prix du carburant et les conditions de concurrence, suite à la décision de la libéralisation des prix en 2015, a relevé de nombreuses dérives. Un rapport qui a dénoncé une «activité suspecte dans le secteur» , avec un carburant supposé être vendu dans les provinces du Sud avec des exonérations fiscales, mais qui était en réalité distribué dans d’autres régions du Royaume. Cette fraude organisée, reconnue par des profes- sionnels interrogés par la mission, aurait ainsi permis

D eux ans après avoir été nommé par le Roi ambas- sadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, Ahmed Rahhou revient au bercail. Il est, depuis le lundi 22 mars, le nouveau président du Conseil de la concur- rence, une institution appe- lée à donner son avis sur les demandes de consultation et à publier des études sur le climat général de la concur- rence sur les plans sectoriel et national. Elle a, en outre, un pouvoir décisionnel en Par D. William

La commis- sion ad-hoc a conclu que le processus de traitement de cette affaire a été émaillé de nombreuses irrégularités de procédure.

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