FNH N° 1016

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 25 MARS 2021

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Inflation importée

◆ Les cours des matières premières, notamment celles importées par le Maroc, s’inscrivent dans un cycle haussier. ◆ Les transporteurs commencent à se plaindre des prix à la pompe, impactés par la hausse des cours du pétrole. Faut-il craindre une poussée en 2021 ? A vec le début de la reprise écono- mique, la demande des matières pre- mières connaît un a augmenté pour le dixième mois consécutif en février dernier de 2,5%, tiré par les fertilisants, les métaux et les produits alimentaires. Par C. Jaidani

Le Maroc, gros importateur de certains produits stratégiques, risque d’être impacté par une inflation importée, avec des effets pervers sur l’économie. L’exemple le plus saillant est celui du pétrole. Le brut a entamé l’année avec un cours de moins de 40 dollars le baril. Il flirte actuellement avec les 70 dollars, avec un risque de renchérissement des cours. A terme, un baril à 100 dollars est possible. Les prix à la pompe au Maroc ont déjà entamé un trend haussier depuis le dernier tri- mestre de l’année 2020. Le prix du gasoil, le carburant le plus utilisé au Royaume, notamment par les transpor- teurs, s’approche des 10 DH. Plusieurs syndicats du secteur ont tiré la sonnette d’alarme, sollicitant une intervention urgente du gouvernement pour faire face à ce phéno- mène. «Nous avons été fortement impactés par la crise sani- taire qui a réduit sensiblement

certain essor, entraînant une flambée des prix de certains produits. Le scénario de 2007 et 2008 n’est plus à écarter, surtout que tous les Etats ont injecté massivement de l’argent dans leur économie et continuent de le faire pour assurer la relance. Plusieurs économistes pré- viennent que «2021 devrait être une année de rebond par excellence de la demande des consommateurs qui, une fois les restrictions sanitaires levées devraient, se précipiter sur les marchés et dépenser l’épargne accumulée au point de créer un déséquilibre avec l’offre». Selon la dernière note de la direction des études et des prévisions financières (DEPF), l’indice des prix des produits énergétiques calculé par la Banque mondiale a grimpé de 14% en février, après +10% en janvier. De son côté, l’indice des produits non énergétiques

Le prix du gasoil, le carburant le plus utilisé au Royaume, notamment par les transporteurs, s’ap- proche des 10 DH.

L’indice des prix des produits ali- mentaires publié par l’Organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimen- tation (FAO) enregistre son neuvième

L’indice des prix des produits alimentaires publié par l’Orga- nisation mondiale de l’agricul- ture et de l’alimentation (FAO) enregistre son neuvième mois de hausse. Les experts de cette institution onusienne, basée à Rome, estiment que cette flambée devrait se pour- suivre au cours de l’année 2021, même pour les produits qui manifestent une abon- dance de l’offre, à l’image du blé. Les cours du blé tendre sont restés stables à 277 dol- lars la tonne en février, leur niveau le plus élevé depuis 2014. En dépit d’une cam- pagne agricole performante, le Maroc devrait importer au moins 30 millions de quintaux de blé cette saison. Pour sa part, le cours du sucre, dont le Maroc importe quasiment la moitié de ses besoins, s’inscrit lui aussi dans un cycle haussier. Il a enregistré au début du mois de mars son niveau le plus haut depuis avril 2017. ◆

le trafic interurbain de voya- geurs, sans oublier la réduc- tion du nombre de passagers à transporter. En revanche, aucune augmentation de la tarification des courses n’a été tolérée. Les frais du carbu- rant représentent plus de 70% de nos charges d’exploitation. Toute hausse pèse lourde- ment sur nos marges» , affirme Mohamed Harak, secrétaire général du Syndicat des grands taxis de Casablanca, affilé à la Confédération démo- cratique du travail (CDT). La hausse des matières pre- mières a déjà été ressentie par le consommateur, quand le prix des huiles de table a été augmenté au cours du mois de février dernier d’un dirham le litre, sous l’effet de la flambée des oléagineux à l’international. Le Maroc importe la quasi- totalité de ses besoins en soja et tournesol de l’étranger. La hausse ne concerne pas uniquement les oléagineux.

mois de hausse.

Plusieurs filières industrielles, dont lesmétiersmondiaux duMaroc, à savoir, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, électrique ou métallurgique risquent d’être impactées par la hausse des prix des métaux à l’internatio- nal. On assiste au même phénomène d’avant la crise de 2008, avec une forte demande de ces matières de la part de la Chine et d’autres pays émergents comme l’Inde, le Brésil ou la Turquie. Le cuivre, qui est l’un des baromètres de l’industriemondiale, a rejoint ses plus hauts historiques de 10.000dollars/ tonne, soit deux fois plus que ses points bas de 2016. Flambée des cours desmétaux

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