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BOURSE & FINANCES
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JEUDI 7 & VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2023
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Outre des investissements directs étrangers qui ont tri- plé en l’espace de 3 ans pour s’établir à environ 400 mil- lions de dollars en 1991, «les réformes structurelles entre- prises ont permis de consoli- der la libéralisation de l'écono- mie marocaine et des méca- nismes orientés vers le marché et de stimuler la croissance économique» . Ainsi, précisait Berrada, «au cours de cette période d'ajustement, le taux annuel moyen de croissance économique a été maintenu à 4,5%, ce qui correspond à une augmentation de 2% du PIB réel par habitant». S’il a permis de redresser sensiblement certains indica- teurs macroéconomiques, le PAS n’a pas cependant résolu tous les problèmes du Maroc. Loin de là. Comme le montre un rapport du ministère de l’Economie et des Finances datant d’octobre 1995, le taux de croissance enregistre par l'économie marocaine durant la période 1983-1994 (4,1% l'an en moyenne) n'a pas été en mesure de faire face a la forte augmentation de la population active, ce qui a entraine une aggravation du chômage. «C'est en définitive sur l'emploi que l'application du Programme d'ajustement structurel a eu les retombées les plus négatives. Le taux de chômage au niveau national est passé de 10,7% en 1982 à 12,1% en 1991 (20,6% en milieu urbain et 5,6% en milieu rural), et ce malgré le déve- loppement durant les années 80 du secteur informel qui a constitué un filet de sécuri- té en période d'ajustement» , conclut le rapport. Le Maroc, un modèle Dans l’application du PAS, le Maroc était visiblement un bon élève des institutions de Bretton Woods. C’est ce par- tenariat, dont les racines se prolongent loin dans le temps,
qui se poursuit aujourd’hui. Car au gré des réformes qui se succèdent depuis les années 80 pour construire une éco- nomie moderne et robuste, le Royaume s’est forgé une réputation de partenaire de confiance et crédible, res- pectant scrupuleusement ses engagements internationaux. Le fait que le Maroc ait été choisi pour abriter cette édi- tion des Assemblées annuelles FMI-BM n’est donc pas fortuit. C’est le fruit d’un long pro- cessus qui traduit, d’abord, l’étroitesse de la coopération entre le Maroc et les institu- tions de Bretton Woods, mais également la bonne réputation
du Royaume, engagé dans un vaste chantier de déve- loppement et de transforma- tion structurelle de son éco- nomie sous l’impulsion du Roi Mohammed VI. Globalement, c’est ce défi du développe- ment auquel fait face le conti- nent africain. «L’Afrique reste confrontée à une profonde crise économique qui met en péril la croissance et les efforts visant à améliorer les condi- tions de vie des populations africaines. Plus grave encore est le fait que certaines régions du continent africain restent vulnérables à la pauvreté, à la malnutrition, à la famine et à la guerre civile» , affirmait
Berrada il y a 30 ans de cela. Trois décennies plus tard, ces propos ont une résonnance particulière, s’incrustant cruel- lement dans l’actualité du continent. Pour preuve, aux prochaines Assemblées du FMI et de la BM, où plus de 14.000 participants de haut niveau sont attendus, dont les ministres de l’Economie et des Finances et les gouverneurs de Banques centrales des 189 pays membres ainsi que les représentants de la société civile, du secteur privé, des médias internationaux et du monde académique, le déve- loppement de l’Afrique sera au centre des débats. ◆
C'est sur l'em- ploi que l'ap- plication du Programme d'ajustement structurel a eu les retom- bées les plus négatives.
Le discours percutant de Mohamed Berrada sur l’environnement L’ Afrique est responsable de moins de 10% des émis- sions mondiales de gaz à effet de serre. Or, c’est le
continent qui est le moins à même de faire face aux effets délétères du chan- gement climatique. C’est le constat fait par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) lundi dernier, dans un rapport publié à l'occasion du Sommet africain sur le climat qui a débuté ses travaux à Nairobi. Selon l’OMM, la vitesse à laquelle la température aug- mente s'accélère, et des phénomènes météorologiques extrêmes aggravent l’insécurité alimentaire de cette région du monde, alors que la productivité agricole chute. En septembre 1992 déjà, Mohamed Berrada alertait sur la nécessité de préserver l’environnement : «(…) Si l’on veut que la croissance soit à la fois régulière et soutenue, elle doit égale- ment être une croissance de qualité qui tienne compte des considérations de préservation de l’environnement. Plus que jamais, la protection de l’en- vironnement est une préoccupation pour tous les pays du monde. Nous sommes tous responsables ensemble
Mohamed Berrada a présidé les Assemblées annuelles du FMI et de la BM en sep- tembre 1992.
des problèmes environnementaux que nous avons causés et que nous devons également résoudre. La détérioration de l’environnement se manifeste de diverses manières, mais ses effets se font particulièrement sentir sur le milliard de personnes qui vivent encore dans la pauvreté dans le monde (…) La persistance de la pauvreté, combinée à une croissance démographique rapide, intensifie les pressions sur l'environnement, obli- geant ainsi les pauvres à imposer une demande excessive aux ressources naturelles. Les mesures destinées à briser le cercle vicieux de la pauvreté et du
sous-développement entrent en concurrence avec les mesures qu'exige la protection de l'environnement. C'est pourquoi nous sommes confrontés à des choix difficiles entre les besoins de la génération actuelle et ceux des générations futures; pourtant, nous ne pouvons pas reculer devant ces choix. Pour préserver l’environnement, les pays en développement comme les pays développés doivent apporter les changements nécessaires à leurs poli- tiques, à leurs institutions et à leurs décisions technologiques (…)». Trente ans plus tard, les défis liés au changement climatique sont toujours d’actualité. ◆
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