26
SANTÉ
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 7 & VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2023
www.fnh.ma
pour les praticiens, mais aussi pour la recherche. Néanmoins, ces données devraient être utilisées à bon escient et dans le respect des lois en vigueur. D’autre part, le traitement de ces don- nées est conditionné au consentement éclairé de la personne concernée. Les données accessibles aux chercheurs devraient être anonymes, et utilisées uni-
quement dans les travaux autori- sés par les comités d’éthique. Car gagner la confiance des usagers en assurant une meilleure confidentiali- té et sécurité des données permettra la promotion de la recherche et de l'innovation dans ce domaine. F.N.H. : Comment assurer un accès équitable à la technolo- gie de l’intelligence artificielle en santé ?
L’IA est appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans l’amélioration de l’accès aux soins de santé pour les populations désavantagées.
tif de l’enseignement médical, conserve sa place et sa valeur dans le processus des soins. Il se trouve que ce raisonnement est effectué autrement du fait que les prati- ciens ont désormais à portée de main des applications qui permettent d’améliorer la prise en charge des patients dans diffé- rentes situations cliniques. F.N.H. : Quels sont les grands enjeux de l’Intelligence artificielle dans la pratique médicale à l’ère de la généralisation de l’AMO ? Pr I. H. : Discuter de l’IA en santé en termes d’impact, d’enjeux et de pers- pectives varie d’un système de santé à l’autre. Au Maroc, le système de santé connait de profondes transformations, avec notamment des nouvelles réformes mises en application, dont la généralisa- tion de l’AMO. Ces réformes avaient émané des don- nées des rapports officiels des institutions nationales et internationales, qui avaient noté un certain nombre d’avancées consi- dérables relatives à l’augmentation de l’espérance de vie, la diminution de la mortalité maternelle et infantile ainsi que l’amélioration de l’offre de soins en géné- ral… Toutefois, ces rapports avaient éga- lement révélé des dysfonctionnements qui se situent à plusieurs niveaux, dont la pénurie des ressources humaines et les disparités territoriales quant à leur réparti- tion. En effet, on compte 1,9 professionnel de santé pour 1.000 habitants, alors que l’OMS recommande un taux de 4,45 pour atteindre la couverture sanitaire univer- selle. Dans ce contexte, l’IA peut offrir un certain
nombre de solutions et ouvrir de nom- breuses perspectives, à travers l’usage de la télémédecine ainsi que les systèmes de suivi à distance des patients. Cela permet d'améliorer l'accès aux soins, en particulier dans les zones enclavées et aux populations désavantagées. Elle permet aussi une prise en charge des patients sur leur lieu de vie et contribue à développer la collaboration entre les professionnels de santé de différentes spécialités. Il est pour cela indispensable que notre système de santé se dote des techno- logies de l’IA et bénéficie des moyens qu’elle offre pour une meilleure qualité des soins. F.N.H. : La protection des don- nées personnelles est un impéra- tif. Dans quelle mesure constitue- t-elle une entrave à l’innovation et au progrès de l’intelligence artifi- cielle en santé ? Pr I. H. : Respecter et assurer la confi- dentialité et la sécurité des données des patients est un élément clé pour profiter de l'IA, et pose des questions éthiques. Dans ce sens, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en 2021 un rapport définissant les principes directeurs de l’IA appliquée à la santé de sa conception à son utilisation : protéger l’autonomie et promouvoir le bien-être et la sécurité des personnes, garantir l’équité, la trans- parence, et l’intelligibilité, encourager la responsabilité et l’obligation de rendre des comptes. Il est à noter qu’une plateforme de santé regroupant toutes les données santé de la population est une ressource inestimable
Pr I. H. : L’objectif de l’usage des sys- tèmes intelligents est de réduire les dis- parités d’accès à des soins de qualité. Car les inégalités en matière de santé restent un défi croissant à travers le monde, et notamment dans les pays à ressources limitées où de nombreuses personnes ont des difficultés d’accès aux soins. Pour résoudre ce problème, l’IA a un rôle à jouer pour identifier et atténuer ces inégalités. En tenant compte des déterminants sociaux de la santé (ensemble de facteurs sociaux et économiques qui influencent l’état de santé des individus) et en les intégrant au dossier clinique des patients, les nouvelles technologies pourraient être d’une aide précieuse pour identifier les populations vulnérables et développer des plans d’action et des stratégies plus efficaces pour y remédier. Cela peut fina- lement conduire à un accès plus équi- table aux soins et à de meilleurs résultats pour tous les patients. Aussi, l’IA ouvre de nouvelles possibilités pour accroître l’accès à des soins de qualité pour les populations désavanta- gées, en leur permettant, via les appli- cations et les appareils alimentés par l’IA, de surveiller leur santé, de suivre les symptômes et de se connecter avec les prestataires de soins à travers des pla- teformes de télémédecine au niveau des établissements de soins de santé locaux. À mesure que la technologie de l’IA progressera et deviendra plus dispo- nible, elle jouera un rôle de plus en plus important dans l’amélioration de l’accès aux soins de santé pour les populations désavantagées. ◆
Pour atteindre la couverture sanitaire univer- selle, l’IA peut offrir un certain nombre de solu- tions et ouvrir de nombreuses perspectives, à travers l’usage de la télémédecine ainsi que les sys-
tèmes de suivi à distance des patients.
Made with FlippingBook flipbook maker