Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 18 décembre 2025 - 8 DH - N° 1219
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Bourse de Casablanca Des investisseurs étrangers plus influents
Akdital Le Groupe revoit à la hausse ses ambitions P.10/11 Entretien avec Ilyas El Harti, Directeur général délégué d'Akdital.
P. 8
P. 4/6/7
Croissance - Investissement Le système de Zakat à l'épreuve de la confiance Lecture économique de l’année 2024
Stress hydrique
ZLECAF
Un projet économique structurant
Jusqu’où le dessalement peut-il aller ?
Entretien avec Rachid El Fakir, professeur d'économie monétaire.
P.14/15
P.12/13
P. 16/17-26/27
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025
Voyons voir : Les limites de la reprise économique Ça se passe au Maroc 3 4 ACTUALITÉ
Entretien avec Hamza El Garti : DabaBlane, Une plateforme digitale pensée pour optimiser le tou- risme national 24 L'UNIVERS DES TPME 26 DEVELOPPEMENT DURABLE Dessalement : Le pari hydrique du Maroc à l’épreuve du réel
Editorial
BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo : Vers une fin d’année en dou- ceur Taux directeur : Bank Al-Maghrib confirme sa pause monétaire et précise ses chantiers Bourse de Casablanca : Des investisseurs étrangers plus présents et plus influents SGTM : Le marché a parlé avant l’entreprise Entretien avec Ilyas El Harti : Akdital, «Les récents développements au Maroc et à l’international nous permettent de relever nos prévisions»
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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Safi – Fès
A Vulnérabilités fatales
près plusieurs années de sécheresse sévère qui ont pesé lour- dement sur l’agriculture et freiné la croissance économique, les pluies qui arrosent actuellement le Maroc sont, à bien des égards, une bonne nouvelle. Elles reconstituent les réserves hydriques, redonnent de l’oxygène au monde rural et nourrissent l’espoir d’une campagne agricole plus favorable, susceptible d’avoir un effet d’entraînement positif sur l’activité économique nationale. Mais cette bénédiction tant attendue a aussi un revers sombre. A Safi, ces mêmes pluies ont tourné au drame. En effet, comme Fès quelques jours plus tôt, la ville est endeuillée. Trente- sept morts, des dizaines de blessés et des quartiers noyés sous des torrents tombés en seulement une heure. Aujourd’hui, il faut admettre que le Maroc n’affronte plus des épisodes météorologiques exceptionnels, mais entre plu- tôt dans une ère où l’exception tend à devenir la règle. En effet, ce qui est arrivé à Safi n’est pas un phénomène isolé. Il s’inscrit dans une chaîne de drames qui dépasse largement les frontières nationales. Que ce soit en Europe, en Afrique de l’Est ou encore en Asie, les pluies diluviennes, les crues soudaines et les vagues de chaleur meurtrières se multiplient. Les vagues de chaleur en Europe ont tué des dizaines de milliers de per- sonnes ces dernières années. L’année dernière, les inondations en Espagne ont fait près de 240 morts. Les climatologues ne parlent plus au conditionnel. Le réchauffement global, déjà supérieur à 1,3°C, charge l’atmosphère en humidité et transforme cette énergie en précipitations violentes. Le dérèglement climatique est bel et bien en marche. La véritable question n’est donc pas de savoir si ces événements vont se reproduire, mais quand et avec quelles conséquences. Pour autant, les pluies, à elles seules, ne tuent pas. Ce sont plutôt les vul- nérabilités accumulées qui transforment un aléa climatique en tragédie humaine, notamment les quartiers exposés, les habitats fragiles, les réseaux d’évacuation insuffisants ou encore l’urbanisation parfois mal anticipée. Les scientifiques ne disent pas autre chose. Selon eux, il n’existe pas de catas- trophe naturelle pure, mais des sociétés plus ou moins préparées à encaisser le choc. « Nous savons qu'il n'y a pas de catastrophe naturelle. C'est la vulné- rabilité et l'exposition de la population qui transforment les risques météoro- logiques en catastrophes humanitaires », souligne une analyse des incidents météorologiques du World Weather Attribution (WWA). Le parallèle avec Fès est éclairant. Là-bas, ce ne sont pas les eaux qui ont tué 22 personnes, mais l’effondrement de deux bâtiments. A l’heure actuelle, le Maroc pleure donc ses victimes : 59 morts en quelques jours d’intervalle. Il est néanmoins important de tirer les leçons de ces deux drames. L’un rappelle que l’acte de bâtir ne peut plus tolérer ni approximation ni complaisance. L’autre montre que dans un pays désormais exposé à des chocs climatiques plus fréquents et plus violents, l’anticipation des risques n’est plus une option, mais un impératif de protection civile. u
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Inondations à Safi : Après le drame, les interroga- tions
ECONOMIE ZLECAF : Un projet économique structurant pour le continent
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Entretien avec Rachid El Fakir : Croissance – Investissement – Dette, Lecture économique de l’année 2024 Stress hydrique : Jusqu’où le dessalement peut-il aller ? Entretien avec Khalid Kabbadj : Dakhla, «Un futur pôle économique atlantique» Artisanat : Un secteur en quête de structuration et de modernisation Entretien avec Mohamed Lahlou : Immobilier, «Le secteur est marqué par un climat d’attentisme persistant» Petfood : Un marché marocain en voie de structu- ration
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30 Technologies : Le grand tournant 2025-2026 HIGH-TECH
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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025
Les limites de la reprise économique
ressort de la Loi de Finances 2026 et de la programmation budgétaire triennale, contribue à réduire progressivement l’endettement du Trésor et à préserver les équilibres macroéco- nomiques. Le maintien du taux directeur apparaît ainsi comme un compromis visant à soutenir la reprise sans alimenter de déséquilibres infla- tionnistes, tout en laissant au temps et aux réformes structurelles le soin de renforcer la transmission de la politique monétaire. Cette transmission reste d’ailleurs imparfaite. La baisse cumulée des taux débiteurs n’a atteint que 58 points de base contre 75 points pour le taux directeur, ce qui limite encore l’impact de l’assouplissement monétaire sur le finance- ment de l’économie réelle, en particulier pour les petites et très petites entreprises. Par ailleurs, les projections de croissance sont, sur le papier, rassurantes. Une pro- gression du PIB de 5% en 2025, suivie d’un rythme moyen de 4,5% sur les deux années suivantes, traduit un redressement réel de l’activité. Cette performance repose sur deux piliers. D’un côté, une agriculture appelée oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc) La décision de Bank Al-Maghrib de maintenir son taux directeur à 2,25% s’inscrit dans une lecture prudente mais cohérente de la conjoncture économique, au regard des signaux encourageants et des fragilités persistantes.
à se normaliser, sous l’hypothèse de cam- pagnes céréalières moyennes de 50 millions de quintaux, avec une valeur ajoutée en hausse modérée. De l’autre, des activités non agricoles qui affichent une vigueur notable, portées par l’investissement, les services, le BTP et l’industrie. Cette dynamique témoigne d’une transformation progressive de la struc- ture de la croissance, un peu moins dépen- dante des aléas climatiques et davantage tirée par les secteurs productifs. Pour autant, le marché du travail rappelle que cette croissance reste encore insuffisamment inclusive. Certes, l’économie nationale a créé 167.000 emplois entre le troisième trimestre de 2024 et celui de 2025, essentiellement en milieu urbain et dans les services et le BTP. Certes aussi, le taux de chômage a reculé de 13,6 à 13,1%. Mais ce repli, bien que signifi- catif, ne doit pas masquer l’ampleur du défi. Plus de 1,6 million de personnes restent sans emploi et les taux demeurent particulièrement élevés chez les jeunes, les femmes et les diplômés. Le fait que le chômage des 15-24 ans dépasse 38% et que celui des diplômés avoisine 19% souligne un décalage persistant entre la structure de la croissance et la qualité des emplois générés. Le phénomène du sous-emploi, en progres- sion, ajoute une couche supplémentaire de complexité. Avec plus de 1,19 million de personnes concernées et un taux national dépassant 11%, il révèle une fragilité du tissu productif à absorber durablement la main- d’œuvre dans des conditions satisfaisantes. Autrement dit, l’économie crée des emplois, mais pas toujours stables, qualifiés et suffi- samment rémunérateurs pour répondre aux aspirations d’une population active de plus en plus instruite. Dans ce contexte, la politique monétaire, à elle seule, ne peut résoudre les déséquilibres du marché du travail. Elle peut accompagner la dynamique et créer un environnement finan- cier favorable, mais elle doit être relayée par des politiques publiques ciblées sur l’inves- tissement productif, la formation, l’adéquation entre compétences et besoins des entre- prises, ainsi que la montée en gamme du tissu économique. Car tant que l’amélioration des agrégats macroéconomiques ne se traduira pas par une baisse plus marquée et plus struc- turelle du chômage, le sentiment d’un échec des politiques publiques continuera de s’im- poser dans le débat économique national. ◆
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Par D. William
a décision de Bank Al-Maghrib de main- tenir son taux directeur à 2,25% s’inscrit dans une lecture prudente mais cohérente de la conjoncture économique, au regard des signaux encourageants et des fragilités persistantes. La Banque centrale constate un environnement international légèrement moins heurté, marqué par un apaisement relatif des tensions commerciales et la fin du blocage budgétaire aux USA, sans pour autant dissiper un climat d’incertitude nourri par les tensions géopolitiques et les inflexions encore impré- visibles de la politique tarifaire américaine. Dans ce contexte mondial encore instable, l’économie marocaine montre des signes de résistance, et même de redressement, portés essentiellement par les activités non agricoles et par une dynamique d’investissement qui commence à produire ses effets. Sur le plan interne, les fondamentaux macro- économiques apparaissent globalement maî- trisés. L’inflation évolue à des niveaux histo- riquement bas, avec une moyenne de 0,8% sur les dix premiers mois de 2025, sous l’effet conjugué de l’amélioration de l’offre de cer- tains produits alimentaires et de la baisse des prix de l’énergie. Les anticipations d’inflation demeurent bien ancrées, autour de 2% à moyen terme, ce qui conforte Bank Al-Maghrib dans son choix de stabilité monétaire. Dans le même temps, la consolidation budgétaire engagée par les pouvoirs publics, telle qu’elle
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025
Maroc-Allemagne
Trois conventions de financement de 450 M€ signés à Rabat
L e ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, et la Directrice générale Afrique du Nord de la KfW, Daniela Beckmann, ont signé mardi à Rabat trois conven- tions de financement totalisant 450 millions d’euros (M€). Ces accords portent sur un programme climat (100 M€), un programme de protection sociale (150 M€) et le dévelop- pement de la plateforme de mobilité et de logistique de la région Casablanca-Settat, portée par l’ONCF (200 M€). Le volet climatique vise à renforcer la résilience du Maroc face au changement climatique et à soutenir la transition vers une économie bas carbone. Le programme de protec-
Vague de froid
tion sociale appuiera notamment les aides sociales directes et la promotion de l’emploi, en particulier en faveur des NEET. Le financement dédié à la mobilité ambitionne de moderniser les infrastructures ferroviaires et les services de transport dans la région Casablanca-Settat. À cette occasion, Lekjaa a salué la solidité du partenariat maroco-allemand, précisant que le cumul des financements atteint près de 7 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 500 M€ d’assistance technique. De son côté, la KfW a réaffirmé son engagement à renforcer son soutien au Maroc, avec plus de 600 M€ mobilisés cette année, au service d’un développement durable et inclusif. ■
La Fondation Mohammed V déploie l’opération «Grand Froid» S uite aux hautes instructions du Roi Mohammed VI, la Fondation Mohammed V pour la Solidarité a enclenché l’opération «Grand Froid», visant à apporter une aide humanitaire d’urgence aux populations touchées par la vague de froid qui sévit actuellement dans plusieurs provinces du Royaume. D’envergure nationale, l’opération mobilise d’importants moyens humains et logistiques, en coordination avec le ministère de l’Inté- rieur, pour répondre aux besoins des popu- lations vulnérables face à la vague de froid. Elle concerne 28 provinces touchées par les basses températures, les pluies et la neige, et bénéficiera à 73.000 ménages. L’aide distri- buée comprend des denrées alimentaires et des couvertures. Les équipes de la Fondation, appuyées par les autorités locales, les FAR et la gendarmerie royale, interviendront notam- ment dans les zones montagneuses et les douars reculés. ■ C rédit du Maroc et la BERD renforcent leur par- tenariat à travers une nouvelle ligne de finan- cement vert de 50 millions d’euros, destinée à soutenir des projets liés à l’efficacité énergétique, aux énergies renouvelables, aux économies d’eau et à la construction durable. Ce dispositif s’inscrit dans le programme GEFF Plus, qui combine financement et accompagnement technique. Les bénéficiaires pourront accéder à des subventions pouvant atteindre 15% du montant investi, ainsi qu’à une assistance technique pour structurer et mettre en
Barrages
Les précipitations améliorent les ressources hydriques L es récentes précipitations ont eu un impact positif sur les ressources hydriques de plusieurs bar- rages à travers le Royaume. Au 15 décembre 2025, les réserves en eau des barrages marocains atteignent 5,281 milliards de m³, portant le taux de remplissage global à 31,5%, contre 28,8% à la même période de l’an dernier, selon le ministère de l’Équipement et de l’Eau. Plusieurs ouvrages ont enregistré des hausses notables. À Errachidia, le barrage Al Hassan Addakhil a gagné 5,25 millions de m³, portant son taux de remplissage à 69,7%, tandis que Kaddoussa affiche
une hausse de 1,95 million de m³. À Tétouan, le barrage Cherif Idrissi atteint 84,6% de remplissage. À Ouarzazate, Mansour Eddahbi s’éta- blit à 39,2%. À Kénitra, El Menaa Sebou atteint 69,7%, alors qu’à Settat, le barrage Daourat culmine à 92,1%. Ces évolutions confirment l’apport bénéfique des dernières pluies sur les réserves en eau du pays. ■
CDM-BERD : 50 millions d'euros mobilisés pour renforcer la finance durable
œuvre leurs projets. Les entreprises engagées dans des projets de plus grande envergure, notamment dans les énergies renouvelables, pourront obtenir des prêts allant jusqu’à 15 millions d’euros par sous-projet. Selon Ali Chorfi, membre du Directoire de Crédit du Maroc, ce programme prolonge les offres GEFF exis- tantes et s’inscrit dans la stratégie de développement responsable de la banque. De son côté, la BERD souligne que ce partenariat favorisera l’investissement privé dans la résilience climatique et les technologies bas carbone. ■
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Point Bourse Hebdo Vers une fin d’année en douceur
Evolution de l'indice Masi depuis début décembre 2024
D Après une année exceptionnelle en termes de performance, le marché boursier semble lever le pied à l’approche de la fin d’exercice. ans notre précédent débrief, on s’était demandé si le cycle haussier sur les actions approchait de sa fin. La question n’a pas trouvé de réponse claire depuis, mais ce qui se dessine semaine après semaine ressemble de plus en plus à un marché qui a levé le pied (volontai- rement ?), comme si l’appétit s’était usé à mesure que 2025 touchait à sa fin. points, dans un volume de 2,24 milliards de dirhams sur le marché central. Une activité correcte, sans excès, dominée par Maroc Telecom (240 MDH), Akdital (234 MDH) et Cash Plus (209 MDH). Rien de spec- taculaire, mais suffisamment pour illustrer un marché qui travaille ses positions plus qu’il ne les recons- truit. Par Y . Seddik
TOP Performances
FLOP Performances
Oulmès Salafin Label Vie
-6,6%
+60,95% +11,99%
Cash Plus BMCI SMI
Il faut rappeler quand même que novembre n’a pas facilité les choses. Le mois a été le plus compliqué de l’année, avec un Masi en baisse de plus de 5%, un repli généralisé sur quasiment tous les indices, et une dynamique de marché qui a nettement ralenti. La performance annuelle reste proche de 25% et une capitalisation qui repasse au-des- sus des 1.000 milliards de dirhams (grâce à la cotation de SGTM), ce qui suffit à expliquer en partie le manque d’envie de remettre du risque en cette fin d’exercice. On peut déjà tirer un bilan partiel : 2025 ne fera peut-être pas mieux que 2016 (+30,46%) en termes de performance brute. Mais l’année aura été autrement plus animée. Plus de volume, plus de rotation,
-5,99%
Les opérateurs ont engrangé, par- fois beaucoup. La performance annuelle reste enviable, même après la série de replis. Et l’on sent que certains, rassasiés, pourraient très bien décider de laisser l’année se terminer sans chercher à forcer la main au marché. Pour les profes- sionnels, le mouvement de correc- tion est désormais derrière nous. Le potentiel de baisse est consi- déré comme consommé, mais cela n’empêche pas quelques à-coups dans un mois où la volatilité se nour- rit souvent d’un marché vidé d’une partie de ses intervenants. Cette deuxième semaine de décembre ne raconte pas autre chose. Le Masi recule encore de 0,53% pour s’établir à 18.566,51
-3,19%
+10,66%
plus d’introductions en Bourse, et un marché qui a retrouvé une pro- fondeur et une vitalité qu’on n’avait plus vues depuis longtemps. De ce point de vue, l’année est loin d’être décevante. Et maintenant ? C’est la question qui plane déjà, plus que celle du dernier mois de cote. Les regards glissent doucement vers 2026, avec les arbitrages qui se préparent, les portefeuilles qu’il faudra rééquilibrer, les paris à reconduire ou à abandon- ner. Pour les stratégistes, le marché reste porteur. L’économie suit sa tra- jectoire, les fondamentaux tiennent, et plusieurs secteurs - les bancaires
notamment - ne sont pas à des niveaux de valorisation prohibi- tifs. D’autres, en revanche, exigent davantage de prudence. On n’entre plus les yeux fermés. Et c’est peut- être là le vrai changement de ton de cette fin d’année. Au final, il faut dire que le marché ne rêvait pas d’une année meil- leure. Les investisseurs non plus. La plupart ont déjà eu plus qu’ils n’espéraient. On verra si les der- nières séances confirmeront cet état d’esprit, ou si un sursaut vien- dra rappeler que ce marché, même fatigué, n’a jamais vraiment perdu sa capacité à surprendre. ◆
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Taux directeur Bank Al-Maghrib confirme sa pause monétaire et précise ses chantiers Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur inchangé lors de son dernier Conseil de l’année. Si la décision était attendue, le wali a profité de la conférence de presse pour clarifier la trajectoire du ciblage d’inflation et revenir sur plusieurs dossiers clés du secteur financier. Par Y. Seddik
Al-Maghrib à laisser le temps à la mécanique monétaire de pro- duire pleinement ses effets.
Un calendrier désormais stabilisé pour le ciblage d’inflation
Comme lors du Conseil de sep- tembre, Abdellatif Jouahri est lon- guement revenu sur la réforme du cadre de la politique monétaire. Sans effet d’annonce, mais avec une constance remarquable, le wali a de nouveau confirmé la trajectoire retenue par Bank Al-Maghrib : 2026 constituera une phase pilote du ciblage d’in- flation, avant une mise en œuvre effective et graduelle à partir de 2027. Ce calendrier n’est pas nouveau. Il avait déjà été évoqué lors du précédent Conseil. Mais le dis- cours de décembre marque une étape supplémentaire : la tra- jectoire est désormais stabilisée, assumée et répétée, sans ambi- guïté. Le ciblage d’inflation n’est plus un simple horizon théorique, mais un cadre vers lequel la Banque centrale se prépare acti- vement. Cette transition reste indisso- ciable de la réforme du régime de change. Le passage progres- sif d’un ancrage au panier Euro/ Dollar vers un ancrage fondé sur la politique monétaire suppose, à terme, que le taux de change joue un rôle moins central dans la décision monétaire. Mais là encore, le wali a insisté sur la pru- dence : pas de rupture brutale, pas de libéralisation précipitée, mais une succession d’ajuste- ments graduels permettant aux marchés et aux opérateurs éco- nomiques de s’adapter. L’autre point technique qui a également été mis en avant par le gouverneur est relatif à la contrainte statistique. Si les textes de 2019 prévoyaient la possibilité d’augmenter la fré- quence des réunions du Conseil dans un régime de ciblage d’in- flation, la disponibilité limitée de données actualisées à un rythme plus rapproché ne le permet pas encore. La priorité est donc don- née au renforcement de la statis- tique nationale, condition indis-
Bank Al-Maghrib a profité de son dernier Conseil de l’année pour préciser la tra- jectoire du ciblage d’inflation et apporter des éclairages sur plusieurs dossiers sensibles du secteur financier.
S
ans grande surprise, le dernier Conseil de Bank Al-Maghrib de l’année a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25%, conformément aux anticipations des marchés. Cette décision prolonge une pause monétaire entamée depuis plusieurs réu- nions, dans un contexte d’infla- tion basse, d’anticipations bien ancrées et de transmission monétaire encore incomplète. Le statu quo n’a toutefois pas écourté les débats. La durée du Conseil et la densité de la conférence de presse du wali en témoignent : au-delà de la déci- sion monétaire stricto sensu, plu- sieurs sujets structurants ont été longuement abordés, allant de la trajectoire future de la politique
monétaire à des dossiers ban- caires sensibles, en passant par le financement des très petites et moyennes entreprises. Les indicateurs macroécono- miques ne plaidaient pas pour un changement de cap. L’inflation continue d’évoluer à des niveaux modérés, ressortant en moyenne à 0,8% sur les dix premiers mois de l’année. Bank Al-Maghrib anti- cipe une remontée graduelle, avec une inflation attendue à 1,3% en 2026, puis 1,9% en 2027, des niveaux compatibles avec l’objectif de stabilité des prix. Du côté de la croissance, la Banque centrale table sur une accélération notable à 5% en 2025, portée par la vigueur des activités non agricoles et par l’in-
vestissement, avant une consoli- dation autour de 4,5% à moyen terme. Le marché du travail montre, pour sa part, des signes d’amélioration, avec 167.000 créations nettes d’emplois au troisième trimestre, même si la Banque reste attentive aux fra- gilités persistantes, notamment dans l’agriculture. Dans ce contexte, le maintien du taux directeur apparaît cohérent. D’autant plus que la transmission de l’assouplissement monétaire reste partielle : depuis le début du cycle de baisse en juin 2024, les taux débiteurs n’ont reculé que de 58 points de base à fin septembre 2025, contre 75 points de base pour le taux directeur. Un décalage qui incite Bank
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de financement. Parallèlement, l’accompagne- ment sera renforcé, avec l’impli- cation des CRI et de Maroc PME, en particulier dans les régions en dehors de l’axe Casablanca- Rabat. Sensibilisation, éducation financière et suivi sur la durée constituent désormais le cœur du dispositif. L’objectif affiché est de doubler les réalisations du programme Intelaka, avec l’appui de Tamwilcom, qui a revu les conditions de garantie. ◆
pensable à une conduite plus fine de la politique monétaire.
Du côté de la croissance, la Banque centrale table sur une accélération notable à 5% en 2025, portée par la vigueur des activités non agricoles et par l’investissement.
BMCI-Holmarcom : neutralité affichée, vigilance régulatoire Interrogé sur les discussions en cours entre BMCI et le groupe Holmarcom, Abdellatif Jouahri a adopté un ton mesuré. «Effectivement, il y a un début de discussions entre les deux parties. Nous sommes au courant bien sûr», a-t-il déclaré, tout en précisant que Bank Al-Maghrib n’intervient à aucun moment dans l’orientation des négocia- tions entre acheteur et vendeur. À ce stade, il s’agit de discus- sions préliminaires, qui peuvent aboutir ou non. Mais si l’opération venait à se concrétiser, le rôle du régulateur deviendrait cen- tral. En vertu de la loi bancaire, tout changement de contrôle donne lieu à l’octroi d’un nou- vel agrément, délivré par Bank Al-Maghrib après un examen approfondi du dossier. Le wali a détaillé le processus: analyse du projet industriel à moyen terme, appréciation de la solidité de l’actionnariat, respect des règles prudentielles, avant présentation du dossier au comi- té des établissements de cré- dit, composé de représentants du ministère des Finances et de Bank Al-Maghrib, qui tranche in fine. Une procédure classique, mais rigoureuse, qui rappelle que la consolidation du secteur ban- caire reste étroitement encadrée. Financement des TPE Autre sujet central de la confé- rence : le financement des très petites et moyennes entreprises. Bank Al-Maghrib suit ce dossier de longue date, rappelant que 30% du refinancement du sec- teur bancaire doivent être orien- tés vers les TPME. Mais l’expé- rience du programme Intelaka a mis en lumière des limites struc- turelles. Sur les 9 milliards de dirhams mobilisés et les 38.000 entre- prises financées, plus de 40% des projets présentés aux banques ont été refusés, faute de viabilité suffisante. Un constat qui a conduit la Banque cen-
trale à revoir son approche. Le diagnostic posé par Jouahri est clair : le problème n’est pas uni- quement l’accès au financement, mais l’absence d’accompagne- ment tout au long du cycle de vie de l’entreprise. C’est dans ce cadre qu’a été lancée la Charte relative au finan-
cement et à l’accompagnement des TPE. Elle introduit plusieurs nouveautés majeures : la mise en place d’un scoring national de la TPME, en cours de finalisa- tion avec Credit Bureau, que les banques seront obligées d’utili- ser. Toute dérogation devra être justifiée, tout comme tout refus
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75%, totalisant 61,6 milliards de dirhams (8,2% de la capitalisation). Par ailleurs, douze sociétés pré- sentent une participation étrangère située entre 25% et 50%, pour un encours de 45,9 milliards de dirhams. À l’inverse, 47 sociétés restent faiblement exposées, avec une détention étrangère inférieure à 10%, cumulant 16,4 milliards de dirhams. Sur le plan structurel, l’investisse- ment étranger demeure largement dominé par les participations stra- tégiques, qui représentent 90,6% de l’encours en 2024, contre 92,2% un an plus tôt. Rapportées à la capitalisation, ces participations pèsent 21,9%, en retrait par rapport à 24,8% en 2023. Ce recul relatif s’explique toutefois davantage par l’élargissement de la capitalisation et l’évolution du flottant que par un désengagement stratégique. En parallèle, les participations minori- taires progressent marginalement, atteignant 2,3% de la capitalisation globale et 8,2% de la capitalisation flottante. Du point de vue sectoriel, cinq segments affichent des taux de détention étrangère supérieurs à 40%. En tête, le secteur de l’élec- tricité reste largement contrôlé par des capitaux étrangers (près de 86%), devant les télécommunica- tions (55,6%), les boissons (55,2%), le pétrole et gaz (47,3%) et l’indus- trie agricole (41,3%). Deux évolutions structurantes méritent enfin d’être soulignées. D’une part, l’émergence du secteur récemment constitué de l’industrie agricole, portée par l’introduction en Bourse de CMGP Group, avec un taux de participation étrangère de 38,7%, complété par une pré- sence minoritaire limitée. D’autre part, la disparition des participa- tions stratégiques étrangères dans le secteur du transport, à la suite de la radiation de Timar. Enfin, sur le segment des parti- cipations minoritaires individuelles inférieures à 4% du capital, le sec- teur des matériels, logiciels et ser- vices informatiques affiche le taux de détention étrangère agrégé le plus élevé (10,8%), devant les dis- tributeurs, les boissons et la santé, confirmant un positionnement ciblé et sélectif des investisseurs étran- gers sur la place casablancaise. ◆
Si les investisseurs étrangers ont regagné en poids à la Bourse de Casablanca, leur influence reste largement portée par quelques valeurs et secteurs clés.
Bourse de Casablanca Des investisseurs étrangers plus présents et plus influents
de la cote (les 77 sociétés cotées comptent au moins un investisseur étranger dans leur capital), reste fortement concentrée. En pratique, trente valeurs affichent une déten- tion étrangère supérieure à 10%, et douze d’entre elles concentrent à elles seules 113,4 milliards de dirhams d’investissements, soit 63% de l’encours total et 15,1% de la capitalisation boursière globale. A L’investissement étranger à la Bourse de Casablanca a nettement regagné du terrain, soutenu par l’effet prix, dans un marché où la présence étrangère est restée globalement stable en proportion. Par Y. Seddik
près le point bas enregistré en 2022, la participation étrangère à la Bourse de Casablanca a retrouvé en 2024 des niveaux élevés de valo- risation, selon les derniers chiffres de l’AMMC. Ainsi, à fin décembre, la valeur des portefeuilles détenus par les investisseurs étrangers s’est établie à 182 milliards de dirhams, en progression de 7,8% sur un an. Cette évolution intervient toutefois dans un contexte de forte appré- ciation du marché actions, le MASI ayant affiché une performance annuelle de +22,16%. Dans ce cadre, la progression de l’encours, sensiblement inférieure à celle de l’indice de référence, traduit une dynamique essentielle- ment portée par l’effet prix, dans un marché où, par ailleurs, la présence étrangère est restée globalement
stable en proportion. De fait, la part des investissements étrangers dans la capitalisation boursière globale s’est établie à 24,1% en 2024, confirmant un positionnement structurel élevé sans signal de ren- forcement généralisé. Sur un horizon plus long, l’évolu- tion de l’encours étranger demeure étroitement corrélée aux cycles boursiers. À ce titre, l’année 2022 avait marqué une correction sévère, avec une contraction de 25,36% de la valeur des portefeuilles, en ligne avec le recul du MASI (-19,75%). Depuis lors, la tendance s’est inver- sée. Le redressement engagé en 2023 s’est ainsi confirmé en 2024, porté par le retour d’un cycle haus- sier sur les actions cotées. Pour autant, la présence étrangère, bien que généralisée à l’ensemble
La présence des étrangers en chiffres
Dans le détail, six sociétés sont détenues à plus de 75% par des investisseurs étrangers, pour un montant cumulé de 51,8 milliards de dirhams, représentant 6,9% de la capitalisation. À cela s’ajoutent six autres valeurs affichant une détention comprise entre 50% et
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SGTM Le marché a parlé avant l’entreprise Avant même que SGTM ne sonne la cloche, le marché avait déjà rendu son verdict. La masse des ordres enregistrés pendant la période de souscription a suffi à installer l’opération dans une catégorie à part, celle des IPO qui débordent leur propre cadre et deviennent un indicateur de marché. Par Y. Seddik
tion de la Bourse de Casablanca. Selon lui, l’opération s’inscrit dans une dynamique désormais récurrente : les introductions récentes montrent une base d’investisseurs plus large et plus active, capable de soutenir des entreprises de taille significative. La diversité des profils mobilisés constitue, à ses yeux, un facteur de solidité pour la place. Pour Idriss Berrada, Directeur général d’Attijari Finances et conseiller de l’opération, la réussite de l’IPO tient d’abord à sa structuration. Le calibrage de l’offre et la segmentation en catégories d’ordres ont per- mis de canaliser une demande exceptionnelle dans un cadre maîtrisé. La compression des taux de satisfaction est présen- tée comme une conséquence mécanique d’un déséquilibre assumé, et non comme un défaut de conception. Du côté de SGTM, Hamza Kabbaj, Directeur général, a sur- tout insisté sur le caractère col- lectif de l’opération en saluant le travail des équipes et des parte- naires ayant accompagné l’intro- duction, ainsi que la confiance exprimée par les souscripteurs. Le dirigeant a rappelé que la cotation engage désormais le groupe dans un cadre de disci- pline et de transparence propres au marché coté, sans s’aventurer sur des annonces stratégiques. Avec une capitalisation boursière de 25,2 milliards de dirhams, 60 millions d’actions et une admis- sion directe au Marché Principal A, SGTM se positionne dès son premier jour parmi les grosses cylindrées de la cote (11 ème capi- talisation boursière du marché). Avec son ticker GTM, le dossier entre sans phase d’apprentis- sage, immédiatement exposé aux exigences de liquidité et de suivi du marché. Au final, l’introduction aura rem- pli son rôle : tester la profondeur du marché, élargir l’actionnariat et installer la valeur. La suite se jouera désormais sur écran, au rythme du titre, de sa liquidité et de la capacité de SGTM à tenir, dans la durée, les exigences d’un statut désormais public. ◆
L
es chiffres communiqués par la Bourse de Casablanca mardi dernier parlent d’eux-mêmes. Un total de 171 milliards de dirhams de demandes pour 5,04 milliards offerts, 34 fois l’offre et 171.377 souscripteurs mobilisés. Sur le plan technique, l’opération a atteint des niveaux de tension rarement observés : 408,8 mil- lions d’actions demandées pour 12 millions attribuées, soit un taux de satisfaction global inférieur à 3%, selon les données détaillées par Ahmed Arharbi, directeur des opérations de marché. La tranche Salariés a été servie intégrale-
ment dans les limites prévues, les autres catégories absorbant l’es- sentiel du déséquilibre. Pour les personnes physiques hors sala- riés, le taux de satisfaction s’est établi à 1,21%, ce qui confirme que la pression s’est concentrée là où la demande était la plus atomisée. À l’issue de l’allocation, 55% des actions attribuées reviennent aux personnes physiques (dont 40% sont primo-investisseurs), contre 40% aux institutionnels. Le flot- tant se constitue ainsi autour d’investisseurs individuels, majo- ritairement âgés de 35 à 60 ans, avec des montants médians qui montrent une épargne structurée plutôt qu’opportuniste. Géographiquement, la région Casablanca-Settat concentre l’essentiel des allocations, sui-
vie de Rabat-Salé-Kénitra et de Fès-Meknès. Toutes les régions sont représentées, mais le cœur du flottant reste clairement (et comme à l’accoutumée) urbain et financier. Un signal de place plus qu’un effet dossier Pour Mohamed Saad, Directeur général par intérim de la Bourse de Casablanca, le volume et la granularité des souscriptions confirment la capacité du marché à absorber des flux exception- nels sans dysfonctionnement. Le nombre de souscripteurs, inédit à ce stade, traduit un retour mas- sif des investisseurs individuels vers le marché primaire. Cette lecture est partagée par Brahim Benjelloun-Touimi, pré- sident du Conseil d’administra-
À l’issue de l’allocation, 55% des actions attribuées reviennent aux personnes physiques (dont 40% sont primo- investisseurs) contre 40% aux institutionnels.
Avec une demande cumulée de 171 milliards de dirhams, l’IPO SGTM s’inscrit parmi les opérations les plus sollicitées jamais réalisées sur la place casablancaise.
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Akdital «Les récents développements au Maroc et à l’international nous permettent de relever nos prévisions»
nues, notamment pour les entités à Nador et Oujda qui ont ouvert en pleine polémique, sans que cela n’entrave le déploiement du groupe, et la clinique d’Inezgane, dont la commission du ministère de la Santé est déjà intervenue. Ce qui est présenté comme un blocage relève, pour nous, d’un sujet normal de vie d’entreprise, qui sera réglé administrative- ment comme d’autres situations opérationnelles auxquelles nous sommes confrontés dans notre quotidien d'entreprises. À terme, le site de Rabat contribuera aux performances du groupe de manière tout à fait normale. Mais son impact financier, rapporté à l'ensemble de notre périmètre, est marginal en 2025. F. N. H. : 2026 marque aussi le démarrage effectif de l’international. Vous êtes en avance d'une année sur le calendrier initial. Qu'est- ce qui vous permet cela ? I. E. H. : Au départ, notre straté- gie internationale reposait essen- tiellement sur du Greenfield (construire le projet de zéro). En avançant dans l’analyse des marchés, nous avons identifié des opportunités de Brownfield, c’est-à-dire des hôpitaux exis- tants, bien positionnés, et déjà opérationnels. Ce choix permet notamment de dépasser les périodes de Ramp up d’activité dans le cas des nouveaux hôpitaux. En reprenant des établissements existants, nous sécurisons immédiatement du chiffre d’affaires, de la renta- bilité et une contribution positive aux résultats du groupe. C'est cette stratégie qui nous permet aujourd'hui de démarrer plus vite dans la région.
Après une année 2025 conforme aux objectifs, le groupe Akdital aborde 2026 avec une visibilité renforcée et des ambitions revues à la hausse suite au bon déroulement du déploiement à l'international. La trajectoire de croissance moyen terme est désormais supérieure de 10-15% par rapport aux prévisions initiales annoncées au marché lors de l'augmentation de capital. Entretien avec Ilyas El Harti, Directeur général délégué du groupe.
Propos recueillis par A. Hlimi
Finances News Hebdo : Pour commencer, com- ment voyez-vous l’atterris- sage 2025 du groupe ? Ilyas El Harti : Il sera pleinement en ligne avec ce qui a été annon- cé au marché. Nous devrions clôturer l’exercice avec un chiffre d’affaires supérieur à 4 milliards de dirhams et des indicateurs de rentabilité, notamment l’EBITDA et le résultat net, en ligne avec ce qui a été promis aux investis- seurs. Nos ratios de performance sont bons. Pourtant, nous remar- quons un décalage entre certains commentaires médiatiques et la réalité opérationnelle, mais l’acti- vité économique et financière du groupe avance normalement. F. N. H. : Un point sur votre déploiement cette année ? I. E. H. : Nous avons déjà ouvert six établissements depuis le début de l’année : Guelmim, deux cliniques à Oujda, une à Nador et deux à Laâyoune. Le site d’Inezgane accueillera ses premiers patients dans les pro-
chains jours et le projet Prime Casa, le premier du genre au Maroc, avec une architecture et des technologies de pointe, ouvrira ses portes aux patients en début d’année 2026. F. N. H. : Justement, qu’est- ce qui distingue Prime Casa des autres cliniques du groupe ? I. E. H. : Prime Casa est conçu comme un pôle médical de très haut niveau. Il intégrera des tech- nologies de dernière génération, notamment en radiothérapie, en radiologie et en chirurgie robo- tique. L’établissement accueillera trois centres d’excellence : cardio- vasculaire, oncologique et mère- enfant. C’est aussi un modèle innovant en matière de parcours patient, avec des services extra-médicaux dif- férenciés et des circuits de prise
en charge premium, sans remettre en cause l’accès aux soins pour l’ensemble des patients. F. N. H. : Qu’en est-il de votre établissement tou- jours fermé à Rabat ? I. E. H. : Pour ce projet, et à la demande des autorités, des tra- vaux complémentaires ont été requis. Ils ont été achevés il y a quelques jours. L’hôpital est aujourd’hui prêt et apportera sa contribution à l’amélioration de l’offre de soins dans la ville de Rabat. Son ouverture interviendra bientôt. Il n’y a aucun lien entre ce projet et les interprétations ou rumeurs qui ont pu circuler sur le marché. Le ministère de tutelle reste pleinement facilitateur de l’installation d’Akdital dans les différentes régions du Royaume. La preuve en est donnée par les autorisations récemment obte-
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structuré autour d’une sous-hol- ding dédiée, avec l’entrée de fonds d’investissement à hauteur de 20 à 30% du capital. Ces par- tenaires auront vocation à sortir à terme, et une introduction en Bourse fait partie des scénarios possibles, sans être la seule voie. L’objectif reste le même : renfor- cer les fonds propres et donner au groupe les moyens de poursuivre son développement international dans de bonnes conditions. ◆
F. N. H. : Cela change-t-il la trajectoire financière du groupe à l’international ? I. E. H. : Très clairement, oui. Ces projets Brownfield, combinés à la bonne montée en puissance des établissements ouverts récem- ment au Maroc, nous permettent aujourd’hui d’affirmer que les guidances annoncées lors de l’augmentation de capital seront dépassées. Nous sommes sur une trajectoire de croissance supérieure de 10 à 15% par rap- port aux prévisions initiales. F. N. H. : L’international restera-t-il uniquement du Brownfield ? I. E. H. : Non. Nous poursui- vons en parallèle des projets Greenfield, notamment à Riyad, Dubaï. Ces établissements, construits From scratch selon les standards Akdital, commen- ceront à contribuer à partir du second semestre 2027. F. N. H. : Un mot sur les centres de diagnostic, qui ont suscité beaucoup de réactions ? I. E. H. : Au Maroc, le projet est mis à l'arrêt pour préserver l’équi- libre avec nos partenaires straté- giques médecins. En revanche, nous avons décidé de renforcer davantage le développement des centres de diagnostic à l’inter- national où lesdits centres sont indissociables du modèle hospita- lier et étaient prévus dans la feuille de route à l’international. Ils per- mettent de fluidifier les parcours de soins et d’optimiser l’exploita- tion des hôpitaux. La contribution financière initialement attendue au Maroc sera ainsi compensée, voire dépassée, par la valeur créée à l’international. F. N. H. : La croissance du groupe est en partie finan- cée par la dette. Quels sont vos garde-fous ? I. E. H. : La discipline finan- cière est au cœur de notre gou- vernance. Nous avons fixé des limites très claires : une dette nette comprise entre 3 et 4 fois l’EBITDA et un gearing plafonné entre 50 et 60%. Ces ratios sont
En reprenant des établissements existants, nous sécurisons immédiatement du chiffre d’affaires, de la rentabilité et une contribution positive aux résultats du groupe.
suivis de près par le Conseil d’administration et les comités internes. Notre objectif est de continuer à croître tout en pré- servant la soutenabilité du bilan. Cette structure financière est soutenable et permet à notre
modèle d'être rentable.
F. N. H. : Dernier point : une IPO de la holding interna- tionale est-elle envisagée ? I. E. H. : C’est une option parmi d’autres. L’international sera
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