FNH N° 1219

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025

prises, notamment les PME. Se pose alors une question : l’Afrique est-elle prête à se penser comme un marché inté- gré avant d’être une addition d’économies nationales ? En tout cas, les discours de Marrakech ont montré une convergence politique rare. Reste désormais à transformer cette volonté en résultats tan- gibles pour les entreprises et les populations. ◆

C’est pourquoi le Maroc mise sur le partage d’expérience et l’ac- compagnement. «Le Royaume, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, restera fidèle à son engage- ment d’accompagner ses frères africains pour développer cet espace économique promet- teur et partager son expérience dans tous les domaines» , rap- pelle Hejira. Cette coopération sud-sud bute cependant sur de nombreux défis, dont notam- ment les coûts de transport élevés, l’insuffisance des infras- tructures, la multiplicité des monnaies et la lente harmoni- sation du cadre réglementaire. Les ministres africains réunis à Marrakech l’ont reconnu sans détour. La ZLECAF avance, mais sur un terrain accidenté. Les chiffres de BCG Le rapport que vient de publier Boston Consulting Group apporte un éclairage chiffré sur le débat. BCG projette une croissance annuelle du com- merce africain de 3,5% d’ici 2033, un rythme supérieur à celui de l’Union européenne (2%). Concernant la recompo- sition des échanges, le com- merce entre l’Afrique et la Chine devrait augmenter de 173 milliards de dollars contre 100 milliards avec l’UE, 63 mil- liards avec l’Inde, 30 milliards avec l’ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud Est) et 12 milliards avec les Etats-Unis. Cette bascule vers l’Asie redes- sine les priorités logistiques et industrielles du continent. Mais le rapport met aussi en garde contre les risques immé- diats. Les hausses tarifaires récentes pourraient générer jusqu’à 5 milliards de dollars de coûts supplémentaires pour les exportations africaines, dont 2,6 milliards pour l’Afrique du Sud. A cela s’ajoute la menace pesant sur 50 à 70 milliards de dollars d’aide internationale, ce qui peut déstabiliser des pays dépendants de ces flux, peser sur l’investissement public et, par ricochet, ralentir les infras- tructures qui conditionnent jus-

L’intégration ne peut réussir si elle accentue les écarts entre pays côtiers et pays enclavés, ou encore entre économies industrialisées et marchés encore fragiles.

tement la réussite de la ZLECAF. Sur le potentiel de la zone elle- même, BCG rappelle la taille du projet : 54 pays autour d’un marché unique estimé à 3.400 milliards de dollars, avec une ambition d’augmenter de 32%

les exportations intra-afri- caines. Mais ces chiffres ne deviendront réalité que si les Etats traduisent l’accord en politiques industrielles, méca- nismes de financement et règles claires pour les entre-

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