ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025
Dakhla «Un futur pôle économique atlantique»
dessinant ainsi un nouveau corridor stratégique atlantique. Ce corridor, aujourd’hui largement inexploité, peut favoriser les échanges universitaires, la recherche appliquée, l’innovation maritime, énergétique et logistique, ainsi que la formation de compé- tences adaptées aux besoins des économies atlantiques. À cela s’ajoutent les énergies renou- velables, l’hydrogène vert, l’écono- mie maritime, la pêche et les indus- tries de transformation halieutique. L’articulation entre infrastructures, production de savoir et innovation permettra à Dakhla de dépasser le simple rôle de plateforme de transit pour devenir un véritable centre de création de valeur et compétitif à l’échelle internationale. F. N. H. : Comment les conven- tions stratégiques et les inves- tissements privés contribue- ront-ils à positionner Dakhla comme un moteur économique pour l’ensemble des provinces du Sud ? Kh. K. : Dakhla se positionne comme un hub technologique, durable et commercial grâce à des conventions stratégiques et des investissements privés majeurs dans le cloud, l’intelli- gence artificielle, les énergies renou- velables et la logistique portuaire. Le Green Data Center «Igoudar Dakhla» et l’Institut «Jazari» incarnent ce lea- dership technologique, formant une main-d’œuvre qualifiée dont les com- pétences se diffusent vers l’ensemble des provinces du Sud, créant une montée en compétences et d’inno- vation régionale. Le Port de Dakhla Atlantique dynamise les échanges commerciaux internationaux, inté- grant la région dans des chaînes de valeur globales et stimulant l’écono- mie locale et voisine. La stratégie énergétique fondée sur les renouvelables garantit autonomie et durabilité, avec un transfert des bonnes pratiques énergétiques vers les territoires voisins. L’attractivité internationale, portée par des inves- tisseurs émiratis et américains, génère un afflux de capitaux et de savoir-faire qui irriguent toute la région. Ainsi, Dakhla ne se limite pas à son développement urbain, mais devient un moteur économique régional, renvoyant un effet boome- rang positif et évolutif vers l’ensemble
Dakhla s’impose progressivement comme l’un des projets territoriaux les plus ambitieux du Royaume. Soutenue par des investissements publics et privés, la ville ambitionne, à l’horizon 2030-2035, de devenir un hub logistique et économique reliant le Maroc à l’Afrique atlantique.Entretien avec Khalid Kabbadj, économiste et expert en investissement et en gestion de patrimoine.
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : Dakhla évolue rapidement grâce aux investissements massifs et au futur plan urbain de la CDG prévu pour 2026. Quels effets concrets ces projets auront-ils sur l’économie locale et les opportunités pour les entre- prises ? Khalid Kabbadj : Dakhla est enga- gée dans une transformation stra- tégique de grande ampleur. Les investissements publics structurants, combinés à l’intérêt croissant d’in- vestisseurs étrangers, positionnent la ville comme un futur pôle écono- mique atlantique. Le plan urbain de la CDG apporte un cadre clair et sécuri- sé, tandis que le futur port de Dakhla, dont la mise en service est prévue pour janvier 2028, constitue un levier décisif. Il ouvrira des opportunités majeures pour les entreprises dans le transport maritime, la logistique inter- nationale, l’industrie portuaire et les activités liées à la pêche et à la trans- formation des produits de la mer. F. N. H. : La ville est encore considérée comme «vierge» sur le plan urbain et écono- mique. Quels sont les princi- paux atouts à valoriser et les erreurs à éviter pour réussir cette transformation ? Kh. K. : Le caractère encore vierge de Dakhla constitue un avantage stratégique exceptionnel, à condi- tion d’être exploité avec méthode et
verse, une planification rigoureuse, fondée sur l’écologie, la transition énergétique et l’équilibre entre déve- loppement économique et environ- nemental, permettra à Dakhla de devenir un modèle de ville nouvelle durable et résiliente. F. N. H. : À l’horizon 2030- 2035, Dakhla veut devenir une plateforme moderne et un hub logistique. Quels secteurs stra- tégiques sont prioritaires pour atteindre cet objectif ? Kh. K. : Le positionnement de Dakhla comme hub logistique doit reposer sur une approche intégrée, à la fois économique, maritime et acadé- mique. Le premier pilier est natu- rellement la logistique portuaire et le transport maritime international, appuyés par le port de Dakhla. Celui- ci permettra de structurer des flux commerciaux entre l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et l’Atlantique du Sud, en particulier vers des zones encore peu connectées. Mais au-delà des infrastructures, un secteur stratégique encore sous- exploité est celui du savoir et de la formation. Dakhla a vocation à devenir un hub académique reliant le Maroc et l’Atlantique du Sud,
vision. L’atout majeur réside dans la pos- sibilité de concevoir une ville nou- velle durable dès l’origine, sans subir les erreurs structurelles des grandes métropoles. Dakhla bénéfi- cie de conditions naturelles uniques, notamment un régime de vent quasi permanent, près de 300 jours par an, qui offre un potentiel considérable pour l’énergie éolienne et pour une urbanisation sobre en carbone. Cet avantage climatique doit être intégré au cœur du projet urbain et économique, à savoir production d’énergie verte, alimentation des zones d’activités et du port, mobi- lité propre et bâtiments à haute per- formance énergétique. La durabilité n’est pas un supplément, elle doit constituer l’ADN de la ville. Il faut également valoriser l’espace, la qua- lité de vie, la proximité avec l’océan et la préservation des écosystèmes marins et désertiques. L’erreur à éviter serait de reproduire des modèles urbains classiques, énergivores et peu adaptés à l’en- vironnement local. Une croissance rapide, non maîtrisée, déconnectée des capacités naturelles et sociales du territoire, compromettrait l’attrac- tivité internationale de Dakhla. À l’in-
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