FNH N° 1219

ECONOMIE

20

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025

(PAM), a rappelé que «l’artisanat marocain est une activité riche et variée, qui comprend pas moins de 172 métiers au savoir-faire ancestral qu’il faut absolument préserver. Il est important de ren- forcer les outils d’apprentissage dans ce domaine et de soutenir la formation des artisans» . La parlementaire a également pointé l’insuffisance des méca- nismes de territorialisation de la production artisanale, aujourd’hui largement concentrée dans les villes à vocation touristique. Elle a évoqué d’autres freins structu- rels, notamment l’amélioration des conditions de travail et de sécuri- té. Dans certaines filières, comme la tannerie, l’utilisation de produits chimiques toxiques demeure une réalité aux conséquences néfastes pour la santé des artisans et pour l’environnement. Autre difficulté majeure : la dépen- dance des artisans vis-à-vis des intermédiaires et de certains réseaux de commercialisation, qui réduisent leurs marges et limitent l’accès direct aux marchés, qu’ils soient locaux ou internationaux. D’où l’importance, selon la dépu- tée, de renforcer la promotion des produits de l’artisanat à travers les foires, les expositions et surtout les plateformes numériques. La stratégie de l’artisanat à l’hori- zon 2030 met ainsi l’accent sur l’accompagnement des profes- sionnels pour dynamiser l’offre, qualifier davantage les artisans, préserver les savoir-faire tradition- nels et moderniser les processus de production et de commercia- lisation. Sur le plan des exportations, les produits de l’artisanat marocain bénéficient déjà d’une reconnais- sance à l’international, avec un chiffre d’affaires annuel avoisinant 1 milliard de dirhams. Toutefois, pour Hanane Atarguine, «l’artisa- nat marocain ne doit pas profi- ter que de la bonne performance du tourisme. Pour améliorer ses chiffres, il est utile d’approcher d’autres marchés étrangers et d’investir le digital pour élargir la base clientèle en ciblant le plus grand nombre d’acheteurs à tra- vers le monde via le paiement par Internet». ◆

 Pour élargir la clientèle des produits d’artisanat marocain au-delà du marché local, des plate- formes numériques sont préconisées.

Artisanat Un secteur en quête de structuration et de modernisation P Malgré l’adoption d’un cadre juridique rénové et l’ambition affichée par les pouvoirs publics, le secteur de l’artisanat continue de composer avec de nombreuses fragilités. L’amélioration des conditions de production, de commercialisation et de structuration reste un passage obligé pour libérer tout son potentiel. Par C. Jaidani

ilier économique et social de pre- mier plan, l’artisanat marocain emploie près de 2,4 millions de personnes, soit plus de 22% de la population active nationale, ce qui en fait la deuxième communau- té socioprofessionnelle du pays après les agriculteurs. Les arti- sans à fort contenu culturel (FCC) représentent à eux seuls quelque 420.000 personnes. Au-delà de son rôle social dans la création d’emplois, le secteur constitue également un levier d’investisse- ment et d’exportation non négli- geable, avec une contribution esti- mée à 7% du PIB national. Conscient de ces enjeux, l’exé- cutif a inscrit l’artisanat dans une

Vision stratégique à l’horizon 2030, matérialisée par la signature d’un contrat-programme avec les représentants du secteur. Cette feuille de route fixe des objec- tifs précis assortis d’un échéan- cier. Dans ce cadre, un nouveau dispositif juridique a été instauré avec l’adoption de la loi 50-17, qui encadre notamment la défi- nition du métier d’artisan ainsi que le statut des associations et des coopératives. Le texte prévoit également la mise en place d’un Registre national de l’artisanat et la création d’un Conseil national chargé de superviser l’activité et d’assurer l’interface avec les pou- voirs publics.

Pour piloter cette dynamique, Lahcen Saâdi a été nommé secrétaire d’État chargé de l’Arti- sanat. Intervenant récemment au Parlement lors des questions orales, il a souligné que «le sec- teur présente des perspectives de développement très importantes, mais il est confronté à plusieurs entraves». Il a notamment insisté sur la prédominance de l’informel, appelant à une mise à niveau du secteur afin de l’inscrire dans une organisation structurée, à même de répondre aux ambitions fixées. De son côté, Hanane Atarguine, députée à la Chambre des repré- sentants sous l’étiquette du Parti de l’authenticité et de la modernité

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker