ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025
Immobilier «Le secteur est marqué par un climat d’attentisme persistant»
propriétaires de terrains à les vendre et ne pas spéculer en attendant des plus-values. Une telle situation risque d’augmenter l’offre dans ce domaine, et de réduire sensiblement le coût de pro- duction dans l’immobilier, car le foncier représente une part importante pouvant aller jusqu’à 60% du coût d’un projet. F. N. H. : Comment se présente le locatif ? M. L. : Le locatif subit les aléas des propriétaires qui refusent de louer leurs biens immobiliers, car ils estiment ne pas être assez protégés juridiquement en cas de refus ou de retard de paiement. La procédure dans ce genre de situation est capricieuse, car lente et coûteuse. Cela engendre un nombre de logements inha- bités en progression. Plusieurs proprié- taires préfèrent garder leur bien vacant, au détriment d’un manque à gagner de revenu, que de subir un litige avec le locataire. Pour pallier cette situation, les loueurs exigent des garanties avant de conclure un contrat de bail. Du coup, les offres à la location deviennent limitées et les prix des loyers augmentent. F. N. H. : A ce niveau, que propo- sez-vous comme alternative ? M. L. : La loi 80-14 relative au secteur locatif doit être amendée. Il faut donner plus de garanties aux propriétaires et simplifier la procédure en cas de litige. A ce sujet, il faut penser à de nouveaux dis- positifs plus viables pour dynamiser ce segment. Même si les citoyens préfèrent l’achat d’appartement, le locatif est plus recherché dans les villes qui connaissent un essor urbanistique, économique et démographique important. La réforme de la loi 80-14 devrait donner une nou- velle impulsion tant au locatif qu’à tout le secteur immobilier. Les promoteurs prendront le risque d’investir dans ce créneau, et de ce fait l’offre de loge- ments va augmenter. Le marché devrait retrouver de nouveaux repères.
Malgré l’existence de l’offre et de la demande, la concrétisation des transactions ne suit pas. La réforme de la loi sur le locatif va donner une nouvelle impulsion non seulement au segment, mais aussi à l’ensemble du secteur immobilier. Entretien avec Mohamed Lahlou, président de l’Union des agents immobiliers de la région Casablanca-Settat.
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo : Comment se présente le secteur immobilier en cette année 2025 ? Mohamed Lahlou : Le secteur est dans une situation paradoxale. Car même en présence d’une demande en forte crois- sance et une offre conséquente, les transactions ne suivent pas. Un climat d’attentisme persiste tant du côté des acquéreurs que des vendeurs. Par le passé, nous avions vécu ce genre de scénario, mais pas de cette ampleur. F. N. H. : Ce marasme touche-t-il tous les segments du secteur ? M. L. : La morosité impacte toutes les catégories de l’immobilier. Les fac- teurs déterminants sont similaires à tous les segments. Vendeurs ou acheteurs attendent des jours meilleurs pour réali- ser de bonnes affaires. L’euphorie qui a impulsé l’activité, sous l’effet des infras- tructures en prévision de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030, a fini par s’essouffler et la situation revient petit à petit à la normale. On remarque que plusieurs offres proposées sur le marché sont déconnectées de la réalité. Cela implique un déphasage entre acheteurs et vendeurs. F. N. H. : Quelles sont vos prévi- sions pour le reste de l’année 2025 et 2026 ? M. L. : Certains professionnels redoutent
une tendance à la baisse, même si tou- tefois tous les indices laissent présa- ger des perspectives prometteuses. Les dernières pluies généralisées et consé- quentes devraient conforter la crois- sance et stimuler la demande. Plusieurs secteurs phares affichent une dyna- mique favorable. Je cite précisément le tourisme, l’automobile, l’agroalimentaire. D’autres indicateurs sont également au beau fixe. Il s’agit des transferts des MRE et des IDE. On prévoit que 2026 sera meilleure que 2025. F. N. H. : Comment le levier fiscal peut-il être déployé pour donner un certain équilibre au marché ? M. L. : Le levier fiscal a des effets limi- tés. L’exemple type est celui de la taxe sur les terrains non bâtis (TNB) qui n’a pas donné les effets escomptés, à savoir pallier la rareté du foncier en incitant les
La TNB n’a pas donné les effets escomptés, notam- ment pour pallier la rareté du foncier.
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