FNH N° 1219

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025

climatique qui, en augmentant la température, accroît considéra- blement la vapeur dans l’atmos- phère, rendant le retour de la pluie très violent. Rappelons d’ailleurs que des conditions globales comme la Niña et l’oscillation nord-atlan- tique négative pourraient pro- longer un retour important de la pluie et de la neige durant les saisons d’hiver et de printemps, appelant à une vigilance glo- bale. Bien qu’un bulletin d’alerte orange ait été publié par la Direction générale de la météo- rologie, les experts soulignent que l’alerte est nécessaire mais pas suffisante, car la préparation doit se faire en amont, notam- ment en développant des abris et des refuges pour sauver des vies. Ce qui s'est produit à Safi est comparable aux événements de Valence en Espagne, non seule- ment sur le plan météorologique, mais surtout à cause de l'infras- tructure défaillante, celle-ci ayant été conçue pour un cycle de l'eau qui n'existe plus en raison de l'évolution des températures. La quantité de pluie tombée à Safi (80 millimètres en 48 heures) est importante, mais d'autres régions ont connu des épisodes plus intenses. Le problème réside dans l'incapacité de l'in- frastructure à absorber l'eau qui arrive instantanément et avec une intensité très élevée. Le professeur Abderrahim Ksiri, président de l’Association des enseignants de sciences de la vie de la Terre (AESVT), insiste sur le fait que le caractère destructeur de ces inondations résulte d'un urbanisme rapide et non maî- trisé, combiné au sous-dimen- sionnement et au vieillissement des réseaux d'assainissement pluvial. «La ville souffre d'une forte ‘’bétonisation’’ ou artificia- lisation des sols qui limite dras- tiquement l'infiltration de l'eau. De plus, les Oueds, comme celui de Chaâba qui traverse la vieille ville de Safi, ont été urbanisés au lieu d'être aménagés en espaces verts» . En effet, la Médina de Safi, déjà caractérisée par la fragilité de son tissu et la présence d'ha-

 Les inondations sont récurrentes au Maroc, représentant plus de 62% des catastrophes naturelles.

Inondations à Safi Après le drame, les interrogations La ville de Safi a été plongée dans un désarroi en raison de fortes intempéries ayant coûté plusieurs vies humaines. Pourquoi ces pluies ont-elles eu un tel impact ? Les infrastructures urbaines sont-elles adaptées à des épisodes climatiques de plus en plus extrêmes ? Décryptage. Par Désy. M.

A

lors qu’on parle de rareté de l’eau et de stress hydrique deve- nu structurel dans le Royaume, dans l’une de ses provinces, à Safi précisément, plus d’une trentaine de personnes décèdent des causes d’un trop plein d’eau. En lieu et place de garantir une sécurité hydrique, ne fusse que pour une réutilisation à but agri- cole ou d’assainissement, ces pluies d’une intensité violente, soudaines et dévastatrices ont plongé la ville de Safi dans une insécurité, causant des dégâts humains et matériels considé- rables. Une situation qui inter- roge sur les capacités du pays à se prémunir des dégâts d’inon- dations ou à faire face à des chocs climatiques de plus en plus fréquentes. Il est évident que les effets du

changement climatique frappent le Maroc de plein fouet, et ce dans les extrêmes. D’un côté, ils sont la cause d’une séche- resse de plus en plus aigue et, de l’autre, ils occasionnent des crues dévastatrices. Selon les experts, ces averses sont le résul- tat d’une «goutte froide» , soit une masse d’air froid ayant pu

se détacher et s’introduire dans l’air chaud in situ au-dessus du Maroc. L’atmosphère marocaine, saturée de vapeur d’eau due à la température élevée, a généré un déluge d’une grande énergie. Ce phénomène, bien que survenant durant la saison transitoire de l’automne, est aujourd’hui ampli- fié par l’effet du réchauffement

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