BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025
Taux directeur Bank Al-Maghrib confirme sa pause monétaire et précise ses chantiers Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur inchangé lors de son dernier Conseil de l’année. Si la décision était attendue, le wali a profité de la conférence de presse pour clarifier la trajectoire du ciblage d’inflation et revenir sur plusieurs dossiers clés du secteur financier. Par Y. Seddik
Al-Maghrib à laisser le temps à la mécanique monétaire de pro- duire pleinement ses effets.
Un calendrier désormais stabilisé pour le ciblage d’inflation
Comme lors du Conseil de sep- tembre, Abdellatif Jouahri est lon- guement revenu sur la réforme du cadre de la politique monétaire. Sans effet d’annonce, mais avec une constance remarquable, le wali a de nouveau confirmé la trajectoire retenue par Bank Al-Maghrib : 2026 constituera une phase pilote du ciblage d’in- flation, avant une mise en œuvre effective et graduelle à partir de 2027. Ce calendrier n’est pas nouveau. Il avait déjà été évoqué lors du précédent Conseil. Mais le dis- cours de décembre marque une étape supplémentaire : la tra- jectoire est désormais stabilisée, assumée et répétée, sans ambi- guïté. Le ciblage d’inflation n’est plus un simple horizon théorique, mais un cadre vers lequel la Banque centrale se prépare acti- vement. Cette transition reste indisso- ciable de la réforme du régime de change. Le passage progres- sif d’un ancrage au panier Euro/ Dollar vers un ancrage fondé sur la politique monétaire suppose, à terme, que le taux de change joue un rôle moins central dans la décision monétaire. Mais là encore, le wali a insisté sur la pru- dence : pas de rupture brutale, pas de libéralisation précipitée, mais une succession d’ajuste- ments graduels permettant aux marchés et aux opérateurs éco- nomiques de s’adapter. L’autre point technique qui a également été mis en avant par le gouverneur est relatif à la contrainte statistique. Si les textes de 2019 prévoyaient la possibilité d’augmenter la fré- quence des réunions du Conseil dans un régime de ciblage d’in- flation, la disponibilité limitée de données actualisées à un rythme plus rapproché ne le permet pas encore. La priorité est donc don- née au renforcement de la statis- tique nationale, condition indis-
Bank Al-Maghrib a profité de son dernier Conseil de l’année pour préciser la tra- jectoire du ciblage d’inflation et apporter des éclairages sur plusieurs dossiers sensibles du secteur financier.
S
ans grande surprise, le dernier Conseil de Bank Al-Maghrib de l’année a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25%, conformément aux anticipations des marchés. Cette décision prolonge une pause monétaire entamée depuis plusieurs réu- nions, dans un contexte d’infla- tion basse, d’anticipations bien ancrées et de transmission monétaire encore incomplète. Le statu quo n’a toutefois pas écourté les débats. La durée du Conseil et la densité de la conférence de presse du wali en témoignent : au-delà de la déci- sion monétaire stricto sensu, plu- sieurs sujets structurants ont été longuement abordés, allant de la trajectoire future de la politique
monétaire à des dossiers ban- caires sensibles, en passant par le financement des très petites et moyennes entreprises. Les indicateurs macroécono- miques ne plaidaient pas pour un changement de cap. L’inflation continue d’évoluer à des niveaux modérés, ressortant en moyenne à 0,8% sur les dix premiers mois de l’année. Bank Al-Maghrib anti- cipe une remontée graduelle, avec une inflation attendue à 1,3% en 2026, puis 1,9% en 2027, des niveaux compatibles avec l’objectif de stabilité des prix. Du côté de la croissance, la Banque centrale table sur une accélération notable à 5% en 2025, portée par la vigueur des activités non agricoles et par l’in-
vestissement, avant une consoli- dation autour de 4,5% à moyen terme. Le marché du travail montre, pour sa part, des signes d’amélioration, avec 167.000 créations nettes d’emplois au troisième trimestre, même si la Banque reste attentive aux fra- gilités persistantes, notamment dans l’agriculture. Dans ce contexte, le maintien du taux directeur apparaît cohérent. D’autant plus que la transmission de l’assouplissement monétaire reste partielle : depuis le début du cycle de baisse en juin 2024, les taux débiteurs n’ont reculé que de 58 points de base à fin septembre 2025, contre 75 points de base pour le taux directeur. Un décalage qui incite Bank
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