FNH N° 1129

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 16 NOVEMBRE 2023

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ché du travail, sauf que ces démarches restent insuffi- santes et ne parviennent pas à réduire le taux de chômage. Selon vous, où est-ce que le bât blesse ? Y. G. L. : Les initiatives portées par le gouvernement en matière de pro- motion du marché de travail sont en deçà des attentes, et n’ont pas une forte portée politique. Globalement, on est sur un sentiment de méfiance

politique vis-à-vis des mesures prises par le gou- vernement dans le secteur de l’emploi, et les indica- teurs chiffrés actuels du HCP le prouvent. En effet, malgré la mobi- lisation de quelques

Sans vision ni plan d’em- ploi, le pouvoir exécutif ne pourrait faire baisser significativement le taux de chômage.

milliards de dirhams dans les pro- grammes «Awrach» visant à employer 250.000 personnes sur deux ans, le poids du secteur informel au Maroc est très important. Il représente envi- ron 30% du produit intérieur brut et emploie une large population de jeunes et de personnes âgées en situation de précarité. Sans oublier que nous disposons chaque année de 400.000 nouveaux demandeurs d’emplois issus des grandes écoles et universités publiques et privées. F.N.H. : A votre avis, quelles sont les solutions à mettre en avant pour réduire le taux le chômage ? Y. G. L. : La réduction du taux de chômage doit passer par la créa- tion des postes d’emploi hors crois- sance, et cibler surtout les investisse- ments productifs créateurs de valeur ajoutée, en l’occurrence des postes d’emploi durables. Par ailleurs, il est question de promouvoir l’entrepre- neuriat auprès des jeunes parce qu’il génère de l’auto-emploi. Il faut se pencher sur les problématiques du «salariat» et de «l’entrepreneuriat» pour le traitement complet du phéno- mène du chômage du Maroc. Les PPP sont une solution efficace, mais il incombe à la partie publique de bien négocier à l’avance le contrat d’insertion social, qui doit toucher toutes les catégories de la popula- tion active (ouvriers, agents de maî- trise, cadres, cadres supérieurs…), en s’inscrivant dans la durabilité et l’évolution du travail. ◆

«Awrach 2», qui insèrent temporaire- ment ou staffent plus vers le bas et ne concernent que la classe ouvrière, négligeant les lauréats et diplômés d’écoles supérieures et universités publiques ou privées. Tant qu’on n’aura pas cette audace politique qui mettra le Maroc en position de force et de négociation auprès des investisseurs marocains ou étrangers, on ne pourra créer assez de postes d’emploi pour nos jeunes. L’ouverture des succursales et nouvelles usines au Maroc doit être accompagnée d’un contrat social d’insertion des jeunes pour absorber le maximum de gens en quête d’un travail. En outre, il faut simplifier les procédures de financement et d’octroi des crédits d’investissement et prêts d’honneur adressés aux porteurs de projets. F.N.H. : Encourager l’entre- preneuriat peut être l’une des solutions pour combattre le chômage. Qu’en dites-vous ? Y. G. L. : La promotion de l’entrepre- neuriat social et les porteurs de pro- jets et startuppers constitue une idée propice de l’auto-emploi, mais elle n’est malheureusement pas exploi- tée au Maroc. Les programmes de financement lancés restent limités et

les entités chargées du financement n’acceptent pas de prendre le risque avec les entrepreneurs. En revanche, la garantie et l’antécédent financier et bancaire du demandeur sont des fac- teurs très déterminants dans l’octroi du financement. A titre d’exemple, le programme «Forsa» est une grande déception. Pis, il a créé des problèmes auprès de certains jeunes qui se sont engagés financièrement dans ce processus de financement et à qui on a dit récem- ment qu’on a atteint l’objectif de finan- cement, sans oublier le nombre de rejets de dossiers en fin de processus de formation et d’incubation. En outre, il n’y a pas de véritable accompagnement pour l’accès aux commandes et marchés publics, semi- publics et privés. Les entrepreneurs sont livrés à eux-mêmes et souffrent pour le développement du carnet de commandes et portefeuilles clients. Les porteurs de projets, TPE et PE, n’arrivent pas à s’intégrer dans les chaines de valeur, parce qu’on favo- rise essentiellement les grandes et moyennes entreprises nationales et internationales. F.N.H. : Le gouvernement maro- cain a pris plusieurs initia- tives pour promouvoir le mar-

Pour chaque point de crois- sance, on ne crée qu’envi- ron 25.000 postes d’em- ploi, ce qui demeure insuf- fisant pour le lancement d’une nouvelle dynamique de promotion de l’emploi public.

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