FNH N° 1129

F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 16 NOVEMBRE 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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Ressources humaines

La sécheresse accentue l’exode rural et réduit le nombre de travailleurs agricoles

◆ Ils se dirigent vers des activités moins fluctuantes, qui assurent un revenu assez stable. ◆ Pour les filières de pointe, il est difficile de trouver des profils qualifiés.

vailleurs a été compensé par le développement de la mécani- sation. Ce qui n’est pas le cas pour le Maroc où l’utilisation des machines n’est pas généra- lisée, mais plus concentrée dans les exploitations modernes. De nombreuses fermes ont une superficie de moins de 3 hec-

ses membres à la quitter à la recherche d’opportunités dans des villes plus attractives ou à immigrer à l’étranger» . Outre les petites et moyennes exploitations, les grandes fermes modernes sont, elles aussi, impactées par l’indispo- nibilité de la main-d’œuvre. «Lors de la préparation de la campagne ou des moissons, certaines filières ont besoin de travailleurs en grande quantité, à l’image de la filière fruits et légumes. Les exploitants sont contraints de ramener des tra- vailleurs d’autres régions, exi- geant des salaires plus élevés», explique Benamer. En plus du nombre insuffisant des travailleurs, leur profil pose également de nombreuses contraintes pour les exploi- tants. Différents investisseurs rencontrent des difficultés pour mener à bien leurs projets à cause de leur incapacité à main- tenir une main-d’œuvre quali- fiée. «Les profils spécialisés sont très demandés par une partie des exploitations modernes, tour- nées vers l’export. C’est le cas par exemple des contrôleurs de qualité ou des techniciens uti- lisant les nouveaux process de production, comme le digital ou les drones. Pour les séduire, il faut leur proposer un bon salaire et d’autres intéresse- ments, notamment le logement de fonction, des primes de ren- dement et un plan de carrière» , conclut Benamer. ◆

tares. Elles fonctionnent totalement ou partiellement grâce au travail non rému- néré des membres de la famille. Occasionnellement, elles font appel à des

Les éleveurs ren- contrent beaucoup de difficultés à embau- cher des bergers.

employés saisonniers lors de certaines périodes de l’année où il y a une forte charge de travail comme les récoltes» , indique Mohamed Benamer, professeur universitaire spécialisé en éco- nomie rurale. Et de poursuivre que «les revenus tirés de l’agricul- ture deviennent insuffisants pour assurer les besoins de la famille, poussant plusieurs de

comme l’artisanat, le com- merce, le bâtiment ou d’autres activités informelles. Du coup, les fermiers trouvent de plus en plus de difficultés à recruter les ouvriers agricoles nécessaires. «Historiquement, tous les pays développés ont connu ce phé- nomène. Le manque à gagner au niveau du nombre des tra-

L’ agriculture natio- nale a fait des pas de géant. Au cours de la der- nière décennie, le secteur a amélioré significative- ment ses indicateurs. Cela est visible au niveau des investis- sements, la production, l’emploi et l’export qui n’ont cessé de progresser au fil des ans. Mais la sécheresse qui a sévi ces der- nières années a porté un sérieux coup à l’activité. Elle a accentué l’exode rural qui, selon le haut- commissariat au Plan (HCP), s’élève à 152.000 personnes par an. Cette population est pour la plupart composée de jeunes qui travaillaient dans l’agriculture. De nombreuses personnes ont quitté les campagnes vers les villes à la recherche de sources de revenus plus intéressantes et régulières dans des branches Par C. Jaidani

Les reve- nus issus de l’agriculture deviennent insuffisants pour assurer les besoins de la famille, poussant plu- sieurs de ses membres à la quitter.

Le coût de la main-d’œuvre figure parmi les éléments déter- minants de la compétitivité de l’agriculture nationale. S’il s’inscrit en hausse, il risque d’alourdir le coût final et péna- liser les consommateurs et les exportateurs, qui ne pourront pas faire face adéquatement à la concurrence étrangère, sur- tout des autres pays méditerranéens. L’alignement du salaire minimum agricole garanti (Smag) sur le Smig à l’horizon 2028 est une mesure redoutée par les exploitants agricoles, qui estiment que le secteur reste fragile et les initiatives imposées ne peuvent pas être respectées. La rémunération devrait être en fonction des saisons et des régions. Car le spectre de la sécheresse demeure omniprésent. Alignement du Smag sur le Smig

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