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BOURSE & FINANCES

JEUDI 10 SEPTEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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n’accepte pas le Kenyan Shilling, et donc à chaque fois la transaction prend beaucoup de temps. C’est une situation lente et coûteuse, car le système bancaire africain est déséquilibré et très fragile. Selon la Banque mondiale, une telle transaction coûte en moyenne 12% et peut aller jusqu’à 19% de la valeur de la tran- saction, ce qui est énorme. Aujourd’hui, nous proposons à l’Afrique une solution définitive à ce genre de problèmes. Une transaction qui pourrait être effectuée dans 20 jours, nous pouvons la faire le jour même ou le lendemain en cas de retard. Une fois que nous recevons l’argent, l’échange se fait automatiquement à travers nos comptes bancaires dans le monde entier. Cela permet non seulement de gagner du temps, mais aussi de l’argent. Nous sommes une équipe de traders qui vendent les devises aux marchés avec une petite marge, ce qui garantit la transparence des transactions et un prix réduit, notamment au vu des taux et prix très élevés des devises trafiquées. Nous vendons les changes avec la valeur du mar- ché et tout se fait en ligne. F.N.H. : Comment le courtage de proxi- mité se porte-t-il en pleine crise de coronavirus ? M. H. : Contrairement au courtage bancaire traditionnel, notre business se porte très bien pendant la période de la Covid-19, et nous avons même fait nos meilleurs mois. Les personnes ne pouvaient pas se déplacer à la banque, alors si elles veulent faire un transfert bancaire, elles doivent le faire en se déplaçant à la banque, au bureau de change ou au fournisseur. La structure numérique des banques est toujours en retard. Notre plateforme digitale a permis d’assurer la sécurité de nos clients, tout en faisant leurs transactions en ligne et dans le confort de leur domicile. Si nous parlons de courtage de proximité ou celui traditionnel, même si notre activité n’est pas vraiment le courtage, je peux dire qu’il ne se porte pas bien vis-à-vis de la forme actuelle qui ne répond pas aux enjeux de l’évolution sociétale et les changements économiques ou même les attentes des clients. La deuxième chose est que lorsque la crise de Covid-19 est venue, les pays africains, surtout les entreprises pharmaceutiques, les entre- prises médicales, qui importent les produits sanitaires, devaient faire des commandes. Ensuite, ils devaient le confirmer avec des paiements urgents et, malheureusement, leur système bancaire ne pouvait pas, soit parce

Le Mobile Banking connaît un grand succès en Afrique.

qu’il y a un manque de liquidité, soit ils devaient attendre leur tour, soit les process sont très longs et leur prend beaucoup de temps. Chez nous, ils entrent dans la plateforme et passent la commande directement. Au moment où l’argent arrive chez nous, nous déclenchons immédiatement le paiement pour les fournisseurs. Nous avons également priorisé les entreprises qui ont des besoins sanitaires ou médicaux pour cette période de pandémie. F.N.H. : Que peut apporter ce type d’activité au Maroc ? M. H. : Les banques marocaines sont très bien équipées. Le système est très bien en ce qui concerne le paiement vers l’Europe, les États-Unis et l’Asie, mais quand nous parlons d’infrastructure, notre pays subit la même chose que toute l’Afrique. Les banques doivent d’abord convertir en dollar puis en rand si elles veulent envoyer de l’argent en Afrique, alors qu’avec cette solu- tion, ils peuvent payer directement en dirhams sans avoir à passer par toutes ces étapes de transfert. Ce que nous visons réellement au Maroc, ce sont les partenariats avec les banques. Ce sont des banques que servent les clients, mais elles ont besoin de liquidités, de change et d’autres devises. Le Maroc a fait de gros efforts pour encoura- ger le trading avec l’Afrique, surtout l’Afrique subsaharienne et l’Afrique de l’Ouest. Ce que nous pouvons proposer, c’est réduire le temps et le coût. L’entreprise nous paie en

Une transaction qui pourrait être effectuée dans 20 jours, nous pouvons la faire le jour même ou le lendemain en cas de retard.

dirhams et nous payons ses fournisseurs à l’étranger sans passer par toutes les étapes du transfert. C’est une façon rapide qui sim- plifie la tâche avec les banques africaines qui ont un système long et coûteux. F.N.H. : Quel est aujourd’hui le rôle du digital dans votre activité ? M. H. : Le digital a transformé notre business et tous nos modes de vie. En Europe, les gens visitent moins souvent l’agence bancaire, tout se fait sur les pla- teformes bancaires. Et il en va de même pour notre plateforme, tout se passe dans le monde digital aujourd’hui. Même en Afrique, tout se fait via le Mobile Money, les gens n’ont pas de compte ban- caire, mais ils ont un compte Orange ou RTL où ils ont leur argent. Et toutes les transactions en Afrique se font à travers le Mobile Banking, même chez le plus petit commerçant. Le digital est en train d’envahir et transformer notre monde. D’ici pas longtemps, le courtage de proximité et l’activité bancaire tradition- nelle ne pourront pas survivre. ◆

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