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ECONOMIE

JEUDI 10 SEPTEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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2- Stopper les «compteurs» des charges qui frappent les PME ébranlées par la crise La viabilité à court et moyen termes de nos entre- prises, notamment PME et TPE, nécessite aussi un effort de solidarité de la part de tous. Il y va du sort de millions d’emplois, de la consommation et de l’épargne qui en découlent et de la préservation des équilibres socioéconomiques dont notre pays jouit jusqu’à présent. Les «compteurs de charges fixes» telles que certains impôts, la taxe de for- mation professionnelle, les agios bancaires, les primes d’assurance, les loyers professionnels… peuvent être mis en «mode pause» pour les pro- chains mois, s’agissant des entreprises clairement affectées par la crise. A titre d’exemple, je citerai les plus touchées telles que la filière tourisme, artisanat et services rattachés; la filière habitat et les industries qui en dépendent; l’habillement et d’autres industries directement ou indirectement exportatrices. 3- Stimuler la demande intérieure et cher- cher des marchés extérieurs Il est primordial aujourd’hui d’envisager la dépense publique (Etat, EEP et collectivités territoriales) essentiellement sous le prisme de l’emploi et de la création de valeur ajoutée nationale et régionale. Dans ce cadre, la préférence nationale et le «Made in Morocco» doivent être érigés en valeur fonda- mentale, qu’il importe de promouvoir, au plus vite, auprès des utilisateurs et consommateurs maro- cains, publics et privés. Le lancement d’une nouvelle génération de projets structurants et intégrés, aux niveaux régional et communal, tels que la généralisation des équipe- ments en énergie solaire, la digitalisation des ser- vices publics, la connexion au haut débit Internet, la réalisation des stratégies d’eau et d’énergie lancés par Sa Majesté, le décloisonnement rou- tier des zones rurales, l’équipement en produits marocains des différentes communes en matériel éducatif et sanitaire, etc. Ces projets permettraient d’améliorer la qualité de vie de nos concitoyennes et concitoyens, tout en agissant sur la demande intérieure et, par voie de conséquence, sur la production et l’emploi. La reprise et l’accéléra- tion du programme «Intilaka» destiné aux jeunes promoteurs et start-up s’inscrit dans le même sens. Enfin, il est important d’anticiper les actions de relocalisation ou de redéploiement industriel programmées par les donneurs d’ordre et inves- tisseurs internationaux. Il s’agit d’abord de retenir et fidéliser ceux qui sont déjà chez nous pour les empêcher de regarder ailleurs. De même, nous devons déployer une diplomatie économique de proximité et plus agressive, pour démontrer nos atouts, notre utilité et notre compétitivité à ceux qui sont ailleurs et qui envisagent de changer. La crise est aussi porteuse de grandes opportuni- tés à ceux qui veulent bien les saisir. ◆

• 45 milliards de DH consacrés à l'investisse- ment stratégique, avec un apport de l’Etat de 15 milliards et un effet multiplicateur escompté de trois. Les 30 milliards de DH devant compléter ce budget seraient mobilisés dans le cadre de partenariats avec des institutions financières et le secteur privé aux niveaux national et interna- tional. Les 120 milliards de DH pourraient fortement contribuer à faire décoller la machine écono- mique, comme vous le dites, s’ils sont mobilisés et déployés dans les temps et que les projets d’investissement ciblés sont directement créa- teurs de valeur et générateurs d’emplois pro- ductifs. Les projets d’infrastructures classiques, même ceux initialement programmés, doivent être financés par les mécanismes budgétaires habituels. De même, les concours apportés aux grandes entreprises doivent aller, en priorité, au paiement des fournisseurs, notamment PME et TPE pour permettre aux différents pans de l’éco- nomie de prendre part à ce décollage. F.N.H. : Pensez-vous, dans ce cadre, que l’Etat a injecté suffisamment de fonds dans l’économie pour soutenir les entre- prises et permettre la relance écono- mique ? A. M. : L’Etat, à lui seul, ne peut pas tout faire. Les autres parties prenantes (banques et chefs d’entreprises) doivent aussi s’y mettre. Cette crise a révélé, de manière plus visible, les pro- blèmes financiers structurels de nos entreprises: sous-capitalisation et lourdeur du BFR sous le poids de créances commerciales hors normes (délais dépassant souvent les 180 jours). La crise a également aggravé ces déséquilibres et vulnérabilités, notamment pour les PME et les TPE. Il appartient certes à l’Etat de préparer des solutions et de leader leur mise en œuvre. Mais l’entreprise est aussi source de revenus pour les banques qui doivent se montrer plus utiles que jamais et pour les actionnaires qui doivent casser leurs tirelires. En effet, l’Etat a injecté des fonds et mis en place des mécanismes, notamment sous forme de Fonds de garantie, pour inciter les établisse- ments de crédit à financer le cycle d’exploita- tion des entreprises en vue de reprendre, puis de relancer leur activité en cette période très critique. Le but est de sauvegarder ces entre- prises et de préserver les emplois et les métiers qu’elles ont développés des années durant. Ainsi, quelque 28.000 entreprises auraient béné- ficié de près de 14 milliards de dirhams de crédits garantis par l’Etat dans le cadre de «Damane Oxygène». De même, selon les der- nières données disponibles, plus de 15.000 entreprises (dont 10.756 TPE) auraient bénéficié des mécanismes «RelanceTPE» et «Damane

Relance» pour un crédit total de 22,4 milliards de DH. Par ailleurs, sur les 120 milliards de DH discutés au début, l’Etat envisage de mobiliser 20 mil- liards de dirhams; soit 5 milliards prélevés sur le Fonds spécial Covid-19, versés à la CCG en couverture partielle des 75 milliards de garan- ties des crédits à distribuer par les banques; et 15 milliards destinés au Fonds d’investissement stratégique. Le reste doit être trouvé ailleurs. J’espère qu’on va y arriver en dépit des difficul- tés liées à la conjoncture actuelle et au peu de visibilité donnée par le gouvernement. La durée et la profondeur de la crise sont aussi déter- minantes de la suffisance des montants que la manière de les employer. F.N.H. : Selon vous, quels leviers priori- taires faudrait-il activer pour donner un nouveau souffle à l’économie, dans un contexte où les opérateurs manquent de visibilité en raison de la situation sanitaire ? A. M. : Pour répondre à votre question, je citerai trois familles de leviers. 1- Mutualiser les risques et donner de la visibilité Dans cette période où le privé a beaucoup de mal à prendre des risques, pour les raisons que vous venez de citer, il appartient à la puissance publique d’en prendre une bonne partie. La garantie des crédits en est une illustration, la prise de participation dans des entreprises exis- tantes pour les sauver et les développer ou dans de nouveaux projets en seraient une deuxième. Mais, à mon humble avis, il est aussi important que le gouvernement prenne le risque d’étu- dier, de présenter et de défendre des scénarios crédibles concernant l’évolution de la situation sanitaire et socioéconomique; qu’il prenne des décisions tranchantes en conséquence et qu’il donne ainsi un minimum de visibilité aux opé- rateurs leur permettant d’anticiper et d’agir. On ne relance pas une activité à l’arrêt du jour au lendemain. La visibilité peut aussi être améliorée par l’adoption rapide de lois en attente, depuis des années, telles que la charte des investisse- ments ou la réforme fiscale. Les «compteurs de charges fixes» (…) peuvent être mis en «mode pause» pour les prochains mois, s’agissant des entreprises claire- ment affectées par la crise.

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