FNH N° 1038

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 7 OCTOBRE 2021

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pas important. A mon avis, en observateur extérieur, je crois que la France possède les outils et les moyens à cet effet, comme par exemple, l’Agence française de dévelop- pement (AFD), les chambres consu- laires, la francophonie, l’aide publique au développement… Mais il convient de rénover les mécanismes selon une nouvelle vision de la coopération plus efficace, peut-être plus inclusive, moins institutionnelle et plus dans la proxi- mité. Néanmoins, à un moment ou un autre dans la réflexion sur la nouvelle rela- tion Afrique-France, il faudra inclure les institutionnels africains qui ne sont ni présents, ni invités à ce Sommet. Rien ne peut se faire non plus dans les pays africains sans impliquer les Etats, le cadre institutionnel adéquat et les pouvoirs publics. Ce serait une grossière erreur de penser le contraire. Le Sommet devrait clarifier ce point. F.N.H. : La campagne électorale française aura-t-elle une influence sur les enjeux du sommet ? T. B. : Il est certain que l’agenda électoral en France et l’implication personnelle du Président Macron dans ce Sommet, lequel va mettre en jeu son deuxième mandat au cours des prochains mois, sera proba- blement une donnée essentielle selon les résultats atteints par la rencontre. En cas de succès, la majorité actuelle qui sou- tient le Président pourra en tirer des élé- ments électoraux favorables. Par ailleurs, en s’adressant à la jeunesse africaine, le Président Macron s’adressera également à la jeunesse française susceptible de voter lors des prochaines échéances, et dont une partie est d’origine africaine, incluant les Maghrébins. Celle-ci, pour l’heure, fait plutôt les frais de discours très stigmatisants à travers les débats sur l’immigration et autres sujets sen- sibles comme l’islamisme, l’insécurité…. où les candidats extrémistes ne font pas dans la nuance quand ils évoquent ces questions. Cela n’arrange pas l’image de la France dans les pays d’origine. Ce sommet sera peut-être l’occasion de cor- riger l’impact des propos désobligeants portés sur la jeunesse africaine française et améliorer un tant soit peu l’image que se renvoient l’Afrique et la France, dans un jeu de miroir relativement complexe «d’amour-haine» parfois difficile à décor- tiquer. ◆

La diaspora afri- caine a à cœur de contribuer au développement du continent d’origine, lequel est éreinté par des crises à n’en plus finir.

impacts des projets de coopération sur l’emploi, l’écologie, les droits humains, la démocratie… qu’il faut manier avec précaution, tant la coopération elle-même est à revoir du fait de son instrumen- talisation pour des intérêts parfois très opaques. Par exemple, puisqu’il s’agit de la France, elle représente aux yeux de bien des Africains l’ancien pays colonial. Si elle intervient maladroitement, elle sera nécessairement accusée d’ingérence par ceux qui seront visés par une condam- nation. Si elle n’intervient pas, elle sera rendue coupable de complicité avec les gouvernants corrompus et impopulaires. La jeunesse est sensible à ces enjeux à la fois économiques, mais aussi sociaux, culturels et symboliques. F.N.H. : Le choix de l’écrivain came- rounais, Achille Mbembe, sera-t-il plus convaincant en termes d’ap- proches nouvelles de la relation Afrique-France pour contrecar- rer le contre-sommet également annoncé par les opposants à cette rencontre ? T. B. : C’est un exemple des visions contradictoires qui traversent l’Afrique et c’est le propre du débat démocratique. Un contre-sommet sera organisé pour dénoncer le principe même de ces ren- contres considérées d’une autre époque. On leur reproche de perpétuer la relation «paternaliste» et «néocoloniale» qu’ins- pirent ces rencontres d’un chef d’Etat français qui invite, ou du moins convoque ces homologues africains pour leur faire la leçon. On se souvient du Sommet de la Baule en 1990 où le Président Mitterrand avait plus ou moins tancé les chefs d’Etat

africains sur la question de la démocratie et des droits de l’Homme. Un sommet mal perçu à l’époque, car mal préparé avec les leaders africains de l’époque et qui s’est vite heurté aux réalités. Aussi, l’Elysée a-t-il opté de confier les contenus de la rencontre à un «chef d’or- chestre» qu’on peut difficilement soup- çonner de complaisance avec la mémoire coloniale. L’essayiste camerounais, Achille Mbembe, est une personnalité connue pour ses écrits anticoloniaux sur l’Afrique postcoloniale. Il a été en charge de mettre en musique cette rencontre spéciale. Un rapport a été rédigé qui sera rendu public lors du Sommet. La confi- dentialité dont ce rapport est entouré avant le Sommet, pourrait être un indica- teur ou le signe d’une certaine originalité et d’innovations dans la réflexion. F.N.H. : Cinq grandes thématiques seront au menu de ce sommet, dont l’entrepreneuriat et l’inno- vation, l’enseignement supérieur et la recherche, sans oublier la culture et le sport ? Le choix des thèmes est-il un signe avant-cou- reur du changement ? T. B. : En effet, le choix des thèmes intéresse particulièrement la jeunesse et constitue en soi des axes stratégiques importants pour contribuer à une sortie de crises en Afrique. Le continent pos- sède de nombreux atouts sur ces sujets, avec des forces vives particulièrement dynamiques dans ces domaines. Une coopération renforcée dans ces secteurs selon de nouveaux mécanismes plus inté- grateurs et qui ciblent les vrais acteurs parmi les forces vives africaines, serait un

Il y aurait comme une ambiance de «dégagisme de la France» qui s’exacerbe en Afrique francophone.

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