Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 9 janvier 2025 - 8 DH - N° 1179
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Mesures fiscales et douanières
Réforme des retraites
Ce qui change dès ce mois de janvier
Financer les pensions, un défi de plus en plus complexe
P. 11
P. 7/8/9
AMNISTIE FISCALE
Une porte dérobée pour les hors-la-loi
P. 3
Marché des capitaux Les principaux enjeux de 2025
Bourse Zoom sur Marsa Maroc et Jet Contractors
Mort de Le Pen Entre rancunes et passions françaises
P. 12
P. 2
P. 15 à 17
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 JANVIER 2025
Editorial
ACTUALITÉ
26 Diplomatie algérienne : La spirale de l’échec POLITIQUE
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Voyons voir : Amnistie fiscale : Une porte dérobée pour les hors-la-loi
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Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs
Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo : La fusée boursière en orbite Réforme des retraites : Une course contre le temps Entretien avec Hassan Edman : Système de retraite, «Financer les pensions devient un défi de plus en plus complexe» Mesures fiscales et douanières : Ce qui change dès janvier 2025 Marché des capitaux : Les principaux enjeux de 2025 Bourse de Casablanca : Quels secteurs privilégier en 2025 ? Bourse : Le nouveau visage de Marsa Maroc Bourse : Pourquoi Jet Contractors est de plus en plus présent dans les grands appels d'offres
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Mort de Le Pen
ean-Marie Le Pen est mort. Et la France, fidèle à son tempérament tempétueux, a choisi de ne pas rester silencieuse. Entre hommages solennels et feux d'artifice antifa, la disparition du fondateur du Front national ravive les clivages, les rancunes et, disons-le, un certain folklore hexagonal. D'un côté, Marine Le Pen joue la partition du deuil familial avec une tonalité presque poétique : « Beaucoup de gens qu'il aime l'at- tendent là-haut. Beaucoup de gens qui l'aiment le pleurent ici-bas. J Entre mémoire, rancunes et passions françaises Bon vent, bonne mer Papa » ! De l'autre, place de la République, on sabre le champagne. A Lyon, quelques projectiles volent et des slogans antifascistes fusent. La France est ainsi faite : même la mort devient un espace de confrontation idéologique. Le Pen a passé sa vie à cliver. Il parvient, en disparaissant, à réunir les contraires dans un ultime face-à-face. Certains lui rendent hom- mage comme à une figure politique majeure, d'autres rappellent ses décla- rations sulfureuses, son obsession pour l'immigration, ses thèses racistes et ses condamnations pour antisémitisme. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en appelle à la dignité dans la mort, tandis que Mathilde Panot, chef des députés de La France insoumise (LFI), invoque «l'esprit Charlie» pour justifier les célébrations publiques. Le Pen, faut-il le rappeler, n'a jamais laissé indifférent. Tribun provocateur, stratège du chaos, il a hissé l'extrême droite française du cercle confiden- tiel au cœur du paysage politique national, jusqu'à l'improbable second tour de 2002 face à Jacques Chirac. Sa fille, Marine, s'est ensuite employée à polir l'image du parti pour tenter de faire oublier les frasques paternelles. Mais chassez le naturel... Les tensions actuelles illustrent combien la mémoire de Le Pen divise encore profondément la société française. D'un côté, ses héritiers poli- tiques qui, entre lyrisme et nostalgie, saluent le patriarche comme un «visionnaire» et un «patriote». De l'autre, une gauche indignée qui voit en lui un «raciste». Et au milieu, l'Elysée qui préfère laisser «le jugement à l'Histoire», une pirouette bien commode. La vraie question, cependant, n'est pas tant ce que fut Jean-Marie Le Pen, mais ce qu'il laisse derrière lui. Une France toujours polarisée, des idéolo- gies extrêmes qui prospèrent et un parti, le Rassemblement national, qui peine à totalement échapper à un passé qui lui colle à la peau. Alors, que retenir de cette disparition ? Un homme qui a su capter les colères d'une partie des Français, quitte à les exacerber et à les instrumentaliser. En définitive, la véritable leçon à tirer de la disparition de cette figure poli- tique française est sans doute ailleurs : un pays qui danse ou pleure lors de la mort d'un homme politique témoigne moins de son héritage que de ses propres fractures. L'histoire jugera Jean-Marie Le Pen. Mais la France, elle, devra apprendre à se rassembler. u
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Rougeole au Maroc : Ces chiffres qui font peur !
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Supart-Lab : «L’accès au patrimoine culturel réin- venté grâce au numérique»
Entretien avec Amine Mernissi : Immobilier, «L’amnistie fiscale devrait profiter d’une façon directe ou indirecte au secteur» Campagne agricole : L’hypothèse de 50 millions de quintaux est-elle plausible ? Marché automobile : Reprise confirmée et nou- velles tendances Entretien avec Adil Lamnini : Entreprises, «Les défis actuels doivent être perçus comme des oppor- tunités de transformation» Entretien avec Taha Sfiren : Dubaï, Un modèle immobilier qui séduit le monde 18 20 21 22 24 ECONOMIE
Taxe carbone : Vers un équilibre entre écologie et économie 30 DEVELOPPEMENT DURABLE
32 IA au Maroc : Une révolution encore en chantier HIGH-TECH 34 Peine de mort : Vers une abolition définitive ? SOCIÉTÉ
• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 JANVIER 2025
Amnistie fiscale
Une porte dérobée pour les hors-la-loi
L e rideau est tombé, le 31 décembre 2024, sur l’opération de régularisation spontanée des avoirs et liquidités détenus à l’étranger, mise en place par l’article 8 de la Loi de Finances 2024. Au total, entre 70 milliards de dirhams régularisés et 100 Mds de DH auraient été régularisés, le tout pour des recettes qui devraient être comprises de 3,5 et 5 milliards dans les caisses de l'Etat. Pour l’ins- tant, les seuls chiffres officiels publiés viennent de l’Office des changes (OC). Les montants déclarés auprès de l’OC ont ainsi dépassé les 2 milliards de dirhams, répartis sur 658 déclarations. Les actifs financiers prédominent, représentant 916,2 MDH (45%) du total déclaré, suivis de près par les biens immobiliers à hauteur de 868,3 MDH (43%). Par D. William
l’Etat a récupéré des recettes qui avaient de fortes chances de lui échapper, tout en évitant de longs et coûteux contentieux. De l’autre, avec tout le cash qui va être rapatrié directement dans les comptes courants, cette amnistie a offert aux banques une belle moisson. L’afflux de liquidités leur permet de renforcer leur assise financière et améliore ainsi la capacité de financement de l’économie, tout en leur offrant la possibilité de consolider le développe- ment de métiers comme la gestion de patrimoine. En parallèle, les détenteurs d’avoirs non déclarés ont pu régulariser leur situation en toute confiden- tialité, sans risquer de lourdes sanctions. Une question d’équité Pour autant, on pourrait applaudir cette logique de «realpolitik fiscale» si elle ne posait pas deux problèmes. Le premier nous renvoie à une réalité amère : la persistance d’une méfiance à l’égard du système fiscal et financier. Pourquoi tant de contri- buables ont-ils préféré thésauriser leur cash ou dissimuler leurs avoirs à l’étranger ? Est-ce le cadre réglementaire jugé trop rigide ? La peur du contrôle abusif ? Le manque de pédagogie fiscale ? En tout cas, la défiance à l’égard du système en place est bien réelle. Le second problème est une question d’équité, car l’idée de dérouler le tapis rouge à ceux qui se sont soustraits aux lois pendant des années peut paraître injuste pour les honnêtes citoyens. Pourquoi «récompenser» ceux qui ont contour- né les règles, alors que des contribuables qui, année après année, respectent scrupuleusement leurs obligations fiscales, n’ont pas droit à de tels égards? Pourquoi cette clémence offerte à ceux qui ont préféré jouer à cache… cash avec le Fisc? L’amnistie fiscale est-elle, en fin de compte, une prime à la fraude ? Surtout qu’une telle opération, pour être crédible, doit rester exceptionnelle. Or, sur cette dernière décennie, on en a dénombré trois majeures : 2014, 2020 et 2024. Alors, va-t-on assister à une nouvelle amnistie dans quelques années ? C’est très possible. Dès lors, pourquoi déclarer ses avoirs si l’on peut attendre la prochaine «opération rédemption» ? C’est dire que même si les caisses de l'Etat se remplissent, que les banques sont renflouées... et que certains fraudeurs respirent mieux, l’efficacité morale et à long terme de l’amnistie fiscale reste sujette à caution.. ◆
c'est un peu le grand pardon, façon fiscale. Vous avez caché des billets sous le matelas, planqué un petit magot hors radar ? Pas de souci, revenez au bercail, confessez vos péchés financiers et, moyennant un petit pourcentage, tout est oublié. Tentant, non ? Cette amnistie n'est cependant pas qu'un simple coup de filet fiscal. Il s’agit d’une opération bien orchestrée, avec un partenariat exemplaire entre l’Office des changes, les banques et l’administra- tion fiscale. Le tout, sur fond de travail pédagogique pour pousser les récalcitrants à se mettre dans le droit chemin. Un droit chemin que tous les «hors- la-loi» devront toutefois forcément prendre, à un moment ou un autre. Pourquoi ? Parce que le contexte international se durcit de plus en plus. La fin annoncée du «no man’s land fiscal» et l’échange automatique d’infor- mations, adopté par l’OCDE, poussent de plus en plus de pays à adopter des dispositifs similaires, rendant la fraude de plus en plus risquée et com- plexe. Le Maroc a simplement suivi la tendance mondiale, tout en veillant à garder un contrôle strict sur le processus. Un bon deal pour le Royaume ? Peut-être. Derrière cette opération, se cachent en effet plu- sieurs enjeux, dont notamment la réinjection de liquidités dans l’économie nationale et le renfor- cement des réserves de change. Ainsi, d’un côté, oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
Les avoirs liquides complètent cette répartition avec 244,7 MDH, soit 12% du montant total. Au-delà des montants déclarés, l’opération a éga- lement généré un versement de 231,76 MDH au Trésor public au titre de la contribution libératoire, fait savoir l’Office. Ce pactole est évidemment bienvenu en ces temps de tensions budgétaires. Une performance? Assurément. Une victoire totale ? Peut-être pas. Rembobinons un instant. L'amnistie fiscale, centrée sur les avoirs non déclarés (qu’il s’agisse de cash, de biens immobiliers ou d’actifs financiers) permet aux contribuables de se mettre en règle moyennant une contribution libératoire de 5%. Cette opération,
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 JANVIER 2025
Commission nationale des investissements
171 projets approuvés L a Commission nationale des investissements a approuvé un total de 171 projets, dont 53 financés par des investissements étrangers provenant de 18 pays, pour un montant global estimé à environ 94 milliards de dirhams, selon le ministre délégué chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des politiques publiques, Karim Zidane.
AMO
La CNSS va hériter de la gestion du régime de base pour le secteur public L e ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a présenté, mardi à Rabat, le pro- jet de loi n° 54.23, modifiant et complétant la loi n° 65.00 relative à l’Assurance maladie obligatoire de base (AMO), ainsi que d'autres dispositions spécifiques. Ce texte législatif vise à confier la gestion du régime d’AMO de base pour le secteur public à un seul orga- nisme, à savoir la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), a souligné le ministre lors de la présentation des dispositions du projet de loi devant la Commission de l'enseignement et des affaires culturelle et sociale à la Chambre des conseillers. Le texte abroge également la loi régissant l’AMO des étudiants, leur permettant de bénéficier de la couverture médicale comme ayants droit. L’âge de couverture est prolongé jusqu’à 30 ans, avec des dispositions pour intégrer les étudiants étrangers. Pour les personnes démunies, de nouveaux critères d’éligibilité incluent l’inscription au Registre social unifié et l’absence d’affiliation à un autre régime d’assurance. La réforme prévoit aussi des ajustements pour aligner les pénalités de retard sur celles de la sécurité sociale. Ce projet, inscrit dans les hautes orientations royales, promet une gestion plus équitable et efficace de l’AMO, au service des citoyens et de la politique de santé publique du Maroc. ■
En réponse à une question orale à la Chambre des conseillers, Zidane a assuré que ces projets, approuvés depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle Charte de l'investissement, contribueront à la création de plus de 54.000 emplois. Le ministre a également mis l'accent sur le plan d'action du gouvernement visant la pro- motion de l'investissement, axé sur la mobilisation des investissements privés, qu'ils soient nationaux, étrangers ou provenant des Marocains du monde, à travers la réforme de la politique de l'État en matière d'investissement et l'adoption d'une charte incitative pour tous types d'investissements, nationaux et étrangers. ■
Aide directe au logement
El Mansouri fait le point
U n total de 110.000 demandes a été soumis en l'espace d'une année pour bénéficier du programme d’aide directe au logement, a affirmé, lundi au Parlement, la ministre de l’Amé- nagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, Fatima Ezzahra El Mansouri. Elle a précisé que le nombre des bénéficiaires du programme s'est établi à plus de 35.000, dont 26% de Marocains résidant à l’étranger et 32% de jeunes. Et d’ajouter que 63% des bénéficiaires ont reçu une aide financière de 70.000 DH, alors que 37% ont bénéficié d’une aide de 100.000 DH.
Concernant les retombées économiques de ce pro- gramme, la ministre a expliqué qu’il a contribué à l'essor du secteur de la construction, avec une hausse de 9,45% des ventes de ciment, de 1,7% des crédits immo- biliers et de 7,2% des prêts accordés aux promoteurs immobiliers. ■
SNRT : L'acquisition de 2M et Medi1 TV finalisée d'ici deux mois
L a Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) s'apprête à franchir une étape décisive dans le regroupement des chaînes publiques. Lors d'une réunion de la Commission de l’ensei- gnement, de la culture et de la communication, tenue en présence du ministre Mohamed Mehdi Bensaid, Fayçal Laraïchi, président de la SNRT, a annoncé que l'acquisition de 100% des parts de Soread 2M et de Medi1 TV sera finalisée dans un délai de deux mois. Cette initiative, menée sous
décision gouvernementale, vise à rationaliser la gestion des chaînes publiques au sein d'une entité unifiée. Ce processus inclut également l'intégration de Medi1 Radio et de Régie 3, spécialisée dans la commercialisation des espaces publicitaires. Laraïchi a souligné que cette consolidation permet- tra d’optimiser les coûts opérationnels et d’harmo- niser les pratiques techniques, tout en préservant les lignes éditoriales distinctes de chaque chaîne. Parmi les objectifs du projet figurent la centrali-
sation des données, la mutualisation des achats d’équipements et l’utilisation partagée des infras- tructures, comme les camions de production mobile. À terme, toutes les chaînes publiques seront regroupées sur une seule fréquence satel- litaire pour réduire les coûts et augmentant leur visibilité. Enfin, une fois l’acquisition achevée, un contrat- programme unique sera négocié avec le gouver- nement pour remplacer les accords individuels actuels. ■
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ÇA SE PASSE AILLEURS
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 JANVIER 2025
Zone Euro
France
Inde
Le marché immobilier donne des signes de reprise en 2025
Une croissance prévue de 6,4% en 2024/2025, un plus bas en quatre ans L e produit intérieur brut (PIB) réel de l’Inde devrait afficher une croissance de 6,4% au cours de l’exercice fiscal en cours, qui s’étend d’avril 2024 à mars 2025, selon les prévisions de l’Office natio- nal des statistiques (NSO). Cette première estimation souligne un net ralentissement par rapport au taux de 8,2% enregistré lors de l’exercice précédent. Il s’agit éga- lement du rythme de croissance le plus faible observé depuis quatre ans. Dans le détail, la consommation privée, qui représente près de 58% du PIB de ce géant asiatique, est anticipée en hausse de 7,3% sur un an, contre 4% lors de l’exercice pré- cédent, selon le NSO. ■
L’inflation progresse de nouveau en décembre
A près deux années de recul, le marché immobi- lier en France a montré des signes de stabilisation en fin d’année 2024, une tendance qui devrait s’amplifier en 2025. « En 2024, le marché retrouve son équilibre, porté par une très forte reprise au dernier trimestre », selon le bilan de 2024 du marché immobilier français de l'ancien de «Century 21», principal réseau d’agences en nombre de tran- sactions dans l'Hexagone, esti- mant que « 2025 devrait pour- suivre la dynamique engagée depuis l’été ».
« Si le marché de l’immobilier ancien a continué de plonger au premier semestre, les volumes de vente sont repartis à la hausse dès l’été et le dernier trimestre affiche une très forte croissance », note la même source. Et d'expliquer que ce retourne- ment de marché est principale- ment lié aux « baisses succes- sives des taux d’intérêt pour arri- ver autour de 3%-3,5% », à « une maitrise de l’inflation qui redonne de l’oxygène au pouvoir d’achat des ménages » et à « des condi- tions d’octroi de prêt de nouveau assouplies par les banques ». ■
L’ inflation dans la zone Euro partageant la monnaie unique européenne a pro- gressé de 0,2 point en décembre, à 2,4% sur un an, indique l’office européen des statistiques Eurostat. L’inflation de la zone Euro poursuit ainsi son rebond entamé en octobre, en raison d'une légère hausse des tarifs de l'énergie, précise Eurostat dans sa dernière estimation rapide. Toutefois, l'inflation sous-jacente, corrigée des prix volatils de l'éner- gie et de l'alimentation et qui fait référence pour les marchés et la Banque centrale européenne (BCE), est restée stable depuis septembre à 2,7%. En décembre, le secteur des ser- vices a connu le taux annuel d’in- flation le plus élevé, à 4% contre 3,9% en novembre, suivi par l'ali- mentation (2,7%, stable par rapport à novembre), les biens industriels hors énergie (0,5%, contre 0,6% en novembre) et l'énergie (0,1%, contre -2,0% en novembre). ■
Kenya
Croissance économique de 4% au T3-2024
L’ économie kényane a enre- gistré une croissance de 4% au troisième trimestre de 2024, contre 6% au même tri- mestre de 2023, indique le Bureau national des statistiques du Kenya (KNBS). Dans son rapport trimestriel sur la performance économique, publié mardi, le KNBS attribue cette décé- lération de la croissance à des contractions dans les secteurs de la construction et de l'exploitation minière, qui ont respectivement enregistré des baisses de 2% et 11,1%. Cependant, plusieurs sec- teurs ont soutenu la performance économique, notamment l'agricul- ture (4,2%), le transport (5,2%) et les services d'hébergement et de restauration (13,7%), selon la même source. Le rapport souligne égale- ment une amélioration de la stabilité macroéconomique avec une infla- tion moyenne de 4,08% au T3-2024, en baisse par rapport à 6,93% enre- gistrée durant la même période de 2023. ■
USA
Démission du vice-président de la FED chargé de la régulation bancaire
L e vice-président de la Réserve fédérale américaine (FED), chargé de la supervision bancaire, Michael Barr, a annoncé sa démission, estimant que «l'environnement actuel», à quelques jours de la prise de fonction de Donald Trump, n'était pas propice à la réalisation de sa mission. « Le risque de conflit autour de cette fonction risque de nous détourner de notre mission de supervision et de régulation du système financier », indique le responsable dans un communiqué de la Banque centrale. « Dans l'environnement actuel, j'ai estimé que je
serais plus utile au service des Américains dans mon rôle de [simple] gouverneur », a déclaré Barr, à quelques jours de la prise de fonction du président Donald Trump le 20 janvier. Michael Barr, dont la fonction avait été créée après la crise financière de 2008, avait été nommé par le président démocrate sortant, Joe Biden. Sa démission, effective à compter du 28 février, permettra à Donald Trump de choisir son successeur parmi les membres du Comité de politique monétaire de la FED (FOMC) réputés plus proches de ses idées. ■
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Point Bourse Hebdo La fusée boursière en orbite
Evolution de l'indice Masi depuis début 2024
Le marché actions effectue un démarrage tonitruant en ce début d’année, avec un Masi sur un plus haut historique.
S Par Y . Seddik
i l'on doutait encore de l'ap- pétit des investisseurs pour les actions, cette première semaine – bien qu’écourtée – aura dissipé les hésitations. L’indice Masi s’est offert une progression de 5,03% sur deux séances, ajoutant 743 points à son compteur pour atteindre un nouveau sommet historique à 15.516 points. Une entame qui confirme l'appétit insatiable des investisseurs, renforcé par une dynamique de volumes exceptionnellement solides. Justement, ces derniers dépassent 2,25 milliards de dirhams, une performance plutôt rare pour une pre- mière semaine de janvier. Contrairement aux périodes de hausse éphémère alimen- tée par quelques titres, cette dynamique s’est répartie sur un éventail élargi d’actions. Jet Contractors, déjà star en 2023 avec une progression specta- culaire de 730%, entame 2025 en fanfare avec un bond de
14,29%. Elle est suivie par Sonasid (+13,83%) et Addoha (+12,75%), des dossiers bien connus des investisseurs par- ticuliers. Les grosses capitali- sations n’en font pas moins, à l’image du secteur bancaire. À l’opposé, Lesieur Cristal chute de 5%, alors que Cartier Saada et Auto Hall démarrent l’année en territoire négatif, respecti- vement à -2,86% et -1,53%, ce qui rappelle que tous les sec- teurs ne profitent pas uniformé- ment de cette euphorie. Le moteur des OPCVM et des particuliers Il faut dire que ce rallye est largement alimenté par les souscriptions dans les OPCVM actions et diversifiés, qui semblent avoir repris du poil de la bête après une année 2024 largement profitable. Les investisseurs particuliers, gal- vanisés par la dynamique de l’année écoulée et par le suc- cès éclatant de la dernière IPO,
TOP Performances
FLOP Performances
Dari Couspate M2M Group Med Paper
-7,76%
+20,67% +19,7%
Jet Contractors CTM Zellidja S.A
-3,82%
-3,23%
+18,38 %
n’ont pas tardé à se positionner. À court terme, un autre facteur pourrait amplifier cette effer- vescence : l’arrivée des liqui- dités déclarées dans le cadre de l’amnistie fiscale. Que ce soit par le biais des OPCVM ou via des investissements directs, ces fonds pourraient insuffler un souffle nouveau au marché. Avec ce démarrage tonitruant, 2025 s’annonce comme une année charnière pour la Bourse
de Casablanca. Et loin de se reposer que sur ces pre- mières performances, le mar- ché semble s’inscrire dans une dynamique de long terme. Au final, l’on sait que chaque hausse appelle sa dose de pru- dence. Mais pour l’instant, les moteurs sont lancés, et la fusée «Masi» file à toute vitesse. Quant à savoir jusqu’où elle ira, c’est désormais au marché de nous le dire. ◆
BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 JANVIER 2025
Réforme des retraites Une course contre le temps
ces mesures correctives doivent être accompagnées de réformes économiques et institutionnelles plus profondes». Le vieillissement démographique, aggravé par une baisse constante de la fécondité, ajoute une dimen- sion complexe au défi. Le Maroc, qui comptait historiquement sur une population jeune et abon- dante pour soutenir ses sys- tèmes sociaux, voit aujourd'hui son équilibre s’inverser. À cela s’ajoute une urbanisation crois- sante qui modifie les dynamiques familiales et réduit la capacité des proches à prendre en charge les personnes âgées. Ce double phénomène rend la réforme des retraites d’autant plus urgente et essentielle. Mais la réforme ne pourra se faire sans un large consensus social et politique. Le dialogue en cours entre le gouvernement et les par- tenaires sociaux sera décisif. Il faudra également expliquer clai- rement les enjeux et les bénéfices de ces changements pour évi- ter une résistance populaire. Les syndicats qui défendent les droits des salariés, et les employeurs, préoccupés par les coûts sup- plémentaires, devront trouver un terrain d’entente. Au-delà des ajustements para- métriques, il s'agit pour le Maroc de repenser l’ensemble de son système de protection sociale. Le modèle proposé par la Cour des comptes, basé sur un régime de base plafonné complété par un régime additionnel obligatoire, offre une piste prometteuse. Ce modèle pourrait, à terme, garantir une couverture plus universelle et équitable, tout en assurant une meilleure pérennité financière. Cependant, le temps presse. Chaque année de retard dans la mise en œuvre des réformes creuse un peu plus le déficit et menace la stabilité du système. C’est dans cette optique que le gouvernement envisage de faire une première présentation sur la réforme des régimes de retraite au cours de ce mois de janvier 2025, une annonce faite le 30 décembre 2024 par Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des Finances. ◆
Le vieillissement accéléré de la population, conjugué à des faiblesses structurelles du système de retraite, impose une réforme rapide. La Cour des comptes préconise un ensemble de mesures.
Par Désy M.
Au cours de ce mois de janvier, le gouvernement prévoit de faire une première présentation sur la réforme des régimes de retraite.
L
e Maroc se trouve à un tour- nant crucial. La transformation démographique en cours, révélée par les chiffres du Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) de 2024, met en lumière une réalité alarmante: le vieillissement accéléré de la population. En une décennie, la proportion des Marocains âgés de 60 ans et plus est passée de 9,4% à 13,8%, soit près de 5 millions de personnes. Ce bou- leversement démographique, conjugué à des faiblesses struc- turelles du système de retraite, impose une réforme rapide et audacieuse. La Cour des comptes, dans son dernier rapport, a tiré la sonnette d’alarme : les réserves des pen- sions civiles risquent de s'épui- ser d'ici 2028. L'un des facteurs sous-jacents est un déséquilibre démographique croissant. Alors qu’en 1986, 12 actifs soutenaient un retraité, ce ratio est aujourd’hui
tombé à seulement 1,7 actif pour un bénéficiaire. Ce déséquilibre compromet gravement la viabilité financière du système et laisse entrevoir des tensions sociales majeures si rien n'est fait. «La situation est d’autant plus préoccupante en raison du faible taux de couverture de la popula- tion active, qui constitue l'assiette réelle des cotisants, ainsi que du taux de chômage élevé, récem- ment estimé à 21% par le HCP» , souligne Hassan Edman, profes- seur en économie et gestion à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Aga- dir. Pour répondre à cette crise immi- nente, la Cour des comptes pré- conise un ensemble de mesures. Parmi celles-ci, l'idée de rele- ver l’âge de départ à la retraite émerge comme une solution incontournable. Certains pays ont déjà expérimenté cette option pour prolonger la durée de cotisa-
tion et réduire la pression sur les caisses. Par ailleurs, une révision des taux de cotisation s’impose pour renforcer les ressources, tout comme l’ajustement des modes de calcul des pensions. Cependant, cette mesure ne date pas d’aujourd’hui, fait remarquer le professeur Edman. «Cela a déjà été partiellement mis en œuvre en 2016, avec le relèvement pro- gressif de l’âge de la retraite de 60 à 63 ans et l’augmentation du taux de cotisation de 20% à 28%. Malheureusement, après huit ans de réforme, les défaillances restent les mêmes. A mon sens,
En 1986, 12 actifs soute- naient un retraité, ce ratio est aujourd’hui tombé à seulement 1,7 actif pour un bénéficiaire.
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BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 JANVIER 2025
Système de retraite «Financer les pensions devient un défi de plus en plus complexe»
tue l'assiette réelle des coti- sants, ainsi que du taux de chômage élevé, récemment estimé à 21% par le HCP (un chiffre plus fiable méthodo- logiquement comparé à celui de 13,6%). À cela s'ajoutent la prédominance du secteur agri- cole et l'ampleur de l'emploi informel. Une part significa- tive de la population n’a pas la possibilité de cotiser pour les caisses de retraite, ce qui entraîne un déséquilibre sup- plémentaire dans les systèmes de retraite par répartition. De surcroit, ce faible taux de couverture sociale se heurte à la transition démographique que connaît actuellement le Maroc. La baisse de la morta- lité et l'augmentation de l'es- pérance de vie entraînent une hausse importante du nombre de pensionnés dans tous les régimes de retraite, perturbant ainsi l'équilibre financier des caisses. Par ailleurs, la baisse de la natalité prive les régimes de retraite d'une future masse salariale capable de soutenir le passage à la retraite des géné- rations actuelles. F.N.H. : Cette situation concerne-t-elle tous les retraités, quel que soit leur secteur d'activité ou leur régime de retraite ? H. E. : De prime abord, nous devons reconnaitre que le système de retraite n’est pas un tout. Ce sont des régimes et des organismes multiples, avec des degrés différents d’opposition et de vulnérabi- lité quant aux difficultés finan- cières. Les principaux sont
Le Maroc compte actuellement près de 5 millions de personnes âgées de 60 ans. Cette accélération du vieillissement de la population crée un déséquilibre dans la soutenabilité financière des caisses de retraite. La Cour des comptes recommande une réforme du système de retraite pour éviter un effondrement et soutenir la viabilité financière de ces caisses. Entretien avec Hassan Edman, professeur d’économie et gestion à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agadir.
Propos recueillis par Désy M.
Finances News Hebdo : Selon les derniers chiffres du HCP du RGPH 2024, le vieillis- sement de la population du Maroc s’accélère de façon considérable et cela a un impact sur la pérennisation du sys- tème de retraite actuel. Pouvez-vous nous dire pourquoi ? Hassan Edman : En effet, cela aura un impact sur l'ensemble du système de retraite, notam- ment en ce qui concerne la suf- fisance des fonds pour couvrir l'augmentation du nombre des pensions à verser. Je rappelle, selon les premiers résultats du recensement général de la population et de l’habitat 2024, que les personnes âgées de 60 ans et plus atteignent
Le Maroc, en tant que pays en transition démographique, se retrouve face à une dégradation du ratio de dépendance, ce qui menace l'équilibre financier des caisses de retraite.
actuellement près de 5 mil- lions contre seulement 3,2 mil- lions en 2014. Cela représente une augmentation annuelle moyenne de 4,6%, qui reste nettement élevée par rapport à l’accroissement de l’ensemble de la population qui est de 0,85%. Accélération du vieil- lissement et ralentissement de la croissance démographique, ce déphasage de vitesses entraîne des défis majeurs pour les régimes de retraite. Le Maroc, en tant que pays en transition démographique, se
retrouve face à une dégrada- tion du ratio de dépendance, ce qui menace l'équilibre finan- cier des caisses de retraite. En effet, face à l'augmentation du nombre de retraités et à la diminution de la population active, la capacité à financer les pensions devient un défi de plus en plus complexe, repré- sentant une préoccupation majeure et urgente. La situation est d’autant plus préoccupante en raison du faible taux de couverture de la population active, qui consti-
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la Caisse marocaine de retraite (CMR) qui gère deux régimes, celui des pensions civiles et le régime des pensions militaires, le Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR) en tant qu’institution et régime, les régimes gérés par la CNSS et les régimes complémen- taires, notamment celui géré par la Caisse interprofessionnelle maro- caine de retraite (CIMR). Le fonctionnement inégalitaire de ces régimes, couplé à l'absence d'une loi-cadre régissant la retraite au Maroc et d'une tutelle unique, constitue également une source de vulnérabilité pour le système. Les caisses des fonctionnaires, en particulier la CMR et, dans une moindre mesure, le RCAR, font face à une pression considérable. Cela s'explique par la saturation des administrations publiques en termes de demande de travail, par rapport aux premières décen- nies suivant l'indépendance. Cette situation entraîne une diminution continue de la population active cotisante dans le secteur public, parallèlement à une augmentation du nombre de retraités. De plus, le recrutement dans le secteur public est soumis à des contraintes bud- gétaires, ce qui limite le nombre de nouveaux postes budgétaires et aggrave davantage le déséqui- libre entre cotisants et retraités. En effet, selon une alerte publiée dans le Rapport d'activité de ce régime, les déficits cumulés pour- raient se creuser pour atteindre 17,52 milliards de dirhams d'ici 2028. À cette échéance, le Fonds de réserve du régime sera totale- ment épuisé. F.N.H. : Récemment, la Cour des comptes a tiré égale- ment la sonnette d’alarme à ce sujet, mentionnant que les réserves des pensions civiles risquent de s'épuiser d'ici 2028. Quelles réformes pourraient permettre de sou- tenir la viabilité financière des caisses de retraite, tout en minimisant l’impact sur les cotisants et les bénéficiaires ? H. E. : Pratiquement, il existe trois pistes classiques à explorer pour remédier à ce phénomène : l'aug- mentation de l'âge de la retraite,
réformes économiques et institu- tionnelles plus profondes afin de garantir une base solide et durable pour le financement des retraites et pour alléger la pression sur les caisses de retraite. Je pense qu’il reste encore beau- coup à faire pour élargir l’assiette des cotisants, notamment dans le cadre de la généralisation de la couverture sociale. Cela implique d’intégrer les travailleurs indé-
«Si les cotisations actuelles ne couvrent pas les prestations, l’État serait contraint de financer cet écart, soit par l'emprunt, soit par la réallocation des ressources budgétaires».
la hausse des cotisations ou la réduction des pensions. D’ailleurs, cela a déjà été partiellement mis en œuvre en 2016, avec le relè- vement progressif de l’âge de la retraite de 60 à 63 ans et l’aug- mentation du taux de cotisation
de 20% à 28%. Malheureusement, après seulement huit ans depuis cette réforme, les défaillances restent les mêmes. À mon avis, ces mesures correctives, bien que quelque peu «technicistes», doivent être accompagnées de
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soit par l'emprunt, soit par la réallocation des ressources budgétaires. Cela pourrait engendrer une hausse de la dette publique, ce qui risque- rait de déstabiliser la situa- tion budgétaire et d'aggraver les tensions fiscales. De plus, un tel retard dans la réforme pourrait limiter la capacité de l'État à financer d'autres prio- rités économiques, telles que les investissements dans les infrastructures, l'éducation et la santé, en raison de l'aug- mentation des dépenses liées aux retraites. Par ailleurs, l'impact pourrait s'étendre à d'autres dimen- sions économiques, telles que l'attractivité des investisse- ments, la consommation et la capacité d'épargne. En effet, l'incertitude générée par un système de retraite inefficace risque de réduire la confiance des investisseurs, tant étran- gers que locaux, ce qui pour- rait freiner les investissements publics et privés indispen- sables à la stimulation de la croissance économique. Dans le même ordre d’idées, un système de retraite insou- tenable ou inefficace pourrait entraîner une réduction des pensions ou une baisse du pouvoir d'achat des retraités, limitant ainsi leur capacité de consommation. Une telle diminution, provenant d'un groupe qui constitue une part importante de la demande intérieure, risquerait de ralen- tir la croissance économique en impactant la demande de biens et services, notamment dans des secteurs clés comme la santé et le logement, qui répondent aux besoins des personnes âgées. De plus, en ce qui concerne l'épargne, l'absence d'amé- lioration des conditions de retraite pourrait laisser cer- tains retraités dans l'incapacité d’épargner et les contraindre à puiser dans leurs réserves. Cela affecterait leur sécurité financière à long terme, exa- cerbant ainsi leur vulnérabilité économique. ◆
Un système de retraite insoutenable ou inefficace pourrait entraîner une réduction des pensions ou une baisse du pouvoir d'achat des retraités.
pendants, les non-salariés et les saisonniers à travers des régimes simplifiés et adap- tés à leurs besoins. Amplifier les efforts de promotion de l’emploi est également essen- tiel pour élargir la base des cotisants. Il est nécessaire de réfléchir à des alternatives et à des mécanismes innovants et durables, tant au niveau du financement qu’au niveau des prestations. Cela inclut, par exemple, la rationalisation de la masse des pensions. À ce propos, je propose l’adop- tion d’un système de pension multi-piliers : un premier pilier assurant une somme mini- male et universelle pour tous. Ensuite, un deuxième pilier basé sur la retraite par réparti- tion, et puis un troisième pilier complémentaire, et un dernier pilier facultatif et personnalisé. Au niveau institutionnel, je préconise l’interconnexion des bases de données des différents régimes et l’auto- matisation de toutes les opé- rations. De plus, il est indis- pensable d’harmoniser les dif- férents régimes et organismes de retraite en créant une seule
institution et une loi-cadre unique. Ce qui permettra de réduire les inégalités, de ratio- naliser les coûts et d’améliorer l’efficacité. F.N.H. : Si elle devient impérative cette réforme du système de retraites au Maroc, comment envi- sagez-vous son exécu- tion de sorte qu’elle soit équilibrée tant pour le gouvernement que pour les acteurs concernés ? H. E. : À mon avis, bien que la réforme soit nécessaire et urgente, et que toutes les parties prenantes en recon- naissent l'importance, le véritable enjeu de sa réus- site réside davantage dans la méthode et la manière de mise en œuvre que dans le conte- nu de la réforme elle-même. Je tiens donc à souligner les deux éléments essentiels pour la réussite de toute politique publique, et pas seulement en matière de retraites : la pro- gressivité et la communica- tion. Adopter dès le départ une approche de communication et de concertation réfléchie et transparente, intégrant tous les intervenants. Puis, comme c’était le cas en 2016, mettre en place un planning d’exécu- tion graduelle permettant une adaptation douce aux chan- gements, surtout de la part
des employés, et réduisant les oppositions. Je rajouterais à ces mesures, désormais courantes dans toutes les politiques de réforme, l'instauration d'un mécanisme d’évaluation régulière pour garantir que la réforme demeure en phase avec les réalités économiques et sociales du pays. Cela com- prend la mise en place d'indi- cateurs de suivi et l’organisa- tion de consultations pério- diques pour évaluer l'impact de la réforme sur les bénéfi- ciaires et ajuster les mesures si besoin. F.N.H. : Quel pourrait être l’impact macroécono- mique d’un retard dans la mise en œuvre des réformes des retraites sur la stabilité budgé- taire et la capacité d’in- vestissement public ? H. E. : Un retard dans la mise en œuvre des réformes des retraites pourrait avoir plusieurs impacts macro- économiques significatifs. Premièrement, le système des retraites par répartition pourrait devenir de plus en plus déficitaire, augmentant les pressions sur les finances publiques. Si les cotisations actuelles ne couvrent pas les prestations, l’État serait contraint de financer cet écart,
Le véritable enjeu de sa réussite réside davantage dans la méthode et la manière de mise en œuvre que dans le contenu de la réforme elle-même.
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Mesures fiscales et douanières Ce qui change dès janvier 2025
exemptés, une initiative visant à réduire les coûts pour les établis- sements et à encourager les inves- tissements dans l’éducation. Ces mesures sont complétées par une augmentation de la part de la TVA reversée aux collectivités territo- riales, qui passe de 30% à 32%. Les droits d’enregistrement, sou- vent perçus comme complexes, font également l’objet de révi- sions importantes. Les familles des Chouhadas et des militaires mutilés ou rapatriés bénéficie- ront désormais d’une exonération totale sur les cessions immobi- lières à titre gratuit. Dans le même esprit, les notaires seront tenus de transmettre électroniquement les actes portant une signature, accé- lérant ainsi le processus admi- nistratif et réduisant les risques d’erreurs. Au-delà des réformes fiscales classiques, la Loi de Finances 2025 s’attaque à la modernisa- tion des pratiques administratives. Les notifications électroniques acquièrent une valeur juridique équivalente aux notifications papier, ce qui ouvre la voie à une gestion plus rapide et efficace des relations entre l’administration fiscale et les contribuables. En parallèle, des incitations fiscales spécifiques sont prévues pour des entités internationales comme la FIFA, marquant l’ambition du Maroc de se positionner comme une destination privilégiée pour les grands événements mondiaux. Enfin, la fiscalité sur les dividendes évoluera de manière progressive, avec une réduction des taux de retenue à la source, qui passeront de 12,5% en 2025 à 10% d’ici 2027. Cette mesure vise à renfor- cer l’attractivité du marché finan- cier marocain et à encourager les investissements. L’année 2025 s’annonce donc comme une année de transition pour la fiscalité nationale, avec une série de mesures qui tentent de concilier soutien aux ménages, incitations pour les entreprises et modernisation des pratiques. Reste à savoir si ces réformes suf- firont à répondre aux attentes des différents acteurs économiques face aux défis structurels que connaît le pays. ◆
L Avec l’entrée en vigueur de la Loi de Finances 2025, les contribuables et les entreprises marocaines devront s’adapter à un ensemble de réformes fiscales et douanières. Analyse des principaux changements, qui concernent autant les particuliers que les entreprises. Par Y. Seddik
a Loi de Finances 2025 marque une nouvelle étape dans la réforme fiscale et douanière au Maroc. De l’impôt sur le revenu aux ajus- tements de la taxe sur la valeur ajoutée, en passant par les droits d’enregistrement, cette réforme entend alléger la pression fiscale sur les ménages, encourager les investissements et moderniser les pratiques administratives. Le premier volet phare de cette réforme concerne l’impôt sur le revenu (IR). À partir de jan- vier, le seuil de revenu exonéré sera relevé de 30.000 à 40.000 dirhams, offrant un répit bienvenu aux contribuables. Cette mesure s’accompagne d’un abaissement
du taux marginal à 37%, dans une optique de répartition plus équi- table des charges fiscales. Les familles ne sont pas oubliées : les réductions pour charges fami- liales, longtemps jugées insuffi- santes, augmentent pour atteindre 500 dirhams par personne à charge, avec un plafond annuel porté à 3.000 dirhams pour les familles nombreuses. Autre nou- veauté : les salariés bénéficieront d’une revalorisation des bons ali- mentaires, qui passent de 30 à 40 dirhams par jour, avec une option de paiement électronique. Pour les retraités, l’année 2025 amorcera une transition vers une exonéra- tion totale des pensions à partir de 2026, avec une réduction de 50% appliquée dès cette année . Les entreprises, elles aussi, pro- fitent de cette réforme, notamment à travers des mesures ciblées sur l’impôt sur les sociétés (IS). Les
dotations aux amortissements pour les véhicules de transport de personnes seront revalorisées, un ajustement attendu pour amé- liorer la compétitivité. De plus, le régime d’incitation fiscale pour les restructurations de groupes sera assoupli, facilitant ainsi les opéra- tions de fusion et de réorganisa- tion stratégique. Du côté de la TVA, le gouverne- ment introduit une série d’exoné- rations stratégiques pour stimuler certains secteurs. L’agriculture et l’agroalimentaire, considérés comme des piliers de l’économie nationale, bénéficieront d’une exonération temporaire sur les importations d’animaux vivants, de viandes fraîches ou congelées, ainsi que d’huiles d’olive vierges et extra vierges. Par ailleurs, les équipements destinés à l’ensei- gnement privé et à la formation professionnelle seront également
Au-delà des réformes fiscales classiques, la Loi de Finances 2025 s’attaque à la modernisation des pratiques administratives.
La Loi de Finances 2025 introduit des réformes fiscales et douanières importantes, qui ont pris effet le 1 er janvier.
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