FNH N° 1179

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 JANVIER 2025

soit par l'emprunt, soit par la réallocation des ressources budgétaires. Cela pourrait engendrer une hausse de la dette publique, ce qui risque- rait de déstabiliser la situa- tion budgétaire et d'aggraver les tensions fiscales. De plus, un tel retard dans la réforme pourrait limiter la capacité de l'État à financer d'autres prio- rités économiques, telles que les investissements dans les infrastructures, l'éducation et la santé, en raison de l'aug- mentation des dépenses liées aux retraites. Par ailleurs, l'impact pourrait s'étendre à d'autres dimen- sions économiques, telles que l'attractivité des investisse- ments, la consommation et la capacité d'épargne. En effet, l'incertitude générée par un système de retraite inefficace risque de réduire la confiance des investisseurs, tant étran- gers que locaux, ce qui pour- rait freiner les investissements publics et privés indispen- sables à la stimulation de la croissance économique. Dans le même ordre d’idées, un système de retraite insou- tenable ou inefficace pourrait entraîner une réduction des pensions ou une baisse du pouvoir d'achat des retraités, limitant ainsi leur capacité de consommation. Une telle diminution, provenant d'un groupe qui constitue une part importante de la demande intérieure, risquerait de ralen- tir la croissance économique en impactant la demande de biens et services, notamment dans des secteurs clés comme la santé et le logement, qui répondent aux besoins des personnes âgées. De plus, en ce qui concerne l'épargne, l'absence d'amé- lioration des conditions de retraite pourrait laisser cer- tains retraités dans l'incapacité d’épargner et les contraindre à puiser dans leurs réserves. Cela affecterait leur sécurité financière à long terme, exa- cerbant ainsi leur vulnérabilité économique. ◆

 Un système de retraite insoutenable ou inefficace pourrait entraîner une réduction des pensions ou une baisse du pouvoir d'achat des retraités.

pendants, les non-salariés et les saisonniers à travers des régimes simplifiés et adap- tés à leurs besoins. Amplifier les efforts de promotion de l’emploi est également essen- tiel pour élargir la base des cotisants. Il est nécessaire de réfléchir à des alternatives et à des mécanismes innovants et durables, tant au niveau du financement qu’au niveau des prestations. Cela inclut, par exemple, la rationalisation de la masse des pensions. À ce propos, je propose l’adop- tion d’un système de pension multi-piliers : un premier pilier assurant une somme mini- male et universelle pour tous. Ensuite, un deuxième pilier basé sur la retraite par réparti- tion, et puis un troisième pilier complémentaire, et un dernier pilier facultatif et personnalisé. Au niveau institutionnel, je préconise l’interconnexion des bases de données des différents régimes et l’auto- matisation de toutes les opé- rations. De plus, il est indis- pensable d’harmoniser les dif- férents régimes et organismes de retraite en créant une seule

institution et une loi-cadre unique. Ce qui permettra de réduire les inégalités, de ratio- naliser les coûts et d’améliorer l’efficacité. F.N.H. : Si elle devient impérative cette réforme du système de retraites au Maroc, comment envi- sagez-vous son exécu- tion de sorte qu’elle soit équilibrée tant pour le gouvernement que pour les acteurs concernés ? H. E. : À mon avis, bien que la réforme soit nécessaire et urgente, et que toutes les parties prenantes en recon- naissent l'importance, le véritable enjeu de sa réus- site réside davantage dans la méthode et la manière de mise en œuvre que dans le conte- nu de la réforme elle-même. Je tiens donc à souligner les deux éléments essentiels pour la réussite de toute politique publique, et pas seulement en matière de retraites : la pro- gressivité et la communica- tion. Adopter dès le départ une approche de communication et de concertation réfléchie et transparente, intégrant tous les intervenants. Puis, comme c’était le cas en 2016, mettre en place un planning d’exécu- tion graduelle permettant une adaptation douce aux chan- gements, surtout de la part

des employés, et réduisant les oppositions. Je rajouterais à ces mesures, désormais courantes dans toutes les politiques de réforme, l'instauration d'un mécanisme d’évaluation régulière pour garantir que la réforme demeure en phase avec les réalités économiques et sociales du pays. Cela com- prend la mise en place d'indi- cateurs de suivi et l’organisa- tion de consultations pério- diques pour évaluer l'impact de la réforme sur les bénéfi- ciaires et ajuster les mesures si besoin. F.N.H. : Quel pourrait être l’impact macroécono- mique d’un retard dans la mise en œuvre des réformes des retraites sur la stabilité budgé- taire et la capacité d’in- vestissement public ? H. E. : Un retard dans la mise en œuvre des réformes des retraites pourrait avoir plusieurs impacts macro- économiques significatifs. Premièrement, le système des retraites par répartition pourrait devenir de plus en plus déficitaire, augmentant les pressions sur les finances publiques. Si les cotisations actuelles ne couvrent pas les prestations, l’État serait contraint de financer cet écart,

Le véritable enjeu de sa réussite réside davantage dans la méthode et la manière de mise en œuvre que dans le contenu de la réforme elle-même.

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