POLITIQUE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 9 JANVIER 2025
est sans appel : «le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale exprime sa vive préoccupation suite à la persistance de cer- taines autorités algériennes à poursuivre les actes d’ingé- rence dans les affaires inté- rieures de la République du Mali, empreints de paterna- lisme, de condescendance et de mépris». Les accusations sont graves : soutien logis- tique à des groupes armés, instrumentalisation du conflit pour maintenir une présence dans la région, et même com- plicité passive dans la propa- gation du terrorisme sahélien. Cette rupture marque la fin d’une ère pour Alger, qui a longtemps voulu se position- ner comme le médiateur privi- légié de la région. La réaction algérienne, plu- tôt que de reconnaître ses erreurs, a été marquée par l’arrogance. Le ministre algé- rien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a multiplié les déclarations condescen- dantes, affirmant que seule la médiation algérienne était légitime pour résoudre la crise au Sahel. Une posture immédiatement rejetée par
Bamako, qui voit désormais Alger comme un acteur dés- tabilisateur. «Le Mali n’est ni demandeur ni preneur de leçons de la part de l’Algérie», précise encore le communi- qué malien, soulignant la perte totale de crédibilité du régime algérien. Cette série de fiascos diplo- matiques révèle en réalité un malaise profond au sein du pouvoir algérien, dont la diplomatie fonctionne à l’émo- tion et à l’obsession. Que ce soit dans ses rapports hou- leux avec le Maroc, dans sa gestion maladroite des rela- tions avec Paris ou dans son autoritarisme condescendant envers Bamako, l’Algérie donne l’image d’un régime crispé, incapable de se réin- venter. Miné par des luttes internes entre cercles militaires et poli- tiques, le pouvoir semble navi- guer à vue, sans cap clair ni vision stratégique à long terme. La peur de la contesta- tion interne, notamment depuis le Hirak de 2019, pousse Alger à constamment chercher des ennemis extérieurs imagi- naires. Des ennemis imagi- naires comme le Maroc qui, lui, a su tisser des alliances solides avec plusieurs pays du continent, s'appuyant sur une diplomatie économique proactive, loin des postures rigides et belliqueuses de son voisin. ◆
Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères, symbole d'une diplomatie algérienne crépusculaire.
et Alger. Cette position a été perçue comme une prise de distance avec la posture tra- ditionnelle d'équilibre et a ali- menté la rhétorique hostile du régime algérien à l'égard de la France, amplifiant les tensions bilatérales. En parallèle, des campagnes de déstabilisation orches- trées par le régime, qui uti- lise des influenceurs algériens basés en France, ont renfor- cé l’image d’une diplomatie erratique. Depuis début jan- vier, trois influenceurs algé- riens ont été interpellés pour avoir appelé à la violence et à des actes terroristes sur le territoire français. Alger doit pourtant savoir que l'usage de relais médiatiques peu cré- dibles ne compense pas l'ab-
sence de résultats concrets dans la gestion des relations internationales.
Le Mali ou quand l’arrière-cour se rebiffe
Si l’Algérie a toujours cherché à s’imposer comme un acteur clé au Sahel, notamment via les Accords d’Alger de 2015, elle a récemment subi un camouflet retentissant de la part du Mali, dernier théâtre de l'amateurisme diplomatique algérien. Ce pays, autrefois dans l’orbite d’influence algé- rienne, a décidé de mettre fin à ces accords, dénonçant une ingérence persistante d’Alger dans ses affaires internes. Le communiqué publié le 1 er janvier courant par le ministère malien des Affaires étrangères
La relation entre Alger et Rabat est depuis longtemps marquée par des tensions extrêmes, mais celles-ci ont pris une ampleur inédite ces dernières années.
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