FNH N° 1019

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 15 AVRIL 2021

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Cryptomonnaies au Maroc

◆ Ovni de la planète finance, le bitcoin fait de plus en plus d’adeptes au Maroc en dépit de son interdiction par les autorités. ◆ Les transactions en bitcoin volent de record en record depuis le début de l’année. ◆ Pour certains décideurs, il est temps de créer une crypto réglementée. Le goût de l’interdit 2 021 s’annonce comme une grande année pour les cryp- tomonnaies. Et pas seulement pour le en progression exponentielle au Maroc depuis l’été 2019. s’il existe une monnaie digi- tale». Par Y. Seddik

cours du BTC. Ceci, avec des volumes qui croissent brutale- ment de semaine en semaine, malgré un bannissement des cryptos depuis 2017. Selon des données que nous avons pu récolter, les Marocains seraient en tête des échanges sur les plateformes de tran- sactions de gré à gré dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), notamment sur LocalBitcoin et Paxful. Ainsi, sur les 30 derniers jours, les Marocains auraient échangé l’équivalent de 1,5 million de dollars en bitcoins (soit 13 MDH), devant l’Arabie Saoudite avec 1,4 million de dollars ou encore les Émirats arabes unis qui canalisent un volume de 840.000 dol- lars américains. Sur la seule dernière semaine, les tran- sactions en dirham marocain totalisaient près de 343.725 dollars, soit plus de 3 MDH. L’évolution des volumes d’ac- tivité sur cette crypto, elle, est

Février 2021 a par ailleurs été le «meilleur mois de l'his- toire» de la plateforme au Maroc en termes de volumes de négociation, selon Jukka Blomberg, directeur marketing de LocalBitcoins, qui a déclaré qu '«environ 900.000 dollars de bitcoins avaient été échan- gés sur la plateforme tout au long du mois». LocalBitcoins a également enregistré une aug- mentation de 30% des inscrip- tions d'utilisateurs entre 2019 et 2020, avec plus de 700 nou- veaux comptes créés. Le numéro 1 des cryptos est-il insensible aux interdictions ? Visiblement oui. Faux danger ? Cet engouement sans précé- dent pour les cryptos interroge, alors que les transactions en monnaie virtuelle sont formel- lement interdites au Maroc et constituent officiellement une infraction à la réglementation des changes du pays. De l’avis de Badr Bellaj, co- fondateur de l’entreprise technologique Mchain, «la posture du Maroc envers les cryptomonnaies a un effet considérable sur l’essor de la technologie blockchain. Il faut savoir que celle-ci tire sa force de la finance (gestion de mon- naie). A titre illustratif, utiliser la blockchain comme canal de distribution des aides finan- cières au profit des ménages au Maroc n’est pertinent que

Pour lui, le Maroc est en train de se protéger contre un faux danger, celui des cryptomon- naies. Le développement de la technologie blockchain est dif- ficilement envisageable sans la promotion des cryptomon- naies qui font le lit de l’inno- vation. Le bon et le mauvais gras En parallèle avec cette inter- diction, la classe gouvernante marocaine n'est pas entiè- rement contre les initiatives blockchains. Bank Al-Maghrib (BAM), qui a toujours suivi d’un œil attentif les évolutions numériques mondiales, s’est inscrite dans cette lignée. En effet, un nouveau Comité institutionnel dédié à cette thé- matique vient de voir le jour au sein de la banque «Central BankDigital Currency» (CBDC). Objectifs : identifier et analyser les apports, les bénéfices ainsi que les risques d’une CBDC pour l’économie nationale; examiner en profondeur toutes les conséquences de la CBDC sur la politique monétaire, la structure de l’intermédiation bancaire, la stabilité financière et le cadre juridique. En substance, ce Comité a pour rôle d'identifier et analy- ser les avantages, mais aussi les risques d’une CBDC pour l’économie marocaine. Ce comité se chargera également de coordonner avec les auto- rités nationales les mesures à entreprendre au regard de

bitcoin qui a franchi le seuil des 60.000 dollars (564.000 DH l’unité) et dont la capitalisa- tion dépasse désormais les 1.000 milliards de dollars. En effet, depuis le début d’année, on entend parler à tout bout de champ des cryptomon- naies au Maroc. L’intérêt est à son paroxysme. Forcément, pour certains curieux initiés, cela donne envie de bazar- der son compte sur carnet ou autres types de placement et de prendre l’autoroute (incer- taine?) de la spéculation sur ces monnaies virtuelles dans l’espoir de devenir Crésus en une poignée de semaines. Une fièvre acheteuse a derniè- rement été observée au Maroc, parallèlement à l'explosion du

Sur les 30 der- niers jours, les Marocains auraient échangé l’équivalent de 1,5 million de dollars en bitcoins (soit 13 MDH), devant l’Arabie Saoudite avec 1,4 million de dollars.

Depuis le début de l'année, les

Marocains se ruent sur les cryptomon- naies, en particu- lier le bitcoin qui connaît une ascen- cion folle.

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