Carillon_2017_07_13

Augmentation du salaire minimum : Stéphane Jeaurond de Marché Lacroix à Hawkesbury s'inquiète de l'avenir de son entreprise si le salaire minimum passe à 15 $. Il craint aussi devoir augmenter ses prix. —photo Elise Merlin Pour Antonios Tsourounakis du Restaurant Déjà Vue, l'augmentation du salaire minimum en Ontario pourrait avoir un impact important sur ses prix, ce qui pourrait inciter ses clients à traverser au Québec. —photo Elise Merlin

ÉLISE MERLIN elise.merlin@eap.on.ca

sera active. « Je suis convaincue qu’il y a plusieurs entreprises qui vont fermer leurs portes », a-t-elle affirmé. Johanne Séguin s’inquiète de l’avenir de son entreprise, mais explique que l’augmen- tation pourrait se traduire par un décrochage scolaire de la part des étudiants. « Ça me touche énormément. De 50 % à 60 % de mes gains passent dans les salaires de mes employés. Donc, si j’augmente cela de 30 %, il faut aussi que j’augmente mes prix, a-t- elle rapporté. Avec un salaire élevé comme 15 $, un étudiant de 12e année qui n’aime pas trop l’école va être attiré à décrocher du milieu scolaire et à aller travailler directe- ment, au lieu d’aller à l’université », a-t-elle fait valoir. Jacques Lamoureux, un producteur et propriétaire bien connu de la région, pense que cette augmentation conduira au travail payé sous la table. Lui aussi fait entendre son mécontentement. « Ça va être affreux parce que ça vamotiver les gens à travailler au noir. Par exemple, moi, mon plus gros salarié ici, il travaille à 14 $ de l’heure. Le moins bon, faudra que je le paye à 15 $, donc l’autre voudra 18 $. Pour cela, il faudra que je vendemes fraises à 30 $ au lieu de 25 $ pour faire le même profit et ce n›est pas possible

étudiant. Et c’est logique aussi, a expliqué M. Jeaurond. L’étudiant qui est payé à 11 $, pour lui c’est un surplus, un gagne-pain. Il ne va pas forcément payer ses études avec son salaire. Quelqu’un qui n’est pas aux études, tu ne peux pas le faire vivre avec 11 $ de l’heure », a-t-il rétorqué. La solution pour le commerçant est simple : augmenter ses prix si l’augmenta- tion du salaire minimum a une trop grosse répercussion sur son commerce alimentaire. « Oui, lemonde va avoir plus d’argent, mais nous, pour survivre, il va falloir augmen- ter nos prix. Comme moi, par exemple. Je n’aurai pas le choix et je vais fermer les dimanches et les lundis. On verra bien ce que va donner comme résultat cette aug- mentation », a commenté le commerçant. Antonios Tsourounakis est l’un des propriétaires du restaurant Déjà Vue, à Hawkesbury. Il s’inquiète de perdre sa clien- tèle et que celle-ci décide d’aller du côté du Québec pour avoir des prix plus attrayants. « Il va y avoir une compétition plus forte avec le Québec. Cela va être avantageux pour plusieurs entreprises d’aller s’y établir. Ils pourront payer leur main-d’œuvre moins chère », a indiqué M. Tsourounakis, qui est aussi à la tête de la Chambre de commerce

de Hawkesbury. à son actif une quarantaine de salariés à l’année et 50 durant la saison estivale, croit, lui aussi, devoir hausser ses prix dès que l’augmen- tation du salaireminimumentre en vigueur. Il explique qu’ici, la région est petite par rapport à une grande ville comme Toronto. « C’est automatique, il va falloir augmen- ter nos prix, tout va être plus cher, donc finalement, ça ne sert à rien cette augmen- tation, a expliquéM. Tsourounakis. Il faudra aller chercher les sous quelque part. On pourra plus avoir des employés qui font rien ou garder les salariés pendant une période creuse, lorsqu’il y a moins de clients. Il faut qu’on revérifie tout. Mais si cela devient trop difficile, on devra couper des emplois. » Le décrochage scolaire Johanne Séguin est la dirigeante de la Buanderie Cayer sur la rue Main à Hawkesbury. Elle embauche une dizaine d’employés en fonction des saisons et s’inquiète beaucoup de l’avenir de sa petite entreprise familiale, qu’elle a achetée il y a quelques années avec son conjoint. Elle pense à couper les dons qu’elle faisait à plusieurs associations et aussi à limiter les cadeaux des employés quand l’augmentation Le restaurateur, qui compte

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, annonçait en mai dernier que le salaire minimum grimperait à 14 $ en janvier 2018 et à 15 $ l’heure dans la pro- vince en janvier 2019. Une proposition qui n’est tellement bien vue par des dirigeants d’entreprises de la région. Réactions. « Je trouve que c’est ridicule, a déclaré Stéphane Jeaurond, dirigeant du Marché Lacroix, à Hawkesbury. Il aurait fallu y aller par étape et augmenter graduellement de 50 cents par année, parce que là, c’est vraiment drastique. » M. Jeaurond emploie 14 personnes dans son marché à Hawkesbury. L’an dernier, il employait 19 personnes, mais il a dû réduire ses effectifs à cause du coût de la taxe d’eau. Il s’inquiète maintenant de l’avenir de sa petite entreprise et explique qu’avec cette augmentation, une injustice se fera sûre- ment ressentir du côté de ses employés. « La personne qui travaille à 15 $ de l’heure actuellement et qui est salariée depuis plusieurs années ne voudra pas être payée lemême salaire que la personne qui commence dans l’entreprise ou qu’un

Le Carillon, Hawkesbury ON.

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Le jeudi 13 juillet 2017

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