FNH N° 1168

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 10 OCTOBRE 2024

ECONOMIE

rants de cette feuille de route ambitieuse et de soutenir des leviers clés comme l'innovation et les startups. Cette mobilisation des res- sources illustre la volonté de l'État de donner une impulsion forte à cette stratégie digitale qui est une priorité nationale, afin de concrétiser la vision d'un Maroc numérique à hori- zon 2030. Le défi sera désormais de main- tenir cet effort budgétaire dans la durée et de veiller à une allo- cation optimale des fonds vers les projets les plus porteurs de valeur ajoutée, afin de produire un impact tangible et durable sur la digitalisation de notre économie et de notre société. F.N.H. : A votre avis, les objectifs tracés par la stra- tégie nationale sont-ils réa- lisables à l'horizon 2030 ? Y a-t-il des entraves qui peuvent ralentir cette transformation digitale ? M. T. : Les objectifs du plan Maroc Digital 2030, s'ils sont indéniablement ambitieux au regard d'où nous partons, me semblent néanmoins attei- gnables à horizon 2030 si tous les acteurs publics et privés concernés se mobilisent suffi- samment et si l'exécution de la stratégie est irréprochable. L'ambition d'intégrer le top 50 mondial en matière d'e-gouver- nement et de devenir le numéro 1 en Afrique est certes éle- vée, mais avec une digitalisa- tion massive, rapide et réussie des services publics les plus utilisés par les citoyens et les entreprises, c'est jouable. Cela demandera un leadership affir- mé au plus haut niveau de l'État, un portage interministériel fort incarné par l'ADD, et une trans- formation en profondeur des méthodes de conception des services, en mode agile et cen- tré sur les usages. Mais cela suppose d'abord de réussir la convergence des portails publics vers une pla- teforme unifiée, fluide et per-

sonnalisée, de type «gouverne- ment.gov.ma». Cela nécessite aussi de mettre à niveau les back offices, de former massivement les agents aux nouveaux usages numé- riques, d'interopérer les sys- tèmes, de mutualiser certains services communs comme l'identité ou le paiement en ligne. Les fondations techniques et méthodologiques existent, à l'instar de l’ADD, mais un effort budgétaire et humain consé- quent sera nécessaire. Pour les relever et atteindre nos ambitions, plusieurs risques potentiels devront être maîtri- sés. Le premier réside dans notre capacité à produire suf- fisamment de talents, en quan- tité et en qualité, pour répondre aux besoins exponentiels du marché, sous peine de ten- sions. Cela demandera un effort majeur d'orientation, de forma- tion initiale et continue et de reconversion vers les filières digitales. Le deuxième écueil possible concerne le financement pérenne de cette transforma-

tion d'envergure. Que ce soit pour mettre en place les infras- tructures cloud souveraines, subventionner les programmes de R&D et d'open innovation, amorcer des startups ou digi- taliser massivement des TPE/ PME, il faudra des ressources à la hauteur. Un fléchage accru des investissements publics et privés vers le secteur digital sera la clé. F.N.H. : Quels sont les atouts de ce programme ? Et que peut-il apporter concrètement en matière d'emplois, surtout chez les jeunes ? M. T. : Le plan Maroc Digital 2030 recèle de multiples atouts pour notre pays. Tout d'abord, il identifie avec justesse le digi- tal comme un levier transver- sal et puissant de développe-

ment économique et de pro- grès social, en ligne avec les hautes orientations Royales. Il définit une vision claire et par- tagée, des objectifs ambitieux et mesurables, et des axes d'intervention pertinents. Son approche holistique visant à la fois à doper la croissance de l'économie numérique et à améliorer l'expérience des usa- gers des services publics est parfaitement cohérente. Ensuite, la stratégie sectorielle est équilibrée, misant sur les métiers matures comme l'out- sourcing pour créer rapidement de l'emploi, tout en préparant l'avenir avec un fort soutien à l'entrepreneuriat digital inno- vant et à l'export de services à valeur ajoutée. Le renforce- ment de l'offre de formation est clairvoyant pour répondre aux besoins croissants en compé- tences. L'accent mis sur des technologies différenciantes comme l'IA ou la data science est aussi un atout pour posi- tionner notre économie numé- rique sur des créneaux por- teurs.

Si tous les acteurs publics et privés concernés se mobilisent suffisamment, les objectifs du plan Maroc Digital 2030 me semblent atteignables.

 Les technologies différenciantes comme l'IA ou la data science sont un atout pour positionner l’économie numérique sur des créneaux porteurs.

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