FNH N° 1168

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JEUDI 10 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

F.N.H. : La protection des données personnelles et la sécurisation des ser- vices numériques néces- sitent des normes strictes de cybersécurité. Selon vous, comment est-il pos- sible d'y parvenir ? M. T. : La cybersécurité et la protection des données privées sont en effet des enjeux majeurs et des prérequis de la confiance numérique. A l'heure où la digi- talisation s'accélère et où les cybermenaces se multiplient, aucune organisation publique ou privée, aucun citoyen, ne peut faire l'économie d'une prise en compte de ces risques dans ses usages quotidiens du numérique. C'est un défi plané- taire auquel le Maroc, à l'instar d'autres pays, doit faire face avec la plus grande détermi- nation. Le plan Maroc Digital 2030 apporte plusieurs réponses pragmatiques à ces enjeux complexes, dans une approche à la fois technologique et régle- mentaire. Sur le plan technologique, le développement d'un cloud sou- verain pour héberger les don- nées sensibles et critiques de l'État et des opérateurs d'im- portance vitale, est un choix stratégique fort. Il permettra de garder la maîtrise de ces don- nées régaliennes sur le terri- toire national, dans des data- centers sécurisés opérés par des acteurs de confiance. C'est un prérequis indispensable pour assurer notre souveraineté et notre résilience numérique dans un monde instable. La généralisation de standards élevés de cybersécurité par conception dans les systèmes d'information de l'État, comme le chiffrement, les architec- tures Zero trust ou la détection proactive des menaces, contri- buera aussi à mieux protéger les données des citoyens et des entreprises. Le renforcement de la Direction générale de la sécurité des systèmes d'infor- mation (DGSSI), en termes de moyens et d'expertise, est éga-

lement positif. Sur le plan réglementaire, la loi 09-08 relative à la protec- tion des données à caractère personnel a marqué une avan- cée importante pour aligner le Maroc sur les meilleurs stan- dards internationaux, à com- mencer par le RGPD européen. Cette loi, d'application directe, consacre des principes forts de consentement, de transpa- rence et de limitation des finali- tés de collecte, qui responsabi- lisent les organismes collectant des données privées, sous le contrôle de la CNDP. Son appli- cation effective est un facteur clé de confiance. Mais toutes ces mesures, indis- pensables qu'elles soient, ne suffiront pas si elles ne s'ac- compagnent pas d'un vaste effort de sensibilisation et de formation aux bonnes pratiques de la cybersécurité, qui est l'affaire de tous. Les pouvoirs publics ont là un rôle central de pédagogie dans la durée. In fine, la meilleure barrière res- tera celle de l'hygiène et de la vigilance numérique de chaque citoyen, administration et entre- prise dans sa vie numérique. F.N.H. : Maroc Digital 2030 est considérée comme étant une révolution en soi. L'innovation et la recherche sont deux fac- teurs nécessaires pour le développement de ce sec- teur. Comment le Maroc peut-il réussir ce chal- lenge ? M. T. : Pour réussir ce défi, le plan actionne plusieurs leviers complémentaires. Premièrement, le Maroc mise sur le renforcement de son éco- système de startups pour faire émerger des entreprises tech- nologiques innovantes. Le plan prévoit un fort soutien à l'en- trepreneuriat digital avec des mesures incitatives en termes d'accompagnement, de finan- cement et d'accès au marché : label startup, Bourses, fonds d'investissement, commande publique, soutien à l'export,

 Le plan prévoit la création de 270.000 emplois directs à horizon 2030 dans les métiers de l'outsourcing et de l'export de services numériques.

Un autre point fort est le mode d'élaboration participa- tif de ce plan, incluant l'en- semble des parties prenantes. Administrations, entreprises, fédérations professionnelles, universités…, tous ont été mis à contribution pour partager leurs attentes et propositions, au tra- vers d'ateliers thématiques et territoriaux. Cette co-construc- tion crée de l'engagement et facilite l'appropriation collec- tive des enjeux et leviers de cette transformation digitale. C'est un gage de succès. En matière d'emploi, le poten- tiel du digital est considérable, notamment pour les jeunes. Le plan prévoit ainsi la création de 270.000 emplois directs à horizon 2030 dans les métiers de l'outsourcing et de l'export de services numériques, où le Maroc a une vraie carte à jouer au vu de ses succès récents. Pour y parvenir, le programme mise avec raison sur la mon- tée en gamme vers des presta- tions à plus forte valeur ajoutée,

s'appuyant sur l'intelligence artificielle, et susceptibles de générer davantage d'emplois qualifiés pour les jeunes diplô- més. La labellisation des startups, la création d'un visa pour les talents étrangers de la tech, la simplification du cadre légal pour faciliter les levées de fonds, sont d'autres mesures judicieuses pour stimuler l'inno- vation entrepreneuriale et donc l'emploi digital. Des success stories inspirantes produiront un effet d'entraînement chez les jeunes aspirant à créer leur startup. Le plan mise sur une diver- sification des viviers et des modalités de formation, en s'appuyant d'une part sur un renforcement des capacités des écoles d'ingénieurs et uni- versités, mais aussi sur des parcours plus courts et pro- fessionnalisants de reconver- sion, tels que des bootcamps, des écoles de code ou des certifications qualifiantes. Cette agilité et cette ouverture des compétences seront un facteur d'inclusion pour des milliers de jeunes, quel que soit leur niveau d'éducation initiale ou leur localisation.

Le Maroc se donne les moyens de développer à grande échelle les talents nécessaires pour réussir son virage numérique.

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