FNH N° 1168

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JEUDI 10 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOCIÉTÉ

trop souvent les comporte- ments extrêmes pour gagner en visibilité : les actions «dan- gereuses» font souvent le buzz (beaucoup de «likes» et de partages). Cela rend ces comportements encore plus attrayants et nourrissants nar- cissiquement, puisque l’on peut rêver à une mini-célé- brité, de la reconnaissance, la gloire, l'admiration. Tout ce qui fait défaut à la personne, le mouvement de foule le lui vend comme étant possible et facilement accessible». Effet boule de neige Peut-on considérer que la pression sociale sur les réseaux incite les jeunes à s'engager dans des actions qu'ils considèrent comme ris- quées ou nuisibles ? Selon la spécialiste, «la normalisation de ces actions sur les réseaux sociaux crée une perception erronée de leur non-dangero- sité. Si ces actions sont pré- sentées comme courantes, «normales», il est logique de penser qu’elles ne sont pas dangereuses. La peur qui constituerait un frein en temps normal n’existe plus, rendant ces actions encore plus susceptibles d'être reproduites. Enfin, l’anonymat (beaucoup de jeunes ont de faux comptes) et la distance que permettent les réseaux sociaux (le virtuel n’est pas le monde réel) conduisent à une désinhibition, pouvant amener les jeunes à agir impulsive- ment sans réfléchir aux consé- quences de leurs actes». Les réseaux sociaux peuvent diffuser des informations inexactes ou biaisées concer- nant les opportunités à l'étranger, créant une percep- tion faussée des avantages de l'immigration irrégulière. Ces «fake news» peuvent par conséquent jouer un rôle dans la formation de mouvements de foule. Ghizlane Ziad estime que les

 Les «fake news» peuvent jouer un rôle dans la formation de mouvements de foule.

es événements survenus le 15 septembre au Maroc ont fait couler beaucoup d’encre aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Des appels massifs ont circulé sur les réseaux sociaux, incitant de nombreux migrants à tenter de rejoindre l’Espagne en tra- versant la mer Méditerranée depuis Fnideq. Si ces incidents ont soulevé plusieurs questionnements autour des ambitions d'une grande partie de la jeunesse marocaine, habitée par l'idéal En septembre dernier, le Maroc a été le théâtre d'une série d'événements liés à l'immigration irrégulière, en particulier dans la ville de Fnideq, située près de la frontière avec l'Espagne. Des centaines de migrants motivés par des posts circulant sur les plateformes sociales ont tenté une migration collective vers l’enclave occupée de Sebta. Les dérives des réseaux sociaux Par M. Boukhari L Incidents de Fnideq

d'un avenir meilleur à l'étran- ger, plusieurs experts se sont penchés sur une probléma- tique encore plus complexe : la manipulation de masse via les réseaux sociaux. En effet, sur les espaces virtuels, certains groupes exploitent la vulnérabilité et les aspirations des jeunes pour promouvoir l'immigration irrégulière comme solution à leurs difficultés. Ainsi, des centaines de milliers de posts ont circulé à ce sujet, souvent en jouant sur les frustrations économiques ou sociales, ce qui a conduit à une mobilisa- tion ahurissante. «Le besoin d’acceptation, du fait d’un psychisme encore en construction, fait des jeunes

une population vulnérable car facilement influençable. Les jeunes, de par leur iden- tité en construction, sont en recherche d'acceptation, de validation et pour ce faire, se conformer aux normes sociales affichées est la meil- leure manière de s’intégrer dans un groupe, d’être adopté par une communauté» , affirme Ghizlane Ziad, psychologue clinicienne spécialisée en pathologie clinique et clinique sociale. Et de poursuivre : «Le fonc- tionnement même des réseaux sociaux nourrit ces besoins de reconnaissance et d’appartenance. La valo- risation de l'image sur les réseaux sociaux encourage

La propagation rapide de l'information amplifie les émotions, engendrant des réactions collectives plus intenses qu’elles ne le seraient au niveau individuel.

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