FNH N° 1026 _1

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 ET VENDREDI 11 JUIN 2021

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Surendettement des entreprises

◆ L’endettement des PME serait sous-évalué au Maroc. ◆ Les derniers chiffres de BAMmontrent que le taux des créances en souffrance des entreprises non financières privées est supérieur à celui des ménages. Le mal est beaucoup plus profond

garantis par l’Etat via la CCG, serait un exercice incomplet. Pour rappel, en mai 2021, l’argentier du Royaume a fait savoir au Parlement que 96.000 prêts ont été garantis par l'Etat pour un montant de près de 67 milliards de DH, notamment dans le cadre des programmes «Damane Oxygène» et la «garan- tie autoentrepreneurs Covid-19.

Une situation qui persiste depuis fort longtemps Interrogé sur le niveau d’endet- tement des entreprises, Zakaria Fahim, expert-comptable et Managing partner du cabinet BDO Maroc, conforte la décla- ration du patron de la CGEM. «Le surendettement affecte beaucoup d’entreprises depuis très longtemps. L’ampleur du phénomène est beaucoup plus impor- tante si l’on intègre les cré- dits interentreprises non pris en compte par certains chiffres officiels», explique le commissaire aux comptes. En se référant à la dernière Revue mensuelle de BAM por- tant sur la conjoncture écono- mique, monétaire et financière de mai 2021, l’on s’aperçoit que les créances en souffrance ont augmenté de 8,6% pour les entreprises non financières privées, avec un ratio de 11,4% (contre 9,9% pour les ménages en avril 2021). Le ratio des cré- dits en souffrance renseigne sur les difficultés des entreprises à honorer leurs engagements en matière de remboursement de prêts bancaires. «L’endettement des PME est sous-évalué au Maroc» , confie Zakaria Fahim. Il va jusqu’à mentionner un suren- dettement masqué à cause, entre autres, de l’existence d’emprunts auprès d’un ou des associés et de la dette fournis- seur des TPME. Par ailleurs, aborder le sujet de l’endettement des entreprises dans le contexte actuel sans évoquer les crédits Damane Oxygène et Damane Relance,

Selon Zakaria Fahim, avec les

crédits ‘Damane’, Il faudra s’attendre à une casse en matière d’impayés.

L’effet des crédits «Damane » ?

A la question de savoir si les crédits dénommés Damane ont contribué au surendettement des entreprises, notre interlo- cuteur rétorque par l’affirma- tive. «Beaucoup d’entreprises ont été mises sous perfusion grâce aux crédits ‘Damane’. Je dirais même c’est l’arbre qui cache la forêt. Sous prétexte de la crise, les sociétés ont béné- ficié d’un sursis sur l’endette- ment. Il faudra donc s’attendre à une casse en matière d’im- payés» , prédit l’ancien président de la Commission au sein de la CGEM. Fahim alerte égale- ment sur d’éventuels nouveaux reports d’échéances de paie- ment de crédits bancaires au profit des entreprises. Notons que dans certains pays euro- péens, les entreprises en sur- veillance ou en redressement ont obtenu un moratoire de 2 ans pour le remboursement de certains crédits. Au final, le surendettement limite la capacité d’endettement d’une entreprise qui a besoin de financements pour se dévelop- per et gagner des parts de mar- ché au Maroc ou à l’étranger. ◆

risme et son écosystème, les industries culturelles et créa- tives et la restauration. D’où la pertinence de s’interroger sur le niveau d’endettement des entreprises marocaines. En clair, le niveau d’endettement des TPME est-il préoccupant ? Il y a lieu de rappeler tout de même que plusieurs mesures ont été prises au cours des dernières années dans l’op- tique de faciliter l’accès des entreprises aux crédits ban- caires. Citons à ce titre l’opération- nalisation du nouveau sys- tème des sûretés mobilières, l’élargissement du collatéral, l’accroissement du plafond du microcrédit à 150.000 DH au profit des TPE ainsi que la mise en place en 2014 du fonds de soutien financier des TPME. A ces mesures, se sont ajoutés récemment les crédits ban- caires garantis par l’Etat via la CCG dans le contexte covid- 19 (Damane Oxygène, Damane Relance).

C’ est un euphé- misme de dire que 2020 et 2021 n’ont pas été des années propices pour l’essor de bon nombre d’entreprises, créa- trices de valeur ajoutée pour l’économie nationale et de postes de travail. Il y a quelques mois, pour beaucoup de chefs d’entreprise, la priorité absolue était la survie de leur boîte en raison des incertitudes liées à la crise liée à la Covid-19 qui, fort heureusement, perd du terrain au Maroc et dans plu- sieurs pays. Lors de son dis- cours prononcé le 21 mai 2021 dans le cadre de la plateforme CGEM-Gouvernement, le pré- sident de la CGEM, Chakib Alj, a alerté sur le surendettement des entreprises, notamment celui des TPME qui s’accen- tue avec la prolongation de la crise, en particulier pour cer- tains secteurs comme le tou- Par M. Diao

Le ratio des crédits en souffrance renseigne sur les dif- ficultés des entreprises à honorer leurs engagements en matière de rembourse- ment de prêts bancaires.

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