FNH N° 1026 _1

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TRIBUNE LIBRE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 ET VENDREDI 11 JUIN 2021

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sortir de la situation «de ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien», expression utilisée par une personne consultée, la commission a suggéré de «…réorgani- ser le parcours scolaire et le système d’évaluation pour assurer la réussite de chaque élève». Assurer le succès scolaire est un objec- tif central de la réforme éducative retenu déjà de manière solennelle en 2000 dans le cadre de la charte de l’éduca- tion. A l’opposé, on a enregistré des niveaux élevés de déficits des acquis et des abandons scolaires importants; ils ont connu une aggravation en 2018 et encore davantage au cours de 2020 avec la gestion de la pandémie. Par ailleurs, la commission du modèle de développent a recommandé d’agir sur cinq composantes : développer un préscolaire de qualité en privilégiant l’épanouissement de l’enfant accom- pagné par un personnel éducatif bénéficiant de formations certifiantes. Malheureusement, ceux qui connaissent la situation du préscolaire diraient que c’est hors de portée actuellement. Sur un autre plan, la commission a préconisé, notamment, le renforcement de l’effectif du corps des conseillers d’orientation et l’ouverture sur le monde professionnel pour faire découvrir aux jeunes les métiers et les opportuni- tés de carrière et renforcer le système d’orientation scolaire à travers la mise en œuvre du projet personnel de l’élève. Par rapport à la question de l’orienta- tion scolaire et professionnelle, ce que devraient savoir les membres de la commission, c’est que les conditions de l’encadrement et de choix pour assurer une orientation adéquate sont inexis- tantes et que l’unique institution de formation des orienteurs (le COPE) est très mal menée par les responsables actuels. Sous le prétexte d’appliquer les «instructions royales» , ils ont multiplié les effectifs par dix et ont démarré la formation au milieu de l’année – du coup ils ont réduit la durée de formation de manière dramatique –, avec un encadre- ment professoral et administratif forte- ment en baisse. La demande de la com- mission de «… mettre à sa disposition au sein des établissements scolaires (primaire et secondaire) des spécia- listes de la remédiation, notamment des orthophonistes, des psychopédagogues et des assistants pédagogiques» dans

les conditions actuelles est tout simple- ment irréelle. En ce qui concerne la formation pro- fessionnelle, il est proposé de rendre l’enseignement professionnel une filière «attractive offrant des débou- chés concrets sur le marché du travail» . 20% des élèves des collèges et lycées devraient suivre la formation profession- nelle, contre respectivement 1% et 5% aujourd’hui. Ce que savent ou ne savent pas les membres de la commission, c’est que cette orientation a été initiée avec la réforme de la formation professionnelle au milieu des années 80 du siècle pré- cédent. La mauvaise surprise appor- tée par les résultats des premières enquêtes d’insertion a montré que les taux de chômage des diplômés sont élevés, et que même ceux qui ont été insérés recevaient des salaires moyens très peu valorisants. L’augmentation de l’attractivité nécessitera beaucoup

plus que des mots. La situation risque d’être plus préoccupante avec les effets de la crise économique et l’accroisse- ment à grande échelle des effectifs de la formation professionnelle. En fait, les perspectives d’insertion profession- nelles sont préoccupantes globalement et pour la majorité des diplômés. • Une réforme profonde des pro- grammes non réalisée ! La commission du modèle de déve- loppement a été catégorique en affir- mant que : «L’école marocaine doit opérer une modernisation profonde de ses programmes et de ses approches pédagogiques pour entrer pleinement dans le 21ème siècle» . Pour y parvenir, elle propose, notamment, de dévelop- per la recherche et l’expérimentation éducative, de rénover les méthodes d’enseignement sur des bases scien- tifiques; de réviser les programmes et de promouvoir la réflexion autonome…

20% des élèves des collèges et lycées devraient suivre la formation

profession- nelle, contre respective- ment 1% et 5% aujourd’hui.

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