FNH N° 1026 _1

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TRIBUNE LIBRE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 ET VENDREDI 11 JUIN 2021

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En particulier, aucune indication n’est fournie sur le pourquoi de l’échec (ou de la non mise en œuvre) sur une période aussi longue. Il est primordial de consacrer l’étu- diant au centre du fonctionnement des établissements, d’insister sur la révi- sion des programmes d’enseignement et d’articuler la formation aux besoins et les perspectives de l’insertion dans le monde du travail. Cette orientation et discours à quelques mots près a été déjà mise en avant dans des docu-

ments du CNJA - initiative de feu Hassan II et présidé par le pré- sident actuel du Parlement - il y a plus de 27 ans. La liberté des étudiants de choisir leur univer- sité indépendamment de leur lieu de résidence est une nouveauté. En revanche, ce qui a été pro- posé pour le financement des éta-

La liberté des étu- diants de choisir leur université indépendamment de leur lieu de résidence est une nouveauté.

blissements d’enseignement supérieur publics reste assez fidèle à ce qui a été proposé dans la charte de l’éducation il y a 21 ans. En conclusion, pour l’essentiel, les pro- posions avancées par la commission du modèle de développement corres- pondent à des projets et programmes déjà initiés depuis le démarrage de la mise en œuvre de la charte de l’édu- cation en 2000 et repris dans le pro- gramme d’urgence (avec parfois plus de détails et de technicité). Rien vraiment de nouveau. En général, les résultats de la réforme ne sont pas du tout concluants. Aussi, on peut se deman- der légitimement qu’est-ce que prévoit et propose la commission qui pourrait faire la différence : changer le sentier de l’échec par un sentier de la réussite ? Il est regrettable que la commission ne se soit pas autorisée (malgré l’invitation à la franchise et l’audace) à interroger les responsabilités et la redevabilié d’une orientation-gestion centrale d’un dos- sier qui a toujours été entre des mains souveraines et confié à des proches du Palais. La réforme de la Constitution qui introduirait la responsabilité et la rede- vabilité dans la gestion des affaires et politiques publiques, a été considérée comme un tabou et écartée, laissant tout le projet du développement (les choix, les priorités, le suivi) entre les mains de l’exécutif réel sans mécanisme de reddition et de contrôle. Très lourde responsabilité historique ! ◆

ce modèle. Ils favoriseraient «l’éclosion d’une société innovante et prospère, arrimée à l’économie du savoir» . Pour avancer dans ce sens, la commission a préconisé une modernisation des éta- blissements d’enseignement supérieur publics et privés en visant le relèvement de leur performance et une valorisation des filières de la formation profession- nelle et des modes d’apprentissage. Ceci est supposé rendre les perspec- tives d’insertion dans le marché du tra- vail plus grandes. Pour parvenir à cette fin, la commission a formulé quatre pro- positions énoncées comme suit: • assurer l’autonomisation des établis- sements d’enseignement supérieur; • mettre l’étudiant au centre des réformes et des mesures de perfor- mance de l’enseignement supérieur et professionnel; • renforcer la valorisation de la forma- tion professionnelle et; • impulser la recherche scientifique à travers un mécanisme de financement et d’évaluation indépendant. La connaissance même élémentaire de ce qui a fait partie de la politique éducative au cours des 20 dernières années, permet de dire que ce qui est proposé n’a rien de nouveau ni d’inno- vant. L’autonomie de l’enseignement supérieur est supposée avoir déjà été concrétisée. Si elle n’a pas été réalisée, c’est que nous sommes en présence d’un échec qui mérite d’être explicité,

compris pour entamer les correctifs requis. Or, le rapport se limite à envisa- ger une «nouvelle gouvernance» s’ap- puyant sur «un système de pilotage des établissements universitaires…». Et l’adoption de contrats pluriannuels entre les établissements et l’État. Les éléments de contractualisation portent sur la production de publications et de brevets, l’attractivité et l’employabilité des étudiants… On se demande com- ment ces objectifs (résultats) difficile- ment chiffrables (et estimables) seraient pris dans des engagements contrac- tuels, sachant aussi que la contrac- tualisation est parmi les projets qui ont connu le plus de mal à être mis en œuvre dans le cadre de la réforme éducative. Les structures de gestion comme le conseil d’administration des établissements du supérieur sont sup- posées évoluer d’une situation «plétho- rique actuelle vers une structure simple et efficace». Contrairement à la pratique courante actuelle, le recrutement des dirigeants est supposé se baser dans le futur sur les performances, les résul- tats et la redevabilité. Comme nous l’avons déjà mentionné précédemment, l’essentiel des propositions faites pour assurer «la rénovation éducative» ne sont ni nouvelles, ni innovantes; elles sont généralement peu précises et ne tiennent pas compte de la très longue expérience de tentatives de réformes pilotées centralement et non abouties.

L’école maro- caine doit opérer une moderni- sation pro- fonde de ses programmes pour entrer pleinement dans le 21 ème siècle.

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