FNH N° 1079

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 7 OCTOBRE 2022

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Resserrement monétaire

◆ Demande intérieure, crédits bancaires, investissements, consommation, Bourse, financement du Trésor…, la nouvelle politique de Bank Al-Maghrib impacte aussi bien l’activité économique que financière. Explications. L’étendue de la nouvelle politique de BAM

Capital. Pour lui, «les effets de second tour devraient se manifester d’une manière plus légère au niveau de la demande globale, à savoir l’investissement et la consommation des ménages» . C’est dans ce sens que la Banque centrale a revu encore une fois à

la baisse ses projections de crois- sance en 2022. Celle-ci devrait s’éta- blir à 0,8% contre 1% initialement. Il faut dire que l’économie marocaine demeure fragilisée en 2022 par une faible campagne agricole de 32 MQx contre un record de 103 MQx en 2021, et un contexte international défavorable. En 2023, la croissance marocaine devrait s’établir à 3,6%

Les taux de rému- nération réels au Maroc se retrouvent en territoire négatif depuis le premier trimestre 2022.

contre 4% initialement, subissant les effets restrictifs de la hausse du taux directeur sur les canaux de la consommation et de l’investissement. «L’impact sur la cible finale qu’est l’infla- tion, ne devrait, à mon sens, pas être très significative, compte tenu des origines des pressions qui sont plus liées au renchéris- sement des importations et des coûts de production» , assure Zhani. À ce stade, la question est de savoir à quel point ces prix élevés vont peser sur l'économie réelle et les consommateurs, au point d'écraser la demande, qui sera aussi pénalisée par le durcissement des condi- tions de crédit et de financement. La Bourse flanche Passons maintenant aux marchés finan- ciers où la pilule du nouveau virage moné- taire de BAM a été plutôt dure à avaler par les différents opérateurs. En Bourse, cette décision a pesé sur le moral des investisseurs qui y ont vu un risque sur la croissance et un facteur limitant l’arbitrage en faveur du marché actions, alors qu’ils s’attendaient à une hausse moins marquée du taux directeur aux alentours de 25 pbs. En 3 séances, l’indice principal a lâché plus de 4% en ligne droite. Les dégagements ont concerné les secteurs du ciment, l’im-

de près aux impacts multi-échelles de la hausse du taux directeur tant sur le marché des capitaux que sur l’économie réelle. Sur cette dernière, l’impact à court terme devrait, a priori, être restrictif sur la demande intérieure à travers le canal des crédits bancaires. D’ailleurs, tenant compte du resserrement attendu des conditions de financement de l’économie, BAM s’attend à une évolution modérée des crédits bancaires, soit de 4% en 2022 et de 3,6% en 2023, niveau faible pour soutenir une économie toujours en sortie de crise. Le déficit de liquidité, quant à lui, devrait se creuser à près de 90 Mds de DH en 2023, reflétant principalement la progression de la monnaie fiduciaire à moyen terme, alors que les réserves de change devraient continuer à se raffermir sur le même horizon. «Le retour à une politique monétaire res- trictive impacte dans un premier temps les conditions de financement de l’économie, notamment les taux débiteurs bancaires et ceux relatifs aux émissions obligataires et aux TCN» , nous explique sur ce point Ahmed Zhani, économiste en chef de CDG

C’ est une première depuis 2008 : Bank Al-Maghrib a décidé de relever son taux directeur de 50 pbs à 2%. L’institution a finalement penché en faveur du soutien de la sta- bilité des prix au Maroc. Cette décision atteste d’un changement de perception de BAM quant au caractère «transitoire» de l’inflation au Maroc. Désormais, l’institution veut à tout prix combattre l'inflation du moment, attisée par la guerre en Ukraine, et empêcher qu’elle ne s'enracine dans l'économie. «En adoptant un tel revirement de sa politique monétaire, Bank Al-Maghrib opte pour un resserrement à la fois fort et rapide. L’objectif étant de faire face aux risques inflationnistes qui pourraient peser sur les perspectives de croissance à long terme», ont écrit, dans une note, les ana- lystes de AGR. Maintenant que l’on a la certitude que la politique monétaire devra être restrictive pendant un certain temps pour que l'infla- tion revienne à l'objectif, intéressons-nous Par Y. Seddik

Tenant compte du resserrement attendu des conditions de financement

de l’écono- mie, BAM s’attend à

une évolution modérée des crédits ban- caires, soit de 4% en 2022.

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