FNH N° 1079

VENDREDI 7 OCTOBRE 2022 / FINANCES NEWS HEBDO

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rejeter, c’est-à-dire moins gaspiller. C’est à ce titre que nous avons lancé une campagne importante intitulée «’’Stop au gaspillage’’» , note-t-il. En cela, fait remarquer le ministre, «nous nous retrouvons parfois avec beau- coup d’eau au niveau des grands barrages que nous sommes obli- gés de rejeter en mer afin d’éviter les risques de destruction de ces ouvrages suite aux inondations qui peuvent subvenir». Ainsi, fait-il savoir, «1 milliard de mètres cubes d’eau est rejeté en mer tous les ans au Maroc. En 2022, malgré la faible pluviométrie et la baisse des apports, nous avons lâché 500 millions de m 3 au niveau du barrage Wahda». Multiplication des initiatives Face au déficit hydrique sévère qui frappe le Maroc, les pouvoirs publics multiplient les initiatives. Actuellement, pas pas moins de 16 barrages sont en cours de construc- tion. «Nous allons également démar- rer une opération de transfert de l’eau disponible à partir du bas- sin de Sebou et du Bouregreg. De cette manière, des villes comme Casablanca pourront être mieux sécurisées sur le plan hydrique» , confie Baraka. Les actions portent aussi sur le dessalement de l’eau de mer, la réutilisation des eaux usées, une meilleure connexion entre les diffé- rents bassins, une meilleure valo- risation des ressources en eau dans le secteur agricole et dans les zones industrielles, la protection des nappes phréatiques… En cela, «nous sommes en outre en train de car- tographier et de répertorier les dif- férentes nappes phréatiques. Nous réfléchissons également à la pose de compteurs au niveau des puits afin de rationaliser leur exploitation» , souligne le ministre, qui a tenu à saluer les efforts du Groupe OCP en matière de promotion de la tech- nique de dessalement de l’eau, étant donné que tous ses sites industriels seront alimentés, à terme, unique- ment par des stations de dessale- ment dédiées. Pour Baraka, l’action publique ne saurait cependant suffire pour faire face à cette problématique de l’eau

qui va perdurer et qui risque de s’ag- graver. C’est pourquoi il appelle à la mobilisation de tous les citoyens.

de réduire cette dépendance vis-à- vis de cette variabilité des apports. Pour le patron de l’ONEE, l’avenir du Maroc est dans les technolo- gies innovantes. Autrement dit, le dessalement. Cela tient au fait que le Maroc a fait des «pas de géant» dans ce domaine. «Auparavant, le coût de production du mètre cube était trop élevé en raison du prix de l’énergie (qui représente 45% du coût de production du mètre cube). Actuellement, ce n’est plus le cas, d’autant qu’avec les avan- cées réalisées par le Royaume dans le domaine des énergies renouve- lables, le kwh est très compétitif». Les propos de Mohammed Jalil, expert hydrologue, vont dans le même sens : «la variabilité clima- tique va s’exacerber, et c’est un phénomène mondial». «Le change- ment climatique a pour conséquence des risques de crises majeures aux- quelles le Maroc doit se préparer», ajoute-t-il, d’où la «nécessité de placer la question de la variabili- té hydrique au centre des priorités nationales». Si Mohammed Jalil adhère au dessa- lement, il relève néanmoins que cette technologie a un effet certain sur l’explosion des coûts énergétiques. C’est pourquoi il appelle à «réfléchir davantage à l’utilisation de l’énergie nucléaire afin de pouvoir dessaler à moindre coût». Le constat est là : politiques, pou- voirs publics, opérateurs privés, experts…, tous reconnaissent que le Maroc est dans une situation d’urgence hydrique extrême. Tous reconnaissent aussi qu’il ne faut pas seulement agir sur l’offre, mais éga- lement sur la demande, en sensi- bilisant notamment les populations. Car, in fine, les politiques publiques déployées n’auront véritablement d’effet que si les citoyens y adhèrent. C’est l’un des messages forts de ce Symposium de l’eau qui a été de haute facture, le niveau des débats ayant été relevé par la qualité des intervenants. Seul bémol, qui n’a cependant rien enlevé à la réussite de l’événement : l’absence remarquée des ministères de l’Agriculture et de l’Energie, pourtant bien au cœur de cette problématique de l’eau. ◆

Urgence dans la région Casablanca-Settat

La consommation en eau au niveau de Casablanca-Settat est la plus élevée du Royaume. Cette région est très touchée par le stress hydrique. «En 2025, est attendu un déficit de 330 millions de m 3 , qui va être porté à 417 millions de m 3 en 2030 si rien n’est fait» , alerte Abdellatif Maâzouz, qui appelle à agir urgemment. Le président de la région assure qu’il a pris la mesure de la gravité de la situation, puisque «9 Mds de DH ont été mobilisés à ce titre dans le cadre du Programme de développement régional». D’ailleurs, «un programme d’une quarantaine de petites et moyennes stations de dessalement a été lancé pour 1,4 Md de DH», poursuit-il. Il est aussi question d’améliorer le réseau de distribution de l’eau potable pour réduire les pertes estimées actuelle- ment à 20%. De même, «nous sommes en train de mettre en place deux grands collecteurs qui permettront la récu- pération et le recyclage de l’eau. A ce titre, une ville aussi verte que Rabat, qui dispose d’un collecteur très efficient, représente, pour nous, un véritable exemple à dupliquer pour notre région» , estime Maâzouz, qui conclut que «la problématique de l’eau est aujourd’hui sérieusement prise en charge aux niveaux central, régional et local». Le dessalement, l’alternative Le problème de l’eau n’est pas spé- cifique au Maroc, c’est une problé- matique mondiale. Pour le Directeur général de l’ONEE, Abderrahim El Hafidi, «les facteurs exogènes, comme le changement climatique et la sécheresse, tendent à montrer que notre modèle de gestion hydrique a montré ses limites, puisqu’il dépend de facteurs sur lesquels on n’a pas de maîtrise». Rien que pour la production de l’eau potable, le Maroc dépend à 97% des eaux de barrage et des eaux souter- raines, fait-il savoir. D’où la nécessité

Le change- ment clima- tique a pour conséquence des risques

de crises majeures

auxquelles le Maroc doit se préparer.

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