Paroles d’artistes JOANNA LA GESSE, L’ESSENCE DE L’ILE SOUS SON PINCEAU
Quel artiste (mauricien ou étranger) du passé aimerais-tu rencontrer ? Aucun. Je ne ressens pas le besoin de rencontrer un/e artiste dont j’aime les créations. Son travail m’apporte tout ce qu’il faut. Qu’il s’agisse d’une réflexion ou d’une émotion ... Eventuellement je prendrais un thé avec Malcolm de Chazal. Parce que j’aime le thé et les illuminés. Mais je crois qu’il m’énerverait vite. Les intel- lectuels m’ennuient après dix minutes. Je suis beaucoup dans ma tête et c’est agréable d’en sortir. Du coup, les gens terre à terre me rassurent. Mais je ne perdrais pas trop de temps avec eux, non plus. J’aime bien être seule avec mon imagination. Je m’amuse en ma compagnie. Interagis-tu avec le monde numérique/la technologie dans ton travail ? Pas dans la peinture pour l’instant mais dans d’autres do- maines, oui. As-tu déjà eu un moment où tu as entièrement remis en question ta carrière ? Tout le temps. Je ne sais même pas si j’ai une carrière et si je suis vraiment artiste. Ou autre chose ? J’écris aussi, j’enseigne le yoga, je crée des carnets...Pour les puristes, je ne suis probable- ment pas une artiste. Quelle est ta routine quotidienne lorsque tu travailles ? Un peu désordonnée et je n’en suis pas fière. J’essaie d’y remé- dier. Je travaille par phase et par projets. Et sur plusieurs peintures en même temps. En ce moment, je peins plutôt le matin dans mon atelier-bureau parce que la lumière entre dans la maison. Je me prépare des boissons stimulantes pour prendre de l’élan. J’alterne le thé, le café avec des carrés de chocolat. Quels conseils donnerais-tu à un jeune artiste qui vou- drait suivre tes pas ? Je ne me sens pas capable de donner des conseils car j’en ai moi- même besoin. Et je ne conseillerais pas de suivre mes pas. Je ne vis pas encore de mes créations. // PHOTOS : Karl Ahnee
Pourquoi aimes-tu ce que tu fais ? Parce que j’aime raconter des histoires. Avec des formes, des couleurs et des mots. J’aime partager mes découvertes person- nelles, mes lubies et mes ressentis. La peinture, c’est, pour moi, une façon de célébrer cette étonnante expérience de la vie. Quand je peins, je me retrouve dans un espace léger et lu- dique. Le temps ralenti et une forme de douceur s’installe. Pinceau en main, je peux fredonner de manière répétitive le refrain d’une chanson, comme un disque rayé, pendant des heures. C’est un état d’ébriété créative. Il y a quand même des moments de frustration quand je n’arrive pas à créer ce que je souhaite. Ce n’est pas parce qu’on fait ce qu’on aime que c’est facile à faire. Y a-t-il un avantage à être une femme artiste ? Je ne pense pas. Mais tous les artistes ont des qualités féminines comme une grande sensibilité, de l’intuition et de la réceptivité. Un compliment qui te fait fondre ? Les compliments ne me font pas fondre. En ce qui concerne mon travail, si on me fait un compliment sincère, ça me réconforte dans l’idée que quelqu’un me comprend, peut-être, un peu. À quel point l’île Maurice est une source d’inspiration pour toi ? Le paysage de l’île m’inspire. Il est joyeux, là où je vis, à la « campagne ». J’habite à quelques minutes de la mer. Je suis souvent dehors, entourée par les arbres, les fleurs et les oiseaux. J’aime ob- server la texture du ciel et l’eau bleue verte du lagon. J’aime voir se promener, sur l’horizon, les nuages paresseux ou fiévreux. J’aime regarder la danse cyclique de la lune et du soleil. J’aime être sur- prise par la musique intermittente des feuillages dans le vent des tropiques.
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