Macondé, héritage et spectacle grandiose
EVASION - À l’extrême sud de l’île Maurice se dresse le majestueux promontoire de Macondé, véritable sentinelle rocheuse entre Le Morne et Baie du Cap. Ce site remarquable, battu par les flots impétueux de l’océan Indien, constitue désormais une étape incontournable pour les voyageurs sillonnant cette portion méridionale de l’île, avant de rejoindre les établissements luxueux de Bel Ombre.
La route sinueuse qui épouse les courbes du littoral mauricien, entre le bleu profond du lagon et la végétation luxuriante des ver- sants montagneux, franchit ce cap par un impressionnant virage en épingle à cheveux. Le site offre un panorama d’exception : d’un côté l’immensité de l’océan Indien, de l’autre une baie majestueuse nichée au pied des re- liefs escarpés. Les recherches historiques révèlent que ce lieu emblématique portait initialement un tout autre nom. Sur la carte dressée par l’Abbé de la Caille en 1753, ce promon- toire était désigné sous l’appellation «Cap Brabant» - témoignage de l’influence euro- péenne dans la toponymie insulaire. Ce n’est que plus tard qu’il adopta sa dénomination actuelle, «Macondé», empruntée aux Ma- kondés, peuple bantou d’Afrique australe principalement implanté entre le sud-est tanzanien et le nord mozambicain.
Cette évolution toponymique s’inscrit dans un contexte historique particulier. Se- lon les récits locaux, ce promontoire au- rait servi de refuge aux esclaves marrons fuyant les plantations coloniales. Cette hy- pothèse confère au site une dimension mé- morielle supplémentaire, en tant que lieu de résistance et d’espoir pour ces hommes et femmes en quête de liberté. L’isolement géographique de cette por- tion côtière a perduré jusqu’aux années 1920, date des premiers travaux routiers d’envergure dans la région. Néanmoins, cette voie primitive demeurait fragile face aux caprices des éléments : submergée lors des fortes tempêtes, envahie par les eaux de ruissellement dévalant des hauteurs lors des épisodes pluvieux intenses. Il aura fallu attendre les aménagements contemporains, notamment l’édification d’un pont surélevé, pour sécuriser définiti-
vement ce tronçon routier. Cette prouesse technique a transformé l’ancienne voie pé- rilleuse en un itinéraire touristique de pre- mier plan. En haut, c’est la récompense. L’océan joue sa symphonie en bleu majeur. Les vagues s’écrasent sur les rochers comme des supporters en délire. Le vent sculpte les nuages en formes fantasques. C’est un match qui se joue depuis la nuit des temps. Sans vainqueur ni vaincu. Juste la beauté du jeu.
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