FNH N° 1111

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

MERCREDI 31 MAI 2023

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ticulièrement bien, notamment les industries automobiles et aéronautiques. Le secteur industriel en général est appe- lé à être un véritable pour- voyeur d’emploi, à la faveur notamment de la stratégie de substitution des importations par la fabrication locale, ce qui sera un marqueur de l’injec- tion de capitaux marocains dans le secteur industriel. Depuis le début du mandat du gouvernement jusqu'à fin février 2023, 100.000 emplois nets ont été créés dans le secteur de l'industrie, selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, qui fait état de 1.600 projets industriels d'une enveloppe budgétaire de 125 milliards de dirhams. Ces investissements visent à créer 320.000 emplois

au cours des trois prochaines années. Entre les sécheresses de plus en plus courantes, les déficits pluviométriques qui accen- tuent le stress hydrique au Maroc, la faiblesse relative de la croissance et les ten- sions géopolitiques internatio- nales actuelles, il y a de quoi émettre de fortes réserves sur la promesse faite par le gou- vernement Akhannouch : créer un million de postes d’emploi durant la législature. Alors «comment allons-nous résoudre cette équation (pro- blème), alors que notre éco- nomie va moins vite que le nombre de diplômés qui sort chaque année des écoles, universités, centre de forma- tion…» ?, s’interroge fort logi- quement Karbouai. ◆

verses. Cette problématique a été décortiquée sous toutes les coutures par des écono- mistes, des sociologues et même des psychologues. A cet effet, les explications don- nées par les économistes sur le plan macroéconomique lient le taux de chômage au taux de croissance. Les taux de croissance bas enregistrés au Maroc à cause des années de sècheresse ont eu un impact négatif sur le PIB, notamment le PIB agricole, ce qui n’a pas vraiment favorisé la création d’emploi» . Et de poursuivre que «sur le plan microécono- mique, le taux de chômage au Maroc n’explique pas réelle- ment le taux d’employabilité chez les jeunes, puisque l’éco- nomie informelle emploie entre 40% et 60% respectivement dans l’urbain et le rural. Cette économie permet donc au pays, malgré ses effets néga-

tifs, de résister aux crises éco- nomiques qui peuvent toucher le pays. Rappelons que dans la période de la Covid-19, envi- ron 57% entreprises avaient suspendu leur activité». Un modèle économique désuet Le modèle économique actuel, où le PIB est tiré essentiel- lement par l’agriculture, ne permet pas de réaliser des taux de croissance robustes dans la durée, encore davan- tage dans ce contexte où les épisodes de sécheresse deviennent plus récurrents et plus sévères. C’est dire que le PIB non agri- cole n’arrive pas à prendre le relais, notamment lorsque le Royaume connaît la séche- resse ou subit des déficits pluviométriques importants. Pourtant, les métiers mondiaux du Maroc se développent par-

Depuis le début du

mandat du gouverne- ment jusqu'à fin février 2023, 100.000 emplois nets ont été créés dans le secteur de l'industrie.

L’entrepreneuriat, la panacée

Pour remédier au problème du chômage et à la limite du modèle de la grande entreprise qui recrutait en masse et la baisse des postes à pourvoir dans le fonctionnariat, l’entrepreneuriat s’est positionné comme un moyen fon- damental et un levier de développement et d’extension, explique Khalid Karbouai. D’où la multiplicité des programmes lancés par l’Etat. Malheureusement, on constate «la défaillance de tous ces programmes», déplore-t-il. «En effet, le 1 er trimestre 2023 a connu la défaillance de 3.830 entreprises, soit une hausse de 28% par rapport à 2022. Ces chiffres expliquent la fragilité du tissu économique qui a enregistré des fail- lites touchant 98,8% des très petites entreprises», ana- lyse-t-il. Et de conclure que «de tels constats montrent que le problème du chômage au Maroc est effectivement un problème d’entreprise. Il est donc difficile de parler de création d’emploi dans un contexte où nos entreprises peinent à survivre et maintenir les emplois existants. Il est vrai que le marché de l’emploi au Maroc suppose la présence d'une offre de travail diversifiée, durable et une demande qualifiée de travail, et cela nécessite un coût, c'est-à-dire une rémunération digne d'un travail décent. Les défaillances enregistrées dans nos entre- prises prouvent que ces conditions ne sont pas réunies. Dans ces circonstances, il est difficile de parler d'un mar- ché de l'emploi Maroc».

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