Hors-série 47

Découvrez le numéro Hors-série 47 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Politique économique : Les ajustements stratégiques de Bank Al-Maghrib CONJONCTURE 6

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°47 ]

MADE IN MOROCCO

Production locale : L’essor des partenariats public-privé Entretien avec Ryad Mezzour : «La vision industrielle globale du Maroc est d’abord axée sur la souveraineté» Consommer local : Le patriotisme économique à la portée de tous ? Entretien avec Adil Lamnini : Produits locaux, «Il est crucial que ce label serve de levier pour les PME/ PMI» Formation professionnelle : Nécessité de renforcer les compétences locales Entretien avec Abdelkhalek Hassini : Formation professionnelle, «Un levier essentiel pour doter les entreprises des compétences dont elles ont besoin» Industrie automobile : Un booster pour l’économie nationale Industrie automobile : Les enjeux du taux d’intégration Automobile : Le label marocain porte désormais un nom Entretien avec Nassim Belkhayat : Neo Motors, «Nous voulons devenir le leader des segments de niche» Voitures électriques : Une niche importante pour la fi lière automobile marocaine Aéronautique : Un secteur en plein essor malgré les dé fi s mondiaux Intégration locale : Une stratégie gagnante pour l’industrie aéronautique Souveraineté sanitaire : Une priorité nationale dans les politiques publiques Entretien : Souveraineté sanitaire, Aït Taleb détaille la stratégie du Royaume Industrie pharmaceutique : «Le Maroc vise à devenir un véritable hub pharmaceutique régional» Production de vaccins : Le Royaume avance doucement mais sûrement

Entretien avec Abdelmadjid Belaïche : Industrie pharmaceu- tique, «Il est important de substituer une part de nos importations pharmaceutiques par de la fabrication locale» Leadership et innovation : La réponse du Maroc à la pandémie Cannabis légal : Le Royaume progresse à pas de géant Souveraineté alimentaire : Une priorité stratégique pour le Royaume Entretien avec Eyad Sobh : Agroalimentaire, «Nous sommes très engagés pour assurer une bonne intégration avec l’amont agricole» Compagnie minière de Touissit : Un pilier de la valorisation du secteur Produits du terroir : Le re fl et de la richesse naturelle du Royaume Mutandis : Faire briller les produits locaux dans plus de 40 pays Entretien avec Adil Douiri : Mutandis, «Plus de 50% du chiffre d’affaires sont réalisés hors du Maroc» Viticulture : Renommée mondiale du vin marocain Les Eaux Minérales d’Oulmès : Une success story Made in Morocco Lesieur Cristal : Acteur de la souveraineté alimentaire Grande distribution : Label’Vie parie sur la production locale Dari Couspate : Promoteur du savoir-faire marocain dans l’agroalimentaire Energies renouvelables : De plus en plus intégrées Entretien avec Fatima Zahra El Khalifa : Energies renouvelables, «Une transformation industrielle et technologique signi fi cative» Hydrogène vert : L’offre Maroc dans la cour des grands Entretien avec Mohamed Yahya Zniber : Energies renouvelables, «L’objectif est de valoriser l’hydrogène vert en le transformant en e-carburants» Tourisme et artisanat : Des piliers économiques et culturels en pleine expansion Entretien avec Fawzia Talout Meknassi : Artisanat, «Toute stra- tégie devrait prendre en compte l’implication du mono artisan» Technologie : De l’aspiration à l’action Morocco Tech : En route vers le leadership numérique Entretien avec Adil Lamnini : Textile, «Le riche patrimoine marocain est un atout pour le label Made in Morocco»

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Casa Anfa : La nouvelle destination culturelle de la métropole 104 SOCIÉTÉ Travail des enfants : Le Maroc avance à petits pas 106

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E DITORIAL

Made in Morocco

Vers une autonomie industrielle renforcée

D

ans le contexte écono- mique global actuel, le Maroc se démarque par une stratégie audacieuse : renforcer

qualité et la compétitivité. En effet, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, ne s’y trompe pas en mettant l’accent sur ces aspects, essentiels pour conquérir non seulement le cœur des consommateurs maro- cains, mais aussi pour percer sur les marchés internationaux. Ce label de qualité est devenu synonyme de produits respectant des stan- dards internationaux élevés, en adéquation avec les exigences de durabilité et d’innova- tion. L’approche n’est cependant pas exempte de défis. Le protectionnisme, nécessairement temporaire, doit être manié avec prudence pour ne pas entraver la compétitivité globale des entreprises locales. Par ailleurs, la décar- bonation de l’industrie et l’accent mis sur les énergies renouvelables ne sont pas seulement des nécessités environnementales, mais des impératifs économiques qui peuvent définir le futur industriel du Maroc. La collaboration entre les secteurs public et privé est également fondamentale. Elle est la clef pour une innovation soutenue et une montée en gamme des produits marocains, en particulier dans des secteurs de haute tech- nologie tels que l’aéronautique et l’automo- bile. Ces domaines, où le Maroc excelle déjà, doivent être les locomotives d’une exportation diversifiée et de haute valeur ajoutée. Clairement, le «Made in Morocco» n’est pas qu’un slogan : c’est une stratégie de déve- loppement économique durable. Une vision pour l’avenir. Et cet avenir, façonné par l’au- dace et l’innovation, semble plus prometteur que jamais.

son autonomie industrielle. La politique du «Made in Morocco» n’est pas seulement une réponse pragmatique aux défis de la dépen- dance excessive aux importations, mais elle représente un tournant stratégique pour le Royaume, qui a l’ambition d’affirmer sa capa- cité à se positionner comme un acteur clé sur l’échiquier économique mondial. Dès décembre 2020, avec l’annonce de l’ambi- tieux objectif de substituer 83 milliards de dirhams d’importations par des productions locales, le gouvernement marocain a claire- ment signifié son intention de transformer le paysage industriel national. La mise en place de la Banque de projets industriels a été un premier pas décisif, démontrant une volonté de structurer l’indus- trie autour de secteurs clés, tout en stimulant l’investissement et la création d’emplois. Trois ans plus tard, le bilan est plus que pro- metteur : les chiffres disponibles à fin mars 2023 font état de 1.542 projets d’investisse- ment identifiés pour substituer 75,9 milliards de dirhams d’importations. C’est dire que le Maroc ne se contente pas de réduire sa facture d’importation, mais repense également son modèle économique pour le rendre plus rési- lient, plus durable, et mieux intégré dans les chaînes de valeur mondiales. Ce qui distingue particulièrement le «Made in Morocco», c’est son engagement envers la

Fatima OURIAGHLI

Le «Made in Morocco» n’est pas qu’un slogan : c’est une stratégie de développement écono- mique durable. Une vision pour l’avenir.

M ISE EN PAGE Zakaria BELADAL

J OURNALISTES Charaf JAIDANI Adil HLIMI

A DRESSE 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca Tél (0522) 98.41.64/66. Fax : (0522) 98.40.22 Site web : www.fnh.ma S.A.R.L. au capital de 5 000 000,00 DH C.N.S.S. 600 50 62 - I.F. 1022303 R.C. 94079 - Patente : 35770001 ICE : 001526693000021

Youssef SEDDIK Khalid AOURMI Ibtissam ZERROUK Meryem AÏT OUAANNA Malak BOUKHARI Désy MBAKOU R ÉVISION Mohamed LABDAOUAT

D ÉPARTEMENT COMMERCIAL Rania BENCHAIB - Samira LAKBIRI

D IRECTEUR G ÉNÉRAL , RESPONSABLE DE LA PUBLICATION Fatima OURIAGHLI

A SSISTANTE DE DIRECTION Amina KHCHAI

D IRECTEUR A DMINISTRATIF ET F INANCIER Leïla KINANA

A DMINISTRATIF Fatiha AÏT ALLAH I MPRESSION

É DITIONS JMA C ONSEIL Autres publicatins du groupe : Finances News Hebdo, FNH.ma, Laquotidienne et Autonews

D IRECTEUR DES RÉDACTIONS & DÉVELOPPEMENT David WILLIAM

MAROC SOIR D ISTRIBUTION SOCHEPRESS

D IRECTEUR TECHNIQUE & MAQUETTISTE Abdelillah CHAMSEDDINE

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C ONJONCTURE

Politique économique

Les ajustements stratégiques de Bank Al-Maghrib

La Banque centrale a opté pour une réduction prudente du taux directeur de 25 points de base, le ramenant à 2,75%. Si le secteur agricole continue de subir les caprices de la météo, les activités non agricoles sont dans une bonne dynamique, soutenue par un regain d’investissements, une embellie du tourisme et une consommation domestique revigorée. Le niveau de la croissance économique reste cependant relativement modeste.

quintaux », estime Bank Al-Maghrib, dans sa communication post-Conseil. La Banque centrale table ainsi sur une croissance de l’économie nationale de 2,8% en 2024, avant de s’accélérer à 4,5% en 2025. L’inflation poursuit sa baisse Après des pics de 6,6% en 2022 et de 6,1% en 2023, les taux ont commencé à se stabiliser, revenant à des niveaux plus gérables de 1,5% en 2024, avec une prévision de 2,7% pour 2025. Cette décélération est principalement attribuable à la diminution des pres- sions inflationnistes externes et à la baisse des prix des denrées alimen- taires volatiles. Le Conseil a aussi pris acte de l’an- crage solide des prévisions d’inflation révélées par l’enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib, réalisée auprès des experts du secteur financier. Ces pré- visions ont montré un recul notable, se positionnant à 2,7% pour une période prévisionnelle de 8 trimestres et à 2,8% pour 12 trimestres au deu- xième trimestre de l’année. En ce qui concerne l’effet des récentes mesures de politique monétaire sur les conditions financières, les taux débiteurs bancaires ont maintenu une quasi-stabilité pour le deuxième trimestre d’affilée, selon BAM. Leur augmentation cumulée depuis le début du resserrement monétaire

en septembre 2022 jusqu’au premier trimestre 2024 a atteint 116 points de base. Cette progression des taux a principalement impacté les entre- prises par rapport aux particuliers et a été moins marquée pour les TPME comparativement aux grandes entre- prises, estime la Banque centrale. Face à ces données, Bank Al-Maghrib a opté pour une réduction prudente du taux directeur de 25 points de base, le ramenant à 2,75%. Cette déci- sion, qui suit une période de stabilité monétaire, vise à soutenir la reprise économique tout en gardant un œil vigilant sur l’inflation et les anticipa- tions inflationnistes.

a croissance économique du Maroc, qui a enregistré une accélération de 1,5% en 2022 à 3,4% en 2023, reflète une dynamique favorable, portée notamment par une amélioration de 3,5% de la valeur ajoutée non agricole. Cependant, le secteur agricole montre une reprise modeste de 1,4% après une contrac- tion de 11,3% l’année précédente, soulignant la dépendance continue du pays aux aléas climatiques. Pour 2024 et 2025, les prévisions indiquent des taux de croissance des activités non agricoles de 3,8% et 4,1% res- pectivement, bénéficiant de l’élan des investissements, de la vigueur du sec- teur touristique et de la consolidation de la consommation des ménages, en relation avec le repli de l’infla- tion et les revalorisations salariales. « En revanche, la production agricole resterait tributaire des conditions cli- matiques. Ainsi, tenant compte d’une récolte céréalière estimée par le dépar- tement de l’Agriculture à 31,2 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole reculerait de 6,9% cette année, avant de rebondir de 8,6% en 2025 sous l’hypothèse d’un retour à une récolte céréalière moyenne de 55 millions de L

Performances des comptes extérieurs

Le bilan des comptes extérieurs montre une résilience notable, avec une amélioration prévue des expor- tations de 4,4% en 2024 et de 8,9% en 2025, principalement tirées par le secteur automobile et les phosphates qui atteindraient respectivement 185,1 milliards et 88,5 milliards de dirhams en 2025. En face, les importa- tions devraient suivre une trajectoire ascendante de 6,1% en 2024 et de 9,7% en 2025, reflet d’une augmen- tation des achats de biens d’équipe- ment et de consommation. La facture énergétique, quant à elle, connaitrait un allègement cette année, suivi d’un

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de 1,2%, principalement à cause des coûts accrus liés aux biens et services, tandis que les charges de compen- sation et les dépenses d’investisse- ment ont diminué. Compte tenu de ces performances, de l’allocation de crédits additionnels de 14 milliards de dirhams au budget général, dont presque la moitié est affectée aux aug- mentations salariales issues du dia- logue social, ainsi que de la mise à jour de ses prévisions macroécono- miques, Bank Al-Maghrib prévoit un maintien du déficit budgétaire à 4,4% du PIB pour cette année, avec une réduction prévue à 4,1% en 2025.

Face à la faiblesse de la récolte céréalière, la valeur ajoutée agricole reculerait de 6,9% cette année.

L’économie nationale aurait progressé de 2,9% au deu- xième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de +2,5% au premier trimestre, selon le haut-commissariat au Plan (HCP). «Cette dynamique aurait été principalement le fait des branches secondaires et tertiaires» , explique le HCP, et de relever que le début d’année avait été caractérisé par un sensible ralentissement des industries manufactu- rières qui avait installé l’activité hors agriculture dans son ensemble dans un sentier de croissance modérée. Toutefois, la relance de la production des autres filières secondaires et l’affermissement des services marchands au deuxième trimestre 2024 aurait de nouveau placé la croissance de l’activité hors agriculture à des rythmes comparables à sa dynamique d’avant la crise Covid (+3,7%). Ainsi, la valeur ajoutée des industries extractives aurait progressé de 15,6% au deuxième trimestre 2024, en varia- tion annuelle. Cette embellie, dopée par une nette pro- gression des ventes extérieures des minerais non métal- liques, aurait été, également, soutenue par une relance de la demande des industries locales de transformation. Dans la construction, l’activité aurait confirmé sa reprise, tirée par la dynamique des travaux publics, affichant une hausse de 3% au deuxième trimestre 2024, après +2,5% au premier trimestre. L’activité des industries manufacturières aurait, égale- ment, retrouvé, au deuxième trimestre 2024, un rythme de croissance plus soutenu, intégrant en partie un effet de base favorable. En variation annuelle, sa valeur ajou- tée aurait augmenté de 3,5% au lieu de +2,1% au premier trimestre. Pour leur part, les branches tertiaires, qui représentent plus de la moitié de l’activité des branches, auraient pro- fité de la relance de la demande intérieure. La valeur ajoutée agricole se serait, quant à elle, infléchie de 4,9% au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 1,5% une année plus tôt. La croissance économique à 2,9% au T2-2024

alourdissement de près de 5% en 2025 à 125,1 milliards de dirhams. Pour leur part, les recettes de voyages s’apprécieraient de 5,8% pour se situer à 117,2 milliards en 2025, tandis que les transferts des MRE devraient poursuivre leur tendance haussière, avec des améliorations de 1,9% cette année et de 5,3% en 2025 à 123,7 mil- liards de dirhams. Tenant compte de ce contexte favo- rable, la balance des paiements béné- ficie également d’une légère détente, avec un déficit du compte courant qui devrait se situer autour de 1,7% du PIB en 2024 et de 2,7% en 2025. Par ailleurs, les recettes des investis- sements directs étrangers, après un creux en 2023 à 2,4% du PIB, devraient se renforcer à près de 3,1% du PIB en 2024 et 2025, illustrant une confiance renouvelée des investisseurs étran- gers. « Au final, et tenant compte des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserve continueraient de se renforcer pour atteindre 382 milliards de dirhams à fin 2024 et 395,6 milliards à fin 2025, représentant ainsi une couverture avoisinant les 5 mois et demi d’im- portations de biens et services », selon BAM. Évolution des conditions monétaires et financières Sur le front monétaire, le besoin en

liquidité bancaire est prévu pour diminuer légèrement, passant de 111,4 milliards de dirhams à fin 2023 à 109,8 milliards à fin 2024. Toutefois, ce besoin devrait augmenter à 133,6 milliards de dirhams à fin 2025, sti- mulé par l’expansion de la monnaie fiduciaire, explique BAM. Ainsi, tenant compte de ces évolu- tions, des prévisions de la croissance non agricole et des anticipations du système bancaire, le crédit au secteur non financier devrait connaître une accélération, passant de 2,7% en 2023 à 4,4% en 2024, et à 5,2% en 2025. Cette évolution positive du crédit reflète une économie en demande de financement pour soutenir la crois- sance et l’investissement. Enfin, concernant la gestion des finances publiques, les résultats de l’exécution budgétaire des cinq pre- miers mois de 2024 montrent une hausse de 10,8% des recettes ordi- naires, stimulée par une augmentation des revenus fiscaux. Simultanément, les dépenses totales ont augmenté La Banque centrale table sur une croissance de l’économie nationale de

2,8% en 2024, avant de s’accélérer à 4,5% en 2025.

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Les PPP ont permis de générer plus de 5 milliards de dirhams d’investissements dans la production locale en 2023. Ces partenariats ont contribué à la création de plus de 20.000 emplois directs et indirects. Production locale L’essor des partenariats public-privé

e Maroc est résolument décidé à propulser sa pro- duction locale (dans divers secteurs) vers de nouveaux Selon les derniers chiffres du minis- tère de l’Industrie et du Commerce, les PPP ont permis de générer plus de 5 milliards de dirhams d’investissements dans la production locale en 2023. Cette dynamique a entraîné une augmenta- tion significative de la valeur ajoutée nationale, estimée à plus de 10% par an dans les secteurs clés tels que l’agroali- mentaire, le textile et l’automobile. L sommets grâce à une stratégie auda- cieuse : le Made in Morocco. Derrière ce label de qualité, se cache un levier puis- sant, à savoir les partenariats public-pri- vé (PPP), qui insufflent une dynamique sans précédent dans l’économie natio- nale. Ces alliances stratégiques, qui marient les forces des secteurs public et privé, se révèlent être un véritable catalyseur pour stimuler la production locale et renforcer la compétitivité du Maroc sur l’échiquier mondial.

Les résultats sont également visibles en termes d’emploi. Les PPP ont contribué à la création de plus de 20.000 emplois directs et indirects, favorisant ainsi l’in- sertion professionnelle des jeunes et la réduction du taux de chômage. Les partenariats public-privé offrent de nombreux avantages pour les deux par- ties prenantes. Pour le secteur public, ils permettent de mobiliser des res- sources financières et des compétences techniques supplémentaires, tout en partageant les risques liés aux projets. Pour le secteur privé, ils offrent un accès privilégié aux marchés publics, une meilleure visibilité et une crédibi- lité accrue. Ces collaborations permettent égale- ment de développer des synergies et de mettre en place des chaînes de valeur intégrées, favorisant ainsi la montée en gamme de la production locale et l’amé- lioration de la qualité des produits. Des exemples concrets de réussite Plusieurs projets emblématiques illustrent le succès des PPP dans le cadre du Made in Morocco. On peut citer notamment le partenariat entre

l’État et le groupe Renault pour l’usine de Tanger, ou encore la collaboration entre l’Office chérifien des phosphates (OCP) et des entreprises privées pour le développement de l’industrie des engrais. Ces projets ont non seulement permis de renforcer la position du Maroc en tant que leader régional dans ces sec- teurs, mais ils ont également contribué à l’amélioration de la balance commer- ciale du pays et à la réduction de sa dépendance aux importations. Les perspectives d’avenir pour les PPP dans le cadre du Made in Morocco sont très encourageantes. Le gouvernement marocain a annoncé son intention de renforcer ce modèle de collaboration en mettant en place un cadre juridique et réglementaire plus incitatif, ainsi qu’en facilitant l’accès au financement pour les entreprises privées. Le Made in Morocco, porté par la dyna- mique des partenariats public-privé, est en passe de devenir un véritable moteur de croissance pour l’économie marocaine, tout en contribuant à la valorisation du savoir-faire national et à la création d’emplois durables.

Les PPP offrent au secteur privé un accès privilégié aux marchés publics, une meilleure visibilité et une crédibilité accrue.

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tance de tous les partenariats et accords avec de nombreux pays, sans oublier les partenariats établis avec les pays émer- gents et en développement en Afrique. Avec comme pierre d’achoppement la confiance du Royaume dans les capaci- tés du continent africain. Aujourd’hui, le Maroc a des accords de libre-échange avec plus de 100 pays donnant accès à un marché de plus de 2,3 milliards de consommateurs. Dans cette logique, le Made in Morocco montre l’attractivité du Maroc, qui a été engendrée grâce à la vision clairvoyante de SM le Roi Mohammed VI. Aujourd’hui, le Maroc suit son chemin grâce à la vision clair- voyante et à l’ambition de SM le Roi, avec de nouvelles stratégies, avec le nouveau modèle de développement et le programme gouvernemental. C’est ce qui fait que le Made in Morocco est aujourd’hui reconnu mondialement et au niveau national, vu que 79% des Marocains préfèrent le produit national à celui importé. F. N. H. : Quels sont les secteurs industriels prioritaires pour le gouvernement marocain afin de renforcer le label «Made in Morocco» ? R. M. : La vision industrielle globale du Maroc est d’abord axée sur la sou- veraineté et la réponse aux besoins des citoyens marocains. Cette vision englobe des domaines tels que la sécu- rité alimentaire, sanitaire, la souverai- neté énergétique et la transition vers les énergies renouvelables, une tran- sition d’autant plus pertinente après les leçons tirées de la pandémie de la COVID-19. Le Maroc est historique- ment connu pour sa production de produits artisanaux, de produits agroa- limentaires, mais progressivement il occupe une place importante sur la scène internationale dans la produc- tion de pièces automobiles et aéronau- tiques. Dès 2005, 7 secteurs industriels ont été identifiés comme prioritaires : l’offshoring, l’automobile, l’aéronau- tique, l’électronique de spécialité, l’agroalimentaire, les produits de la mer et le secteur textile. Ce plan stratégique s’articule essentiel- lement autour de la banque de projets industrielle pour substituer les pro- duits importés par des produits locaux, conformément à la vision du nouveau modèle de développement, qui vise à

« La vision industrielle globale du Maroc est d’abord axée sur la souveraineté» Dans cet entretien avec Finances News Hebdo, Ryad Mezzour dévoile les ambitions stratégiques du Maroc pour propulser le «Made in Morocco» sur la scène internationale. Le ministre de l’Industrie et du Commerce met en lumière les secteurs industriels clés, les défis à surmonter et les politiques mises en œuvre pour renforcer la compétitivité des entreprises marocaines et tracer de nouvelles voies de développement durable et d’intégration industrielle au niveau mondial.

Finances News Hebdo : Quelle est votre vision stratégique pour la promotion de la marque «Made in Morocco» sur les marchés internatio- naux ? Ryad Mezzour : Le Made in Morocco s’ap-

puie sur l’engagement du Maroc à ren- forcer ses partenariats internationaux selon le principe win-win, dépassant les simples frontières de l’exportation. Dans cette logique, il faut souligner l’impor-

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nus du Maroc dans la construction d’une chaîne de production intégrée, notamment des investissements pour garantir un avenir industriel prospère. La vision du Maroc pour l’avenir industriel semble ambi- tieuse, plaçant le pays sur la voie d’une croissance économique soute- nue et d’une position de hub régional dans les secteurs de l’industrie aéro- nautique et automobile. Dans cette perspective, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures afin de protéger l’industrie nationale de la concurrence féroce, notamment celles qui résultent de l’importation illégale ou de l’importation massive qui menace d’impacter le secteur de la production. La loi 15.09 sur les mesures de protection du commerce a été élaborée pour protéger le sec- teur de la production nationale de la concurrence déloyale, dans le cadre du respect des obligations internatio- nales du Maroc. A cet égard, dans le cadre de la protection de l’industrie locale, le gouvernement a augmenté les droits de douane de 25% à 40% sur l’importation des produits prêts à consommer, dans le but de renforcer

la protection de l’industrie locale et la consommation de ses produits et la réduction du déficit commercial. Dans ce sens, le ministère a éga- lement travaillé sur l’augmentation des droits de douane pour un certain nombre de produits dans le cadre de la Loi de Finances de 2022. Mais également la mise en œuvre de l’ac- cord de libre-échange modifié avec la Turquie, par lequel les droits de douane ont été révisés pour une liste de 1.200 produits, en vue d’atteindre 90% des produits pour une période de cinq ans, renouvelable une seule fois. F. N. H. : Quelles mesures le gouvernement a-t-il mises en place pour soutenir les PME et les startups dans le cadre du «Made in Morocco» ? R. M. : Les mesures prises dans ce sens sont nombreuses, j’en cite une des dernières en date : l’accompagne- ment de 100 startups Retail Tech. Cet accomplissement marque le début d’une transformation profonde du commerce marocain, en aligne- ment avec les visions stratégiques de modernisation et de digitalisation du secteur. Aujourd’hui, la concrétisa- tion de cette première étape clé ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour favoriser davantage l’autono- mie et la compétitivité du secteur du commerce à travers la dynami-

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L’un des secteurs importants dans la stratégie Made in Morocco est le domaine aéronautique, dans lequel le Maroc occupe la 20 ème position mondiale.

accélérer le développement industriel afin d’augmenter la création d’emplois et de générer davantage de valeur ajoutée. Aujourd’hui, l’un des secteurs importants dans notre stratégie Made in Morocco est le domaine aéronau- tique dans lequel le Maroc occupe la 20ème position mondiale. La capa- cité du Royaume à produire n’importe quelle pièce d’avion est importante. Preuve en est l’inauguration récente d’un site de production spécialisé dans la fabrication d’une pièce hautement sensible du moteur, une pièce qui est fabriquée dans seulement cinq pays dans le monde. Le Maroc possède une expertise solide dans le secteur aéro- nautique et a présenté la fabrication d’un avion complet comme un objectif d’avenir. Cette barre fixée pourrait être atteinte avant l’année 2030, marquant ainsi une étape significative dans l’histoire industrielle du pays. L’autre secteur important est incarné par les capacités actuelles du Maroc dans la production automobile, avec les pers- pectives d’augmentation des exporta- tions et les investissements importants dans la production de batteries pour les voitures électriques. F. N. H. : Quels sont les principaux défis aux- quels les entreprises marocaines doivent faire face pour être compétitives à l’échelle mondiale ? R. M. : Il faut renforcer les efforts conti-

Dans le cadre de la protection de l’industrie locale, le gouvernement a augmenté les droits de douane de 25% à 40% sur l’importation des produits prêts à consommer.

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sation de l’écosystème Retail Tech marocain, et le renforcement de la collaboration entre les différents par- tenaires. Cette action s’inscrit dans une démarche globale visant à sou- tenir les jeunes entrepreneurs par la mise en relation avec les acteurs clés de l’écosystème marocain et l’émer- gence de collaborations fructueuses entre les entreprises et les startups accompagnées. F. N. H. : Comment le ministère collabore-t-il avec les acteurs privés pour promouvoir l’innovation et la qualité des produits maro- cains ? R. M. : Notre objectif affiché est de soutenir les projets industriels et les domaines technologiques liés à l’in- dustrie, particulièrement les métiers d’avenir. C’est dans ce sens que nous avons signé des accords avec la CGEM, les porteurs de projets et les présidents des clusters choisis. Ces contrats s’inscrivent dans le cadre du programme d’appui à l’innova- tion industrielle financé à travers le Fonds de soutien de l’innovation (FSI). Les 44 projets constituent le deuxième lot sélectionné à l’issue de l’appel à projets lié à ce programme conjoint du ministère et de la CGEM. L’État, par le biais du FSI, accorde une prime à l’innovation d’environ 114 MDH pour ces projets. Le pre- mier lot comprenait 14 projets, dont les contrats de financement ont été signés en juillet 2023. Le coût total de ces projets s’élevait à environ 50 MDH, avec une contribution de l’État de 28 MDH. Les 24 entreprises industrielles porteuses des nouveaux projets sélectionnés se répartissent en 6 grandes entreprises, 12 petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que 6 startups industrielles. Cette initiative intervient dans le cadre de la mise en œuvre des Hautes orientations royales visant la pro- motion de l’innovation et la valo- risation de l’industrie nationale. Cette initiative permet de consolider davantage l’écosystème national de l’innovation, d’accélérer la montée en gamme des produits «Made in Morocco», d’améliorer l’intégration locale et d’assurer le développe- ment technologique de l’industrie

marocaine. Le Maroc, qui regorge de talents prometteurs, est sur la voie de renforcer sa position en tant que pôle d’excellence dans des domaines clés de l’économie moderne. F. N. H. : Quel rôle joue le développement durable dans la stratégie «Made in Morocco» ? R. M. : La décarbonation de l’industrie se présente comme l’outil le plus effi- cace pour améliorer la compétitivité de l’industrie nationale. Les fonde- ments du processus de décarbona- tion ont été établis grâce à la stratégie des énergies renouvelables lancée en 2009, qui a positionné le Maroc parmi les pays les plus compétitifs au monde en matière de production d’énergie à partir de sources renou- velables. Ce positionnement offre à l’industrie marocaine un avantage concurrentiel considérable, en lui permettant de proposer une éner-

gie propre à des coûts extrêmement compétitifs aux opérateurs nationaux et internationaux. Dans le cadre de ladite transition vers une économie circulaire et un écosystème vert de valorisation des déchets, de nou- velles mesures sont prises pour accé- lérer l’émergence de cet écosystème. Les objectifs à atteindre d’ici 2030 sont clairs : la valorisation de 65% des déchets, dont près de 55% par la valorisation matière, la création de 60.000 emplois, dont 9.500 dans la valorisation des déchets, la réali- sation d’un chiffre d’affaires de 12 milliards de dirhams et la généra- tion de 3,7 milliards de dirhams de valeur ajoutée dans la valorisation des déchets. Dans ce sens, le développement durable et inclusif de l’industrie marocaine est considéré comme un enjeu majeur pour accéder aux mar- chés étrangers, réduire les coûts de production et améliorer la compé- titivité du pays. Le ministère s’est engagé dans cette démarche en four- nissant aux industries des moyens techniques et financiers pour accompagner leur décarbonation. La transition énergétique offre à nos

Le Maroc soutient les projets industriels et les domaines tech- nologiques liés à l’industrie, dans le cadre du programme d’appui à l’inno- vation industrielle financé à travers le Fonds de soutien de l’innovation .

Le développement durable et inclusif de l’industrie marocaine est considéré comme un enjeu majeur pour accéder aux marchés étrangers, réduire les coûts de production et améliorer la compétitivité du pays. comme ma rchés ét i Le dévelop ’ind un enje

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Dans ce sens, entre 2021 et 2024, plus de 170 accords d’investissement ont été signés, totalisant environ 21 mil- liards de dollars, ce qui devrait créer plus de 115.000 emplois. F. N. H. : Comment le ministère envisage-t-il d’améliorer les infrastructures logistiques pour faciliter l’exportation des produits «Made in Morocco» ? R. M. : Il faut souligner ici les efforts du Royaume pour attirer les inves- tisseurs en ouvrant ses marchés et en investissant lourdement dans les infrastructures, la logistique et les ressources humaines pour augmen- ter sa compétitivité. Cela passe par des routes, des autoroutes, des ports modernes, des aéroports, des zones de fret, des structures de logistiques performantes… Au Maroc, qui n’a pas de grosses réserves naturelles, la décision a été prise au plus haut som- met de l’État de favoriser l’action, de construire les infrastructures, de travailler sur le long terme et dans le cadre de plans, et de faire en sorte que chaque génération construit pour la prochaine, avec à chaque fois des visions sur trente ans. F. N. H. : Quel est l’impact des accords de libre- échange sur la compétitivité des produits marocains à l’étranger ? R. M. : Il faut souligner le rôle joué par les accords de libre-échange, comme des bases d’intégration commerciale visant à renforcer la valeur ajoutée dans les pays africains partenaires. Dans ce sens, le Maroc a l’ambition d’augmenter les échanges intra-afri- cains, passant de 15% à 26%, grâce à une stratégie de coopération claire entre les pays côtiers et méditerra- néens. Pour mettre en œuvre ce plan, il faut savoir qu’un groupe de travail chargé de réaliser la souveraineté industrielle a été constitué autour du renforcement de la souveraineté nationale et de l’encouragement de la stratégie Made in Morocco. Pour ce faire, il est nécessaire de soute- nir et développer l’insertion locale, accompagner les porteurs de projets en les mettant en relation avec tous les partenaires concernés, et finale- ment le soutien de leurs capacités productives via des investissements financiers.

opérateurs industriels des gisements de croissance écoresponsables à sai- sir pour monter en compétitivité et amorcer la décarbonation de leurs productions. C’est une opportunité idoine pour disposer d’une énergie propre à des coûts très compétitifs et favoriser le développement d’un tissu industriel national sans car- bone. Nous soutenons pleinement l’émergence de nouvelles filières industrielles vertes compétitives et l’intégration industrielle dans le sec- teur des énergies renouvelables afin d’accompagner la politique énergé- tique nationale, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste. F. N. H. : Quelles sont les initiatives prévues pour attirer davantage d’investissements dans le secteur industriel marocain ? R. M. : Grâce à la nouvelle Charte de l’investissement en tant qu’outil stra- tégique pour libérer le potentiel des investissements privés nationaux et internationaux, notre objectif est de faire passer les investissements pri- vés à deux tiers de l’investissement total. Avec cette mesure importante, le Maroc a créé un environnement

propice au développement écono- mique, permettant l’émergence de champions nationaux capables de rivaliser sur la scène internationale. Le Royaume se positionne actuelle- ment comme une destination privilé- giée pour l’investissement en Afrique et dans la région MENA (Moyen- Orient et Afrique du Nord), grâce à ses infrastructures modernes et son environnement politique stable, offrant aux investisseurs un cadre favorable pour le succès de leurs pro- jets. Prenons l’exemple de l’indus- trie automobile : dès la reprise de la relance à l’échelle mondiale, nous étions les premiers à remplir le carnet de commandes. Sans oublier que le Maroc dispose, grâce à la banque de projets lancée au début de la crise sanitaire, de plus de mille projets concrets qui visent à créer plus de 200.000 emplois directs et indirects.

Entre 2021 et 2024, plus de 170 accords d’investissement ont été signés, totalisant environ 21 milliards de dollars, ce qui devrait créer plus de 115.000 emplois. de sig de 70 acco nés, tota dollars

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Consommer local Le patriotisme économique à la portée de tous ?

qu’il réponde à ses besoins. Les entre- prises marocaines doivent donc redou- bler d’efforts en matière d’innovation et de marketing pour séduire ce consom- mateur» , ajoute-t-elle. Pour y parvenir, une multitude d’incitations ont été lan- cées visant à mettre en avant le Made in Morocco. Parmi ces actions, le dispositif de promotion de la fabrication locale mis en place à travers la banque de projets industriels. Selon les chiffres dévoilés par le ministre de l’Industrie, il a permis à ce jour d’identifier 1.542 projets d’investis- sements pour une substitution à l’import de 75,9 milliards de DH. Comment alors faire pencher la balance ? La sensibili- sation est la clé. Expliquer les enjeux, valoriser les produits locaux, mettre en avant leur qualité et leur histoire... Les campagnes de communication ont un rôle crucial à jouer. Mais il faut aussi que les entreprises marocaines se mettent au diapason : investir dans l’innovation, améliorer la qualité, proposer des prix justes et transparents, et communiquer davantage sur leurs engagements en faveur du développement durable. «Il faut créer une véritable culture du ‘Made in Morocco’» , souligne la direc- trice marketing. «Cela passe par une meilleure communication, mais aussi par une implication de tous les acteurs : entreprises, gouvernement, médias, consommateurs... Nous devons tous tra- vailler ensemble pour faire du ‘Made in Morocco’ une véritable fierté nationale» , précise-t-elle. Le gouvernement n’est pas en reste. Faciliter l’accès aux produits «Made in Morocco», développer les cir- cuits de distribution courts, mettre en place des incitations fiscales pour les entreprises qui produisent localement, renforcer les contrôles de qualité..., sont autant de leviers à actionner pour encou- rager cette dynamique. Car l’enjeu est de taille. Consommer local, c’est investir dans l’avenir de notre pays. C’est créer des emplois, préserver notre environne- ment, valoriser notre patrimoine. C’est aussi, peut-être, un acte citoyen, un geste patriotique à la portée de tous. Alors, prêt à relever le défi ? L’avenir du «Made in Morocco» est entre nos mains.

La réussite de cette initiative repose sur la collaboration entre entreprises, gouvernement, médias et citoyens pour instaurer une véritable culture du «Made in Morocco».

Le «Made in Morocco» peut revitaliser l’économie marocaine en réduisant la dépendance aux importations et en soutenant l’emploi local, mais il nécessite des efforts en matière de qualité, de prix et de communication pour gagner la confiance des consommateurs.

e «Made in Morocco» fait son grand retour sur le devant de la scène. Porté par un gouvernement sou- Le potentiel est là. Selon les chiffres du ministère de l’Industrie et du Commerce, plus de 60% de ce que nous consom- mons sont déjà produits localement. Un chiffre qui pourrait grimper en flèche si le consommateur jouait le jeu à fond. Car consommer «Made in Morocco», c’est bien plus qu’un acte d’achat : c’est soutenir l’emploi, préserver un savoir- faire ancestral et même réduire notre empreinte carbone. C’est aussi encou- L cieux de redynamiser l’économie natio- nale et de réduire la dépendance aux importations, ce label séduit de plus en plus d’entreprises. Mais qu’en est-il du consommateur marocain ? Est-il prêt à privilégier le produit local, quitte à revoir ses habitudes ?

rager l’innovation et la diversification de l’économie marocaine. Pourtant, le consommateur hésite encore. Trop cher ? Pas assez qualitatif ? Difficile à trouver ? Les raisons sont nombreuses. Une étude récente de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC) révèle que les Marocains sont prêts à consommer local, à condition que le rapport qua- lité/prix soit au rendez-vous. D’autres freins persistent, comme le manque de confiance dans certains secteurs, notamment l’électronique ou le textile, et le manque de visibilité des produits «Made in Morocco» dans les grandes sur- faces. «Le consommateur marocain est de plus en plus exigeant» , nous explique la directrice marketing d’une entreprise marocaine cotée en Bourse. «Il est prêt à payer plus cher pour un produit local, mais à condition qu’il soit de qualité et

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«Il est crucial que ce label serve de levier pour les PME/ PMI» Les secteurs prioritaires de la stratégie Made in Morocco sont multiples et variés. Mettre en avant la production locale et son label Made in Morocco contribue significativement au développement de l’économie nationale. Entretien avec Adil Lamnini, Managing Partner d’ERA Group Maroc et président de l’Association professionnelle des marques marocaines. Produits locaux

Finances News Hebdo : L’Association profes- sionnelle des marques marocaines (APMM) que vous présidez, met en avant le produit local et le label Made in Morocco à travers sa promotion et son développement. Parlez-nous des actions que vous entreprenez pour mener à bien votre mission ? Adil Lamnini : L’APMM s’engage active- ment depuis 2013 dans la promotion des services et des produits locaux et du label Made in Morocco à travers diverses initiatives stratégiques. Nous menons des campagnes de sensibilisa- tion pour informer les consommateurs sur les avantages des produits et ser- vices marocains, mettant en avant leur qualité, leur authenticité et leur contri- bution significative à l’économie natio- nale. Nous collaborons avec les pou- voirs publics pour renforcer les régle- mentations favorables à la production locale, en plaidant pour des politiques incitatives et des subventions destinées à soutenir les entreprises marocaines.

Nous participons également à des salons et foires internationales afin de renforcer la visibilité des produits maro- cains sur les marchés étrangers et de nouer des partenariats commerciaux stratégiques. En matière d’innovation et de recherche et développement, nous encourageons les entreprises locales à investir dans ces domaines pour amé- liorer la compétitivité de leurs produits. Il est également crucial que le Made in Morocco serve de levier pour les PME, PMI et les startups marocaines, car leur dynamisme et leur capacité à inno- ver sont essentiels au développement durable de notre économie. Nous travaillons aussi à la mise en place de labels de qualité et de cer- tifications pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits Made in Morocco. Enfin, nous offrons des formations et des programmes de développement des compétences afin que les entreprises locales disposent

d’une main-d’œuvre qualifiée, capable de répondre aux exigences du marché.

F. N. H. : Le Maroc a adopté une stratégie Made in Morocco pour les secteurs industriels dits prioritaires. Où en sommes-nous aujourd’hui ? A. L. : Le Maroc a réalisé des progrès notables dans la mise en œuvre de la stratégie Made in Morocco pour les sec- teurs prioritaires. Dans l’automobile, nous avons assisté à une augmentation des investissements et de la production locale, positionnant le Maroc comme un hub industriel dans la région. Des entre- prises internationales telles que Renault et PSA ont implanté des usines, dynami- sant l’industrie automobile locale. Le secteur de l’aéronautique continue de croître grâce à des partenariats avec des géants de l’industrie comme Boeing et Airbus, ainsi qu’à l’amélioration des compétences locales grâce à des programmes de formation spécialisés. L’électronique de spécialité, notam- ment l’ingénierie, bénéficie également de ces collaborations et de l’innovation technologique. Dans l’agroalimentaire, les produits marocains gagnent en popularité sur les marchés internationaux grâce à leur qualité et à des efforts de marketing bien ciblés. Les produits de la mer et

Dans le secteur automobile, il y a eu une augmentation des investissements et de la production locale, position- nant le Maroc comme un hub industriel dans la région.

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