Hors-série 47

riques représentent plus de la moitié du marché pharmaceutique privé, et entre 80 et 90% des appels d’offres hos- pitaliers en volume et les économies réalisées pour les patients et pour les caisses de l’assurance maladie sont substantielles. Certes, un important retard a été enregistré au niveau des médicaments biosimilaires (géné- riques des médicaments biotechno- logiques), et cela malgré quelques productions en fil & finish. Toutefois, le Maroc est en train de mettre le pied dans le club très restreint des producteurs de biotechnologies et de rattraper ses retards, notamment avec la cité des vaccins de Benslimane. F. N. H. : Construire une véritable souveraineté sanitaire avec ses différentes composantes, à savoir pharmaceutique et vaccinale, s’impose aujourd’hui comme une nécessité absolue. Peut-on dire que le Maroc est sur la bonne voie ? A. B. : Le concept de la souverai- neté sanitaire ne s’est imposé dans le monde que suite à la pandémie de la Covid et de ses conséquences sanitaires dévastatrices. Nous ne pouvons oublier les traces d’une pre- mière volonté politique implicite de s’affranchir de la dépendance phar- maceutique, vis-à-vis de pays tiers il y a près de 60 ans, avec la circulaire ministérielle de 1965 qui a imposé la fabrication locale progressive des différentes formes pharmaceutiques. Malheureusement, cette vision sou- verainiste pharmaceutique s’est progressivement dissoute dans une approche mondialisée, et les impor- tations pharmaceutiques ont repris le dessus sur la fabrication locale, aggra- vant au fur et à mesure le déficit de notre balance commerciale pharma- ceutique. Pourtant, au plus fort de la pandémie, notre marché pharmaceu- tique a fait preuve d’une importante résilience, et ceci grâce au noyau exis- tant de la fabrication locale. La Covid 19 a le mérite d’avoir fait prendre conscience de l’importance et de la nécessité de sauvegarder la souveraineté sanitaire de notre pays et celle de nos multiples partenaires africains. Au cœur de cette souverai- neté sanitaire, nous trouvons la sou- veraineté pharmaceutique médica- menteuse, mais aussi vaccinale. Dans

rentabilité pour notre industrie, pour un meilleur accès pour nos patients aux médicaments et pour un meilleur équilibre du financement de la santé. • Quinto : Il faudrait améliorer notre réglementation pharmaceutique. L’étude réalisée par le cabinet Valyans pour la mise en place du plan d’accé- lération industrielle pharmaceutique en 2016, avait identifié la réglemen- tation pharmaceutique comme étant le principal obstacle aux investisse- ments locaux ou étrangers, et donc au développement de la production pharmaceutique locale. Avec le pro- jet royal de la refonte de notre sys- tème de santé, la réglementation est en train de bouger dans le bon sens et une nouvelle gouvernance est en train d’être installée grâce à la mise en place d’une agence marocaine des médicaments et des produits de santé et d’une haute autorité de la santé. F. N. H. : Porté par une croissance soutenue, le secteur pharmaceutique marocain a connu en 2023 des résultats probants. Le renforcement de l’intégration industrielle locale et la promo- tion des médicaments génériques produits au Maroc y sont pour beaucoup. Quelle lecture en faites-vous ? A. B. : Le système pharmaceutique marocain a évolué depuis sa création, et notamment au cours des deux der- nières décennies vers un écosystème qui est bien intégré industriellement. Malgré le désengagement industriel de certaines multinationales phar- maceutiques, des opérateurs natio- naux ont repris rapidement le relais en investissant lourdement dans de nouvelles unités industrielles ultra- modernes ou en modernisant les unités existantes. Le médicament générique était le fer de lance de ce développement. Il a permis de pro- duire des médicaments génériques aussi efficaces et aussi sûrs que leurs princeps, brisant ainsi des situations de monopoles préjudiciables aux patients marocains en termes d’ac- cès économique aux médicaments. Aujourd’hui, les médicaments géné-

• Primo : Il est essentiel de renforcer les capacités locales de production des médicaments, y compris celles issues des biotechnologies mais aussi aller, autant que possible, vers la fabri- cation des dispositifs et équipements médicaux afin d’améliorer notre sou- veraineté pharmaceutique. • Deuxio : Il faudrait investir dans la recherche, le développement et l’in- novation pharmaceutiques. • Tercio : Il est important de subs- tituer une part importante de nos importations pharmaceutiques par de la fabrication locale. Ceci permettra de réduire le déficit de notre balance commerciale pharmaceutique, mais aussi de contribuer à l’emploi, à la valeur ajoutée et à la fiscalité pharma- ceutique sans compter, et c’est le plus important, la sauvegarde et l’amélio- ration de notre souveraineté pharma- ceutique. • Quarto : Il est indispensable de déve- lopper nos exportations pharmaceu- tiques, non seulement pour réduire le déficit de notre balance commer- ciale pharmaceutique, mais aussi pour réaliser de précieuses écono- mies d’échelle au niveau de notre pro- duction de médicaments. L’objectif étant d’améliorer la compétitivité et la

Le lancement du chantier royal de la couverture sanitaire universelle et de la refonte du système de santé offre des opportunités majeures pour développer les médicaments Made in Morocco.

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59 HORS-SÉRIE N°47 / FINANCES NEWS HEBDO

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