Hors-série 47

à l’action. « La crise pandémique a révélé le retour en force du thème de la souveraineté. Qu’elle soit sani- taire, énergétique, industrielle, ali- mentaire ou autres, sa préservation est devenue l’enjeu d’une véritable compétition qui suscite des réac- tions fébriles chez certains », a-t- il souligné. Et d’ajouter qu’ «(…) afin de consolider la sécurité stra- tégique du pays, nous appelons à la création d’un dispositif national intégré ayant pour objet la réserve stratégique de produits de première nécessité, notamment alimentaires, sanitaires et énergétiques et à la mise à jour continue des besoins nationaux en la matière».

Covid-19 et la guerre en Ukraine, qui ont mis en lumière les vulnéra- bilités du Royaume en matière de sécurité sanitaire et alimentaire. Les dépendances vis-à-vis de l’étranger, notamment pour des denrées essentielles comme le blé qui expose le pays aux fluctua- tions des marchés internationaux et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, ont révélé l’urgence d’une stratégie natio- nale pour renforcer la résilience alimentaire du pays. Cette pers- pective pose conséquemment la nécessité de réévaluer la politique agricole, portée d’abord par le Plan Maroc Vert (PMV), puis par Génération Green. Le PMV, qui a pris fin en 2020, a nécessité un investissement de 13 milliards de dollars sur dix ans. Il a permis de maintenir une crois- sance moyenne de 5,5% par an dans le secteur agricole, même pendant les années de sécheresse,

selon le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. Le PMV a éga- lement favorisé l’émergence de filières agricoles à haute valeur ajoutée et a encouragé les inves- tissements privés dans le secteur. La stratégie Génération Green, quant à elle, met l’accent sur l’amé- lioration des revenus des agri- culteurs et la couverture sociale. Elle vise à intégrer plus de 400.000 familles dans la classe moyenne et à encourager une nouvelle géné- ration de jeunes entrepreneurs agricoles. Cette stratégie prévoit la mobilisation d’un million d’hec- tares de terres collectives pour des projets d’investissement agricole. Néanmoins, la politique agricole actuelle est-elle en phase avec les ambitions de souveraineté ali- mentaire du Royaume ? Pour plusieurs experts, il faut réformer le modèle agricole actuel, orienté principalement vers l’ex- portation. Ils appellent notam- ment à une politique agricole plus inclusive, qui favorise la produc- tion destinée à la consommation intérieure et soutient l’agriculture de subsistance. De plus, l’agriculture est confron- tée depuis quelques années à des sécheresses récurrentes, en raison du changement climatique, et à un déficit hydrique devenu struc- turel. Or, une bonne disponibilité des ressources en eau est essen- tielle pour garantir la souveraine- té alimentaire. C’est pourquoi le Maroc a entrepris plusieurs initia- tives pour optimiser l’utilisation de l’eau et améliorer l’efficacité de l’irrigation. Parmi celles-ci, on peut citer la construction de bar- rages, le développement de tech- niques d’irrigation goutte-à-goutte et la mise en œuvre de projets de dessalement de l’eau de mer. L’ambition du Royaume d’at- teindre la souveraineté alimentaire est donc bien là. Mais le chemin sera forcément long. Et la réus- site de ce challenge à dimensions sociales, économiques et géos- tratégiques, dépendra en grande partie de la capacité du Maroc à réévaluer et adapter sa politique agricole.

Les dépendances vis-à-vis de l’étranger, notamment pour des den- rées essentielles comme le blé, ont révélé l’urgence d’une stratégie nationale pour renforcer la résilience alimentaire du pays.

La pandémie, l’élément déclencheur

La souveraineté alimentaire est devenue un axe central de la poli- tique économique marocaine, particulièrement depuis les crises successives de la pandémie de

69 HORS-SÉRIE N°47 / FINANCES NEWS HEBDO

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