FNH N° 1134

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 28 DÉCEMBRE 2023

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un contrat de location et à créer une forme juridique qui nous contraint de payer des impôts supplémentaires, alors qu’ils ne sont pas sûrs de nous accorder le financement. Ce que les gens doivent savoir, c’est qu’il ne s’agit pas de subven- tions accordées par l’Etat, mais d’un cré- dit d’honneur que nous devons progres- sivement rembourser deux ans après sa réception. Nous avons maintes fois pris contact avec les standardistes du pro- gramme (5544) qui nous ont assuré que notre projet a été retenu. Pareillement, le portail dédié aux candidatures affiche la même information. Bizarrement, une fois le ministère a annoncé que l’objectif a été atteint, le 5544 a complètement changé de discours en nous annonçant que notre candidature a été rejetée sans nous en dévoiler la raison». Silence radio Jusqu’à présent, le ministère ne s’est pas exprimé sur cette polémique; un mutisme dénoncé par ces grévistes qui ne savent plus à qui adresser leurs doléances. Ce qui complique la situation, c’est que même la première édition semble traîner des casseroles, à en croire le témoignage donné par Zineb, jeune entrepreneure. «Je fais partie des personnes qui ont été retenues lors de la première édition et à ce jour, je n’ai pas reçu les 100.000 dirhams. En voulant récupérer le procès verbal (PV), une responsable au sein de la SMIT m’a annoncé que je ne pouvais pas bénéficier du financement sous prétexte qu’il manquait un devis à mon dossier. Je ne vois pas pourquoi on ne m’a pas avisée plus tôt, soit avant le dernier délai de remise de l’ensemble des documents nécessaires. A ma grande surprise, en rencontrant la directrice, elle m’a annon- cé que je ne vais tout de même pas recevoir mon financement car l’objectif a été atteint, sachant que j’avais déposé le devis manquant», affirme-t-elle. Bien qu’il ait bénéficié de la formation Forsa, Amine désespère à l’idée de rece- voir un jour son financement. « J’ai sous- crit au programme Forsa en 2022 et ce n’est qu’en 2023 qu’on m’a contacté pour entamer la formation. Non seule- ment c’est une procédure longue et fasti- dieuse, mais qui m’a beaucoup coûté sur le plan financier. Entre le déplacement de Casablanca à Settat pour assister aux sessions de formation, les impôts liés au statut d’auto-entrepreneur et la

promesse de location, j’ai dépensé près de 8.000 DH. Ajoutons à cela les frais de consultations avec le comptable. Ainsi, j’ai vu mon rêve de devenir entrepreneur voler en éclats. J’ai investi beaucoup de mon temps et de mon énergie et j’ai même raté beaucoup d’opportunités de travail en étant entièrement concentré sur mon futur projet». Mauvaise approche Youssef Guerraoui Filali, président du Centre marocain pour la gouvernance et le management (CMGM), relève que la séparation entre l’incubation et le finan- cement réel du projet a causé beaucoup de dégâts à bon nombre de demandeurs. «La première tranche du programme Forsa était une occasion propice pour lancer une nouvelle dynamique entrepre- neuriale au Maroc. Cependant, l’approche empruntée n’était pas bonne. En effet, la période d’incubation était assez longue et beaucoup de porteurs de projets ont initié des engagements financiers et juridiques, en croyant que le fait d’être retenu en incubation et formation est systématique- ment une garantie de financement» , se désole-t-il. En outre, Guerraoui Filali regrette le manque de communication autour des conditions d’accès au financement qui, selon lui, a engendré des refus de dos- siers en fin de chaîne. «Les demandeurs et porteurs de projets se sont retrouvés devant des banques et institutions de financement qui cherchent à avoir des garanties sur la restitution des fonds.

Pire, certains financeurs se sont basés sur les antécédents bancaires des candidats pour refuser leurs dossiers », précise-t-il. Par ailleurs, le président du CMGM sou- ligne que l’enveloppe de financement de cent mille dirhams reste en deçà des attentes à l’ère de la pression inflationniste que nous vivons actuellement. «Ledit effet inflationniste ne couvrira pas le démar- rage d’un petit projet, vu le renchérisse- ment des prix et des matières premières. L'autre problématique est la fermeture du concours sous prétexte d’avoir atteint l’objectif pour la 1ère tranche du projet. Cet acte a engendré des dégâts matériels et financiers aux petits entrepreneurs qui se sont engagés dans l’achat de fourni- tures afférentes à leurs projets et dans la concrétisation de contrats de bail, en vue de se faire financer par le programme Forsa» , explique-t-il. Aussi, Guerraoui Filali estime que le finan- cement des porteurs de projets jeunes et moins jeunes devra s’opérationnaliser rapidement : «il n’est pas normal d’at- tendre 6 mois pour passer des entretiens et une période d’incubation et de for- mation pour vous refuser le dossier à la banque en bout de chaîne». L’accès au financement figure parmi les principales contraintes auxquelles font face les entrepreneurs au Maroc, et Forsa a justement été créé pour remédier à cette difficulté. Sauf qu’au final, cette question de financement semble être le point noir du programme, ce qui pourrait avoir des répercussions sur les éven- tuelles prochaines éditions. ◆

«Bien que les incubateurs nous disaient clairement que nous étions retenus et que nous répon- dions à toutes les conditions d'éligibilité, la SMIT nous a affirmé que nous ne pouvions pas signer le contrat d’accès au finance- ment».

La tutelle annonce des nouveautés

Dans un communiqué diffusé mercredi 27 décembre, le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire a annoncé que Forsa se mobilise en faveur d’un accès au financement au plus grand nombre d’entrepreneurs. A travers un partenariat avec certaines banques, les can- didats Forsa éligibles à cette initiative et souhaitant développer leur projet, pourront solliciter un financement. La Société marocaine de l’ingénierie touristique (SMIT) a signé deux conventions avec le Groupe Crédit Agricole du Maroc et avec Al Barid Bank. Celles-ci permettront à 1.700 candidats éli- gibles du programme Forsa de lancer leur projet, précise le ministère. Et d’ajouter que les porteurs de projets Forsa éligibles sont ceux ayant suivi la formation, bénéficié d'un accompagnement et ayant dépassé l’étape de la commission de financement. Ces porteurs de projets détiennent désormais des dossiers qualifiés prêts à être examinés par les banques partenaires à partir du 15 janvier 2024. Des discussions sont en cours avec d’autres banques afin d’augmenter le nombre de candidats Forsa bénéficiaires de cette initiative. Dans le détail, la tutelle souligne que les candidats retenus pourront bénéficier d’un prêt pouvant atteindre 100.000 dirhams à un taux d’intérêt préférentiel allant de 1,75% à 2% selon le lieu de pro- venance du porteur de projet. Le remboursement s’échelonnera sur une période maximum de 7 ans, avec un différé de 2 ans.

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