FNH N° 1134

23

ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 28 DÉCEMBRE 2023

www.fnh.ma

sion de ce concept dans le contexte national revient à des économistes et des hauts décideurs publics comme Feu Meziane Belfquih (Conseiller de Sa Majesté le Roi), Driss Guerraoui, Mohamed Mbarki et Driss Alaoui

Mgadhri, qui ont intro- duit ce concept dans l’action publique. Des initiatives qui ont par exemple fait valoir l’im- portance de l’intelli- gence économique ter-

L’intelligence économique est au service de la transformation structurelle en Afrique.

ritoriale pour un pays comme le Maroc dans sa trajectoire de transformations structurelles voulues et impulsées par Sa Majesté le Roi dès le début du nou- veau règne. L’intelligence économique territoriale a été brillamment appliquée dans des grands projets d’Etat : projet Tanger- Med, projet Bouregreg, projet Mar- Chica, projet Med-Est (implantations de zones industrielles dans l’Orien- tal…), pour ne citer que les plus emblé- matiques. Les stratégies sectorielles (Emergence, Maroc Vert, Plan Azur…) ont été également des exercices d’in- telligence territoriale pour positionner le Maroc dans les chaînes de valeurs mondiales au fur et à mesure de l’ou- verture économique. Il est à noter, par exemple, que le dernier discours royal à l’occasion de la célébration de la Marche verte (6 novembre) est un magnifique exemple d’intelligence économique territoriale, en incitant à projeter le développe- ment des provinces du Sud comme axe stratégique de l’Afrique atlan- tique intégré à l’Afrique sahélienne et l’Afrique centrale. Le grand port de Dakhla atlantique, qui sera opération- nel en 2030, couplé au projet de gazo- duc Nigéria-Maroc et à la liaison fixe avec l’Espagne, en seront des points d’appui importants pour concrétiser la vision royale d’une Afrique pleinement connectée en infrastructures et ouverte sur l’Atlantique et la Méditerranée. Le potentiel d’opportunités et de déve- loppement africain en sera encore plus démultiplié. Au niveau institutionnel, il convient de souligner le rôle avant-gardiste au Maroc de l’Institut royal des études stratégiques (IRES) dans le domaine de l’intelligence économique qui, depuis sa création par Dahir royal en 2007, a développé des grilles d’analyse et d’intelligence stratégique de très

grande qualité. Plusieurs institutions en Afrique et dans le monde arabe (Afrique sahélienne, Emirats Arabes Unis, Koweït, Arabie Saoudite…) s’ins- pirent des travaux de l’IRES dans le cadre de sa coopération avec des organismes officiels implantés dans les pays concernés. F.N.H. : Comment l'intelligence économique peut-elle contri- buer à renforcer la résilience économique de l'Afrique face aux défis mondiaux, tels que les crises sanitaires, les fluc- tuations des marchés interna- tionaux et les changements cli- matiques ? T. B. : En Afrique au Sud du Sahara, les initiatives en matière d’intelligence économique sont le fait principale- ment de la société civile (chercheurs, universités, associations, réseaux d’experts…). Par exemple, l’Associa- tion francophone d’intelligence éco- nomique a joué un rôle pionnier dans la diffusion de ce concept au niveau africain aussi bien dans l’aire franco- phone que dans l’aire anglophone. Des experts comme Philippe Clerc (France), Amath Soumaré (Sénégal) Driss Guerraoui (Maroc), Mounir Rochdi et Siham Haroussi (franco-marocains

exerçant à Paris) qui animent cette association, y ont grandement contri- bué, notamment dans le cadre de l’université ouverte de Dakhla. Dans les milieux officiels, sa diffusion est plus restreinte car elle demeure l’apanage d’experts versés dans cer- tains outils de l’intelligence écono- mique (veille stratégique, analyses prospectives, modélisation d’aide à la décision…). Mais les lignes sont en train de bou- ger rapidement. Dans les milieux d’affaires au sein du continent et auprès des pouvoirs publics, il y a une prise de conscience que la décision et les politiques publiques obéissent de moins en moins à des variables maîtrisables dans le contexte multi- crises qui domine. Le décideur est confronté à des contextes nationaux et internationaux volatils, complexes et ambigus (un monde dit VUCA : Volatility, Uncertainity, Complex and Ambigu). Le besoin est ainsi forte- ment ressenti de fonder la décision sur des outils qui permettent d’inte- ragir avec des réalités difficilement prévisibles et fuyantes en anticipant au mieux les situations (outils de veille et d’anticipation), prévoir des scénarios d’action (prospective) et se tenir relativement prêt en situation de

L’intelligence économique territoriale a été brillamment appliquée dans de grands projets de l’Etat.

Made with FlippingBook flipbook maker