S OCIÉTÉ
33
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 28 DÉCEMBRE 2023
www.fnh.ma
Centres d’accueil pour les seniors
◆ La population des personnes âgées dépendantes est en hausse constante. ◆ La capacité d’accueil est insuffisante pour répondre à la demande. Les limites de l’écosystème
Depuis un certain temps, le Maroc se prépare à lancer un écosystème dédié aux établis- sements de protection sociale, qui englobent non seulement les personnes âgées, mais également les orphelins, les sans-abris et les mendiants. La loi 65-15 ouvre de nouvelles perspectives pour ce domaine. Des textes d’application sont promulgués ouvrant la possi- bilité au privé d’ouvrir ce genre de centres. Ces textes ont prévu également des cahiers de charges régissant leur règle- ment interne afin de définir les habilitations de chaque établis- sement pour en finir avec les mélanges des catégories. «Selon les données du HCP, 8% des seniors marocains sont en situation de handicap. Ce chiffre devrait augmenter dans les années à venir. Les centres d’accueil pour per- sonnes âgées sont moins de 80 et ont une capacité d’accueil de près de 6.000 personnes, ce qui est insuffisant pour assurer toutes les demandes. D’autant plus qu’il manque au dispo- sitif juridique encadrant ce domaine un décret d’applica- tion concernant l’installation de centres médicalisés, à l’image des établissements d’héberge- ment pour personnes âgées dépendantes (Epad)» , souligne un spécialiste de ce domaine. Il note aussi que «les maisons de retraite pour étrangers ins- tallés au Maroc, ne sont pas similaires aux Epad à cause du vide juridique. De nombreux projets sont en veilleuse à cause de cette limite». ◆
socialement au Maroc, la pré- sence de maisons pour per- sonnes âgées se pose actuel- lement avec acuité. C’est une réalité qu’il faut accepter. Les familles seront de plus en plus incapables de les prendre en charge». En effet, l’idée de concevoir des lieux d’accueil pour seniors est rejetée par la société marocaine. Feu Hassan II avait affirmé, à ce sujet, que «le jour où l’on ouvrira la première mai- son de retraite au Maroc, notre société sera en voie de disparition». Avec ces paroles cultes, le défunt Roi voulait mettre en valeur l’esprit fort de solidarité qui marque la famille marocaine depuis des siècles. Si dans les pays euro- péens, le transfert d’une per- sonne à une maison de retraite est jugé normal, au Maroc ce geste est considéré comme honteux pour la communauté, surtout pour les enfants qui optent pour cette solution. Mais la donne a beaucoup changé. La transition démo- graphique a été accompagnée par des bouleversements éco- nomiques et sociaux qui ont modifié la physionomie de la société marocaine. Plusieurs seniors choisissent les maisons de retraite par contrainte, car les membres de leurs familles sont pris par le travail et ne peuvent donc pas s‘occuper d’eux. En outre, ces lieux d’accueil ont le savoir-faire et sont bien dotés en ressources humaines qualifiées et maté- rielles pour les accompagner.
Pour des considérations morales, l’idée des maisons de retraite étaient rejetée par la société marocaine; mais la situation commence à changer de plus en plus.
terait 15,4% de la population. En 2050, elle grimpera à 10 millions de personnes. «Ce phénomène est universel. Il touche particulièrement les pays développés. Cette ten- dance de vieillissement de la population devrait se pour- suivre au Maroc et pourrait s’accentuer avec la hausse de l’espérance de vie et la baisse des natalités. Dès lors, de nombreux défis se posent pour accompagner les seniors, qui englobent une population vulnérable, présentant plu- sieurs risques, particulièrement les maladies. On recense pas moins de 178.000 personnes qui sont totalement dépen- dantes d’autrui, que ce soit pour leur mobilité ou les autres activités quotidiennes les plus élémentaires», souligne Mohcine Belalia, professeur de démographie à l’Université Hassan II de Casablanca. Et de poursuivre : «Même si elle n’est pas tout à fait admise
L e Maroc connaît une transition démogra- phique avérée, mar- quée par le vieillisse- ment progressif de la population et une baisse de la fécondité. Du coup, la pyra- mide des âges s’élargit vers le haut et se rétrécit vers le bas. Cette métamorphose engendre différentes problé- matiques, comme l’augmenta- tion du nombre des seniors. Le haut-commissariat au Plan (HCP) a confirmé ce constat. Il souligne que le nombre de per- sonnes âgées de 60 ans et plus dans le Royaume a atteint, en 2021, 4,3 millions, soit 11,7% de la population totale. En 2004, elles n’étaient que 2,4 millions, représentant 8% de la population totale. Cette popu- lation devrait augmenter pour atteindre 6 millions en 2030, soit une augmentation de 42% par rapport à 2021 et représen- Par C. Jaidani
Le vieillisse- ment de la population devrait se poursuivre et pourrait s’ac- centuer avec la hausse de
l’espérance de vie et la baisse des natalités.
Made with FlippingBook flipbook maker