FNH N° 1195

ECONOMIE

17

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 8 MAI 2025

1.254.000 personnes. Le taux natio- nal de sous-emploi passe ainsi de 10,3% à 11,8%. Le phénomène est plus marqué en milieu rural (14,8%, +2,3 points) qu’en ville (10%, +1 point), mais il concerne désormais tous les sec- teurs. Le BTP bat le record (22,6%), suivi par l’agriculture (14,4%), l’in- dustrie (7,3%) et les services (9%). Les postes créés sont donc plus nombreux, mais pas toujours de qualité. Par ailleurs, si les services ont le vent en poupe avec 216.000 postes créés, notamment dans les ser- vices sociaux, les finances, le com- merce ou les activités de soutien, l’essentiel des emplois générés reste concentré en milieu urbain (156.000), là où les opportunités sont plus nombreuses. L’industrie suit avec 83.000 emplois. Même le BTP, malgré sa vulnérabilité aux cycles économiques, a embauché 52.000 personnes. Mais une autre réalité tempère ces signes de vitalité : le socle agricole de l’économie marocaine est tou- jours en berne. L’agriculture trinque Le secteur agricole, pilier tradi- tionnel de l’emploi au Maroc, est en pleine tourmente. Au premier trimestre 2025, il a perdu 72.000 postes. Cela ne représente pas une simple correction conjoncturelle, mais le symptôme d’un malaise structurel qui s’aggrave au fil des années. On le sait, le Maroc vit au rythme des saisons agricoles. Et ces dernières années, la pluie s’est faite désirer. De fait, les campagnes vivent sous le joug d’un stress hydrique chro- nique. Le déficit pluviométrique est estimé à quelque 50% par rapport à la moyenne des trente dernières années. C’est dire que les récentes pluies, bien qu’elles améliorent la situation hydrique, ne changent pas fondamentalement la donne : les barrages sont remplis autour de 40%, les nappes phréatiques sont en déclin et la productivité agricole chute. La production céréalière de la cam- pagne 2023-2024, par exemple, n’a pas dépassé 32,1 millions de quintaux, avec un recul de 4,7% de la valeur ajoutée agricole. Pour

économique. Chaque fois que l’agriculture vacille, ce sont des milliers de ménages qui perdent des revenus et une certaine stabi- lité. Cela entraîne l’accentuation de l’exode rural et une pression accrue sur le marché du travail urbain. Pis encore, la volatilité du sec- teur agricole agit comme un frein à la croissance globale. En 2022, une mauvaise campagne avait fait chuter la croissance à 1,5%. En

L’élasticité du travail à la valeur ajoutée ainsi que le contenu en emploi de la croissance économique demeurent relativement faibles au Maroc.

2024-2025, on attend un rebond à 44 millions de quintaux (+41%), mais même cette amélioration reste loin des niveaux nécessaires pour relancer durablement l’emploi rural.

Or, près de 40% de la population active dépendent directement ou indirectement de ce secteur. C’est dire à quel point la sécheresse affecte l’ensemble du tissu socio-

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker