ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 8 MAI 2025
2023, avec une récolte un peu meilleure, elle a grimpé à 3,4%, puis 3,2% l’année suivante. En 2025, on espère atteindre 3,9%… L’agriculture reste ainsi ultra-sensible au climat et fragi- lise la croissance, d’autant que le PIB non agricole n’est pas encore suffisamment robuste, même s’il se renforce de plus en plus. La riposte du gouvernement Devant une telle situation, l’Etat a réagi à travers des sub- ventions, des aides ciblées ou encore des programmes de dessalement ou de réuti-
à forte consommation d’eau comme l’avocat, la pastèque ou certains agrumes. Faut- il les restreindre ? Les inter- dire dans certaines régions ? Réorienter les productions vers des cultures de base, sobres et résilientes ? Ces choix sont autant économiques qu’envi- ronnementaux. Mais ils sont surtout urgents. La Banque mondiale l’a d’ail- leurs rappelé : chaque point de croissance agricole peut entraî- ner 0,4 point de croissance du PIB. L’inverse est tout aussi vrai. Voilà pourquoi la crise agricole actuelle tire mécani- quement vers le bas l’ensemble de l’économie nationale. A ce constat, s’ajoute un fait désormais établi : pour créer suffisamment d’emplois et absorber les flux de jeunes
actifs, le Maroc a besoin d’une croissance d’au moins 6% sur plusieurs années. Pour l’ins- tant, on en est loin. «Le régime de croissance économique au Maroc demeure intensif en capital et, conséquemment, peu créateur d’emplois. En témoigne la stationnarité du taux d’accumulation du capital sur les vingt dernières années, avec une contribution constam- ment positive à la croissance économique, sauf en 2020 du fait du choc sanitaire», nous confiait récemment Hachimi Alaoui, professeur d'économie monétaire et directeur d'équipe de recherche. Et d’ajouter que «l’élasticité du travail à la valeur ajoutée ainsi que le contenu en emploi de la croissance écono- mique demeurent relativement faibles au Maroc». Il est donc clair que le Royaume doit opérer un changement profond de modèle pour, entre autres, sortir d’une croissance dépendante du climat, renfor- cer le tissu industriel et, sur- tout, revoir en profondeur le système de formation. Trop de jeunes diplômés se retrouvent aujourd’hui piégés dans des filières sans avenir ou dans des emplois sans rapport avec leur formation. Raison pour laquelle le gouver- nement a annoncé une nouvelle feuille de route pour l’emploi en mettant au total 15 mil- liards de dirhams sur la table. Les objectifs sont clairement circonscrits : encourager les investissements à forte valeur ajoutée, améliorer l’efficacité des dispositifs d’insertion, sou- tenir l’emploi rural et miser sur la formation professionnelle. Tiendra-t-elle ses promesses ? Répond-elle aux besoins des 1,6 million de Marocains qui guettent désespérément la moindre opportunité profes- sionnelle ? C’est à voir. En tout cas, tous les dispositifs déployés par l’Exécutif jusqu’à présent sont perçus comme des rustines conjoncturelles qui peinent à corriger les déséquilibres struc- turels du marché du travail. ◆
lisation des eaux usées. Des investissements colossaux ont été engagés (143 milliards de dirhams) pour garantir la sécurité hydrique du pays à l’horizon 2030. L’objectif étant d’atteindre 1,7 milliard de m³ d’eau dessalée par an, avec Casablanca en tête de pont grâce à sa future méga-station alimentée à l’énergie verte. Mais cette stratégie, aussi ambitieuse soit-elle, ne portera ses fruits que sur le long terme. Dans l’immédiat, les agricul- teurs continuent de subir. Et les pertes d’emploi en milieu rural montrent que le Maroc ne peut plus fonder sa stabilité sociale sur un secteur aussi vulnérable. C’est pourquoi d’ailleurs le modèle agricole actuel est sujet à caution. Et les débats s’intensifient sur les cultures
Le secteur agricole, en pleine tourmente, a perdu 72.000 postes au premier trimestre 2025.
Une stratégie articulée autour de l'offre et de la demande Emploi
Le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a annoncé, lundi à la Chambre des représentants, l’adop- tion par le gouvernement d’une nouvelle feuille de route en matière d’emploi. Celle-ci repose sur une approche intégrée, articulée autour de deux axes complémentaires : l’offre et la demande sur le marché du travail.
Selon Sekkouri, les stratégies précédentes étaient essentiellement centrées sur la demande, à travers notamment la formation des chercheurs d’emploi et leur insertion sur le marché. Désormais, la vision s’élargit pour inclure également l’offre, c’est-à-dire les opportunités générées par les secteurs productifs.
A ce titre, le ministre a annoncé la mise en place d’un Comité interministériel dédié au suivi de la création d’emplois. Chaque ministère se voit désormais assigner des objectifs précis en matière d’emploi, avec une responsabilité directe en cas de pertes de postes dans son périmètre. Pour soutenir cette dynamique, un budget de 15 milliards de dirhams a été mobilisé en faveur de l’investissement destiné aux PME. Ce soutien s’inscrit dans le cadre d’un décret couvrant des investissements allant de 1 à 50 MDH, à condition qu’ils soient générateurs d’emplois de qualité. Parallèlement, le gouvernement a lancé un programme de soutien ciblant plus de 110.000 TPE et auto-entrepreneurs. Ce dispositif prévoit la prise en charge partielle des dépenses opérationnelles (OPEX) et des investissements (CAPEX), incluant notamment la location d’équipements, la rémunération des employés et l’achat de matériels. Sur le volet demande, le ministre a mis l’accent sur l’importance de la formation par apprentissage, qualifiée de levier efficace d’insertion professionnelle. L’objectif est de faire passer le nombre de bénéficiaires de ce système de 24.000 à 100.000, avec un appui budgétaire de 500 MDH. Le ministre a par ailleurs évoqué la réforme en cours de l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC). Cette restructuration vise à améliorer le ciblage des chercheurs d’emploi, notamment ceux sans diplôme ni certificat. Il a rappelé que le dernier rapport du HCP fait état de 910.000 chômeurs dépourvus de tout diplôme, une caté- gorie à laquelle des programmes spécifiques ont été consacrés.
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