FNH N° 1122

12

BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 SEPTEMBRE 2023

www.fnh.ma

Vers un baril à 100 $

◆ Les prix du pétrole continuent de s'apprécier, franchissant mardi la barre des 95 dollars le baril du Brent. ◆ Plusieurs experts prévoient que les prix franchiront bientôt le seuil symbolique des 100 dollars. Le spectre du pétrole cher plane sur le Maroc L e pétrole évolue à son plus haut niveau de l'année, suscitant des inquiétudes sur le défi- cit d'offre, car l'Ara- Saoudite fait que les prix du pétrole repartent à la hausse, bien entendu ceci est entouré d’autres hypothèses». Impacts multiples pour le Maroc Par Y. Seddik

La banque suisse UBS estime, pour sa part, que le baril de Brent devrait se négocier dans une fourchette de 90 à 100 dollars au cours des prochains mois, avec un objectif de 95 dollars en fin d'année. Les mar- chés d'options évaluent désor- mais à 45% la probabilité que le Brent reste au-dessus de 90 dollars le baril d'ici à jan- vier 2024, avec le risque que le pétrole soit réévalué à la hausse. Le Directeur général de Chevron, Mike Wirth, a estimé également sur Bloomberg TV, que le prix du baril pourrait franchir les 100 dollars. «Cela bougera certainement dans cette direction, l'offre se tend, les stocks s'assèchent» , a-t-il expliqué. De son côté, Tahar Zerrari, Directeur général adjoint de Sogécapital Gestion, nous explique qu’ «après avoir emprunté un sentier baissier et s’être stabilisé aux alen- tours de 80 dollars le baril, la réduction significative de l’offre de la Russie et de l’Arabie

d'août. À ce jour, le prix du litre de l’essence dépasse les 15 DH, celui du gasoil les 13 DH. Cette flambée des prix à la pompe a également des répercussions sur d'autres secteurs, comme le transport, contribuant ainsi à l'augmentation de l'inflation que le Maroc s'efforce de conte- nir. De plus, en tant que pays importateur net de pétrole, l’ap- préciation des prix des produits énergétiques à l’international rehausse également les paie- ments du Maroc en devises. «En tout cas, le Budget sera bientôt fixé lors de Loi de Finances, et c’est à ce moment- là que des tendances plus claires se dessineront, notam- ment par rapport au marché obligataire et sa tendance en 2024» , résume Zerrari. Rappelons que si le gouverne- ment reste aujourd’hui flou sur le calendrier du démarrage de la réforme de la Caisse de com- pensation, la Banque centrale, elle, a d’ores et déjà intégré dans son scénario central «une décompensation programmée des prix des produits subven- tionnés à partir de 2024» . Une réforme qui s’étalera sur 2 ans et qui devrait raviver les tensions inflationnistes en 2024, voire au- delà (+3,8% prévue par BAM). Au final, maintenir une certaine stabilité budgétaire dans ce contexte de hausse continue des prix sans provoquer d’effet d’éviction sera un délicat exer- cice pour l’État. Lui qui, dans les priorités du PLF 2024, souhaite «renforcer l'équilibre financier et rétablir les marges budgétaires nécessaires à la poursuite des différents chantiers de dévelop- pement». ◆

bie Saoudite et la Russie, deux des plus grands producteurs de l'OPEP+, ont annoncé qu'elles maintiendraient leurs réduc- tions de production jusqu'à la fin de l'année 2023. L'Arabie Saoudite, dans le but de finan- cer d'ambitieux investisse- ments, a choisi de maintenir la baisse de sa production jusqu'à la fin de l'année, une décision qui a également été prise par la Russie. Les contrats à terme sur le Brent ont dépassé les 95 dollars mardi et le prix de référence uti- lisé pour négocier la plupart des cargaisons physiques dans le monde, le Brent BFO, se maintient au-dessus de 96 dol- lars. Selon plusieurs experts, il est très probable que le Brent dépasse les 100 dollars, car «il suffit d'un peu d'agitation pour qu'il dépasse ce seuil».

Avec une dépendance énergé- tique quasi-totale, le Maroc paie le prix cher à chaque flambée des cours des matières pre- mières. Rappelons qu’en 2022, la facture énergétique du Maroc avait atteint un niveau record, sur fond principalement de la hausse des produits pétroliers. Elle a plus que doublé par rap- port à 2021 pour atteindre 153,5 Mds de DH (+102%). Cette même année, la charge de com- pensation a coûté au gouver- nement quelque 42 milliards de DH contre une projection initiale de 17 milliards de DH. «Aujourd’hui, tous les indica- teurs militent pour une conver- gence d’un baril à 100 dollars et cela aura des conséquences sur le gaz et ainsi que sur un éventuel alourdissement de la charge de la Caisse de com- pensation. Mais encore une fois,

La hausse du pétrole met à rude épreuve les finances publiques du Royaume, tout en pesant sur le pouvoir

d'achat des consomma- teurs.

il faut garder à l’esprit que c‘est un marché très vola- til qui dépend d’éléments structurels et conjoncturels, lesquels doivent être suivis de près», suggère le DGA de Sogécapital Gestion. Il faut dire que la hausse du pétrole met à rude

Après les réduc- tions annoncées par l’Arabie Saoudite et la Russie, les prix du pétrole s’envolent.

épreuve les finances publiques du Royaume, tout en pesant sur le pouvoir d'achat des consom- mateurs. Cette hausse a un impact direct sur les prix à la pompe, avec des hausses suc- cessives opérées par les pétro- liers depuis le début du mois

Made with FlippingBook flipbook maker