FNH N° 1122

JEUDI 21 SEPTEMBRE 2023 / FINANCES NEWS HEBDO SÉISME D'AL HAOUZ

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les sinistrés qui, pour la plupart, ont un attachement très fort avec la terre de leurs ancêtres où ils ont leurs sources de revenu. Mais, le plus important, c’est qu’ils soient dans un lieu sécurisé, connecté avec les voies de communi- cation, des réseaux de l’eau, de l’élec- tricité et de l’assainissement et dispo- sant de services publics nécessaires». Pour lancer le programme, des réu- nions marathoniennes sont organisées. L’objectif est de permettre à chaque organisme ou corps de métiers de livrer sa propre réflexion et de coordonner les actions par la suite. «Nous avons tenu de nombreuses réunions à la wilaya de Marrakech. D’autres sont programmées au niveau du département de l’Equipement. Nous sommes actuellement dans la phase de réflexion. Chaque corps de métiers doit livrer son point de vue d’ici fin septembre afin de fixer une vision com- mune et cohérente pour entamer les chantiers de la reconstruction. Nous avons mobilisé plus d’une centaine de géomètres-topographes. Nous avons un rôle très important pour bien loca- liser les douars sinistrés, les construc- tions en ruine ou présentant un certain risque. Différentes études sismiques sont lancées, nous devrons donner une cartographie en 3D pour que les déci- deurs et les intervenants sur le terrain aient une idée précise sur les défis à relever» , souligne Khalid Yousfi, pré- sident de l’Ordre national des géo- mètres-topographes (ONIGT). En première ligne de front, les archi- tectes sont la cheville ouvrière de l’opération de construction. Au lende- main de la catastrophe, une déléga- tion du Conseil national de l’Ordre des architectes (CNOA) s’est déplacée à Marrakech et dans les régions sinis- trées afin de s’enquérir de la situation. Ils sont appelés, à leur tour, à livrer leur propre vision pour mener à bien les chantiers. «Le travail de réflexion ne peut être mené que sur la base d’un diagnos- tic profond et détaillé. Les éléments recueillis sur le terrain devraient nous permettre de bien définir les modèles de reconstruction à adopter. Sachant qu’il existe de nombreuses difficultés à prendre en considération, chaque région devrait avoir son propre modèle . A Marrakech, seule la médina a été touchée. Un lieu qui regroupe des édi- fices historiques à restaurer, alors que

Les maté- riaux locaux peuvent être utilisés s’ils respectent les normes de construc- tion.

les logements de type anciens sont à reconstruire tout en veillant à respecter l’aspect architectural de la ville ocre. Pour le monde rural, la situation est plus complexe, car il s’agit de douars épar- pillés et localisés essentiellement dans des zones montagneuses. D’où une problématique territoriale à résoudre» , souligne Samir Drissi, trésorier général du CNOA. S’agissant des matériaux à utiliser pour la reconstruction, il note qu’ «il est pos- sible de construire avec des normes parasismiques tout en utilisant des pro- duits locaux. Certains monuments his- toriques ont résisté à l’usure du temps et à de nombreux séismes sans qu’ils soient construits en béton armé. C’est le cas des murailles de Marrakech ou du minaret de la Koutoubia. Quels que soient les matériaux utilisés, si les normes de construction sont res- pectées, les risques deviennent très faibles». Les corps de métiers partagent glo- balement les mêmes préoccupations. Mais dans les détails, plusieurs diver- gences de taille se dégagent. Selon ses attributions, chaque corps de métiers dévoilera sa propre analyse. Comportant plusieurs étapes, une matrice sera tracée pour fixer les rôles de chaque intervenant selon le principe de piloter, exécuter et contribuer. «Le premier préalable à réaliser consiste à avancer dans la finalisation et l’actualisation des cartes des diffé- rents aléas. L’analyse des risques est très importante pas uniquement vis-à- vis du séisme mais également par rap- port à d’autres risques hydrauliques, hydro géologiques, géotechniques, …

et ce afin que la reconstruction soit réalisée sur des plateformes et des socles solides, durables et sécurisés. Dans une deuxième phase, il est pri- mordial de revoir les plans d’aména- gement territorial pour qu’ils soient adaptés aux nouvelles circonstances» , explique Nabil Benazzouz, président de la Fédération marocaine du conseil et de l’ingénierie (FMCI). S’agissant du modèle de reconstruc- tion adopté, il a noté que «chaque région et sous-région devra être dotée d’un schéma qui lui est propre. Un zoning devra être établi pour que le traitement soit adapté à chaque zone homogène selon ses spécificités en établissant les plans types qu’ils soient architecturaux ou techniques struc- turaux. Le choix des matériaux est également important. Ils doivent être d’abord en harmonie avec les condi- tions climatiques et le cachet urbanis- tique et architectural de la région. Ces matériaux doivent être disponibles à un coût compétitif et enfin mis en oeuvre conformément à des dispositions et règles de construction appropriées vis- à-vis de tous les risques». Pour rappel, des équipes pluridiscipli- naires de la FMCI (ingénieurs struc- tures, hydrauliciens, géo physiciens, géo techniciens, …) ont fait une tour- née dans les régions sinistrées en empruntant un parcours où le séisme a le plus frappé. D’autres visites seront programmées. Sur la base des obser- vations et constats, un rapport d’étape sera au fur et à mesure émis et enrichi servant ainsi de réflexion de la fédéra- tion à mettre à la disposition des pou- voirs publics. ◆

L’analyse des risques est très impor- tante, pas uniquement de séisme, mais égale- ment d’autres comme les inondations, l’érosion...

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