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CULTURE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 21 SEPTEMBRE 2023
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tions exceptionnelles à l'art. Le livre s'attache à honorer leurs œuvres souvent ignorées ou minimisées par l'histoire de l'art. Les deux femmes nous invitent à explorer non seulement le travail de ces artistes, mais aussi à réfléchir à la place des femmes dans l'art à travers les âges. Elles mettent en lumière les défis auxquels ces artistes ont été confrontées en raison de leur genre, tout en soulignant leur détermination à poursuivre leur vocation créative malgré les obstacles. Ce livre offre également un aperçu de la diversité des œuvres artistiques des femmes, de la peinture à la sculpture, en pas- sant par d'autres formes d'expression artistique.
En dévoilant ces récits souvent mécon- nus, Laure Adler et Camille Viéville contribuent à la réparation d'une injus- tice historique et à la reconnaissance bien méritée de ces artistes femmes. « Les femmes artistes sont de plus en plus dangereuses » est une œuvre qui inspire, éduque et célèbre la créativité féminine, tout en nous rappelant que
l'art ne connaît pas de genre. Ce livre est un hommage vibrant à ces femmes artistes audacieuses qui ont contribué à façonner le monde de l'art et qui continuent à nous inspirer aujourd'hui. ◆ * Les femmes artistes sont de plus en plus dangereuses, de Laure Adler et Camille Viéville, Éd. Flammarion, 144 p., 29,90 € . La série comprend, entre autres : Les femmes qui lisent sont dan- gereuses, Les femmes qui écrivent vivent dangereusement, Les femmes qui aiment sont dangereuses…
Les femmes artistes sont de plus en plus dangereuses» est une œuvre qui inspire, éduque et célèbre la créati- vité féminine.
Laure Adler
Cette autrice, journaliste, historienne et écrivaine, est une spécialiste reconnue de l'histoire des femmes et du féminisme des XIX ème et XX ème siècles. De plus, elle occupe actuellement un poste de responsabilité dans le secteur littéraire des éditions du Seuil, une carrière impressionnante qui témoigne de son enga- gement continu envers la promotion des femmes dans le monde de l'art.
Propos intenses et rebelles de Laure Adler
«La femme a toujours été l'un des principaux sujets des œuvres d'art, mais elle est, à dire vrai, moins un sujet qu'un objet, celui du regard des hommes, leur obsession et leur fantasme. Elle ne regarde pas, elle est regardée (…) Les femmes étaient des muses et des modèles. Elles posaient nues ou parées, on exhibait leur corps, on en faisait des objets de séduction et des parures de pouvoir. Si elles peignaient, elles n'avaient d'autre choix que de se limiter à l'espace domestique : elles pouvaient représenter leurs fleurs ou leurs enfants. On leur réservait l'apparat, la décoration, l'intérieur des maisons où elles se devaient de demeurer confinées». Objet, muse ou modèle ? «Le féminin suscite la méfiance, surtout quand il est créatif. Tout ce qui échappe aux fonctions de reproduction et d'éducation des enfants est synonyme de dépense inutile, voire de dangerosité des humeurs (…) La femme qui crée est en dialogue avec elle-même, ce qui fait peur. La sphère de l'intimité lui est interdite, car tout doit être compréhensible pour les hommes : donc tout ce qui échappe devient objet d'inquiétude pour eux» Les femmes inquiètent ?! «Alors que peu de femmes voyaient leur travail présenté au public dans des expo- sitions, des galeries, des musées, un vent nouveau semble souffler depuis quelques années (…) Mais les femmes demeurent minoritaires, et, surtout, leur travail n'a pas la même valeur que celui des hommes : leur cote est dix fois moins élevée, au bas mot, que la leur.» Parents pauvres du marché de l’art «Dans les années 1970, des femmes engagées dans le MLF, en France ou aux États- Unis, sont devenues des artistes sous une impulsion véritablement féministe. Mais tout l'art des femmes n'est pas uniquement politique. De grands mouvements ont rendu possible l'émergence de créations artistiques majeures, engagées ou non, et il y a eu aussi des artistes femmes qui n'ont jamais revendiqué leur genre, et ont eu la chance de naître à une époque où il était possible d'être artiste (…) Beaucoup n'ont pas voulu s'encombrer de leur identité sexuelle et ont pensé que l'art était un champ qui n'avait pas de genre. Ce n'est pas parce qu'on est une femme qu'on a plus de capacités et de chances de devenir artiste, et ce n'est pas parce qu'on est une artiste femme qu'on est plus douée ou plus singulière qu'une personne de sexe opposé. En vérité, l'art n'a pas de sexe». Passer inaperçu
Genre et Art
«L'histoire de l'art a été écrite et transmise par et pour des hommes, c'est une réalité historique. Il a toujours été intimé aux femmes de vivre à l'intérieur, afin de remplir deux fonctions essentielles, celles de la conjugalité et de la maternité. Mais l'imagination, la dissociation et le dédoublement, avec la possi- bilité de sortir d'un corps “nourricier” pour pouvoir être “inutile”, si l'on peut dire, ne leur étaient pas octroyés. La preuve en est que les écoles d'art n'ont été ouvertes aux femmes en Europe qu'à partir des années 1880. Et la possibilité d'étudier et de connaître le corps, celui des femmes comme celui des hommes, ne leur a été offerte que bien plus tardivement encore (…) la possibilité de penser le monde en dehors d'elles-mêmes et de leur univers intérieur est pour les femmes une conquête extrê- mement récente».
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