Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 13 mars 2025 - 8 DH - N° 1188
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Banques
Démarrage tonique du crédit en 2025 P. 8
Devises en hausse, mais liquidité sous tension
P. 9
Un nouveau levier de financement pour les entreprises FONDS DE DETTE
P. 10/11
Investissements Une dynamique en marche
Réforme fiscale L’informel en ligne de mire
Pluviométrie Sursaut hydrique important
P. 16/17
P. 14/15
P. 7
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 MARS 2025
ACTUALITÉ
Hydrogène vert : L’Offre Maroc séduit Entretien avec Saïd Guemra : Hydrogène vert, «Une véritable opportunité pour opérer les meil- leurs choix technologiques» 25 26 DEVELOPPEMENT DURABLE
Editorial
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Voyons voir : Syrie : Ahmad al-Chareh, le funam- bule
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Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs
BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo : Le Masi élimine les excès de gains Réforme fiscale : L’informel en ligne de mire Crédit bancaire : Un démarrage tonique en 2025, porté par l'investissement Liquidité bancaire : Des devises en hausse, mais des banques sous tension Fonds de dette : Un nouveau levier de financement pour les entreprises Bourse : En plein essor, le secteur de la construction confirme sa bonne orientation Stratégie : Disway nourrit de nouvelles ambitions en Afrique
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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28 L'UNIVERS DES TPME
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Cessez-le-feu en Ukraine
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Entretien avec Lahcen Koubach : LPK, «Notre stratégie repose sur un équilibre entre croissance maîtrisée et gestion financière efficace»
S Pause ou un mirage ?
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i les guerres avaient une logique, cela se saurait. Et si les ces- sez-le-feu étaient de véritables promesses de paix, cela se verrait. La guerre en Ukraine s’apprête-t-elle alors à connaître son premier véritable temps mort depuis plus de trois ans ? C’est la question qui agite diplomates, généraux et experts de plateaux télé. En tout cas, l'annonce, mardi dernier, d'une trêve en Ukraine, à l’issue de négociations menées en Arabie saoudite sous l’œil bienveillant des Etats-Unis, ressemble davantage à un interlude incertain qu'à l'acte final d'un conflit qui dure depuis 3 ans. A en croire le chancelier allemand Olaf Scholz, la balle est désormais dans le camp du président russe Vladimir Poutine. Une phrase qui a l'avantage de la clarté, mais qui souffre du même mal que toutes les déclarations diplomatiques : celui du flou artistique. Car c’est une manière polie de dire que le Kremlin, comme souvent, traîne des pieds. Certes, Kiev a accepté la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 30 jours. Mais depuis quand la Russie se précipite-t-elle pour suivre la musique imposée par l’Occident ? Bien sûr, il est tentant de voir dans cette proposition de cessez-le-feu une lueur d’espoir. Un mois sans tirs, sans destructions et sans nou- velles victimes. Mais dans la réalité brutale de la guerre, 30 jours c’est à peine le temps de réorganiser les troupes, de réparer les chars et de ravitailler les arsenaux. C’est un délai stratégique, pas une garantie de paix durable. Alors, à quoi faut-il s’attendre ? Une trêve qui ne sera qu’un moment de respiration avant la reprise des hostilités ? Une paix de façade qui servira de décor aux prochaines négociations ? Un mois de calme rela- tif avant que chacun ne reprenne ses positions initiales ? Ou plutôt un Kremlin qui va faire la sourde oreille ? Car, au moment où nous écrivions ces lignes, Poutine ne s’était pas encore exprimé sur ce cessez-le-feu. Va-t-il y adhérer ? Et, surtout, sous quelles conditions ? En effet, si Poutine accepte la trêve, ce sera avec ses propres conditions. Et elles risquent d’être difficiles à avaler pour Kiev et ses alliés. Si, en revanche, il la refuse, il prend le risque d’apparaître comme le principal obstacle à la paix, ce qui pourrait compliquer ses relations avec Trump. A ce petit jeu, Poutine maîtrise l’art du double discours : se dire «prêt à discuter», tout en continuant d’appuyer sur l’accélérateur militaire. En attendant qu’il se prononce, les bombes et les drones continuent de danser un ballet mortel. Les soldats continuent de mourir et les civils de payer le prix d’une guerre qui leur échappe totalement. u
ECONOMIE
30 SANTÉ
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Pluviométrie : Sursaut hydrique Campagne agricole : Nouvelle dynamique dans le monde rural avec les dernières pluies Investissements : Entre réformes et ambitions, une dynamique est en marche Entretien avec Siham Sentissi : Freelancing pre- mium, «De plus en plus de dirigeantes se tournent vers cette alternative non par défaut, mais par choix» Habitat et urbanisme : Pourquoi il faut soutenir les villes périphériques des grandes agglomérations Entretien avec Driss Effina : Villes nouvelles, «Les opérateurs privés ont contribué à l’échec de ces projets» Franchise : Un potentiel de croissance à structurer Mobilité verte : Le segment des voitures électriques n’arrive pas décoller
Entretien avec Pr Intissar Haddiya : «La médecine soigne le corps, la littérature éclaire l’âme»
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L'UE face aux Big Tech : Un bras de fer aux consé- quences mondiales
• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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Syrie
Ahmad al-Chareh, le funambule
A hmad al-Chareh a un problème. Un gros problème. Depuis son accession au pou- voir après la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier, le président syrien par intérim tente de convaincre le monde qu’il est l’homme de la réconciliation. Oubliées les années passées à la tête du groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Oubliées aussi les alliances opportunistes avec d’autres factions aux pratiques peu recomman- dables. Désormais, il est le garant de «toutes les confessions», de «l’unité nationale» et même de la « paix civile» . Sauf qu’entre les slogans et la réalité, il y a... un millier de cadavres. Par D. William
exhorte le régime à «poursuivre les auteurs des massacres» et l’Iran jure qu’il n’a rien à voir avec tout ça (alors qu’il a toujours eu quelque chose à voir avec tout ce qui se passe en Syrie). Mais c’est en France où le débat est le plus savoureux. La droite et l’extrême droite, qui hier encore défendaient le régime d’Assad au nom de la protection des chrétiens d’Orient, hurlent aujourd’hui contre «la barbarie islamiste» et accusent la France d’avoir trop vite tendu la main au nouveau pouvoir. L’ancien Premier ministre François Fillon appelle à « agir sur le gouvernement syrien», le président du RN Jordan Bardella s’indigne que Paris ait couru à Damas après la chute d’Assad, tandis qu’Eric Ciotti, président de l’Union des droites pour la République
(UDR), s’enflamme : «la France doit empêcher ces massacres et cesser toute naïveté avec ce régime islamiste de la pire espèce» ! Mais le nouveau régime en place semble avoir une autre lecture des événements. Il parle d’ «exactions isolées» et de «réac- tion incontrôlée» de certains groupes, tout en annonçant, par la voix de Ahmad al-Chareh, la création d’une commis- sion d’enquête « indépendante». Il pro- met de poursuivre les responsables de «l'effusion de sang de civils», tandis que son ministre des Affaires étrangères, Assaad Al-Chaibani, assure que «nous protégeons tout le monde de la même manière». En réalité, al-Chareh sait que son pouvoir repose sur un équilibre précaire : d’un côté, les factions islamistes qui l’ont porté au sommet ne voient pas d’un bon œil ses efforts pour séduire l’Occident; de l’autre, il doit apparaître comme un diri- geant responsable aux yeux de la com- munauté internationale. Il doit donc polir son image sans fâcher ceux qui tiennent les kalachnikovs. Difficile de jouer les modérés quand vos meilleurs soutiens ont passé des années à prêcher le jihad. Alors, il fait ce que font tous les dirigeants coincés : il temporise. Il promet des enquêtes, dénonce des «actes isolés» et jure que tout cela ne reflète pas la ligne officielle du gouvernement. Il ménage ainsi la chèvre et le chou, en espérant que le temps et la lassitude diplomatique feront le reste. C’est sa seule manière d’assouvir son ambition : s’asseoir définitivement dans le fauteuil présidentiel, être reconnu sur la scène internationale et ne plus être vu comme un ancien chef jihadiste recyclé en homme d’Etat. Pour cela, il sait qu’il lui faudra continuer à promettre beau- coup, sans jamais trop en faire. Jouer l’apaisement, sans désavouer totalement ses compagnons d’armes. Bref, il lui fau- dra enfiler le costume du parfait funam- bule ! ◆
En effet, ce qui s’est passé à Lattaquié et dans sa région ces derniers jours relève d’une brutalité qui rappelle les pires heures de la guerre civile syrienne. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), 973 civils, majoritaire- ment issus de la minorité alaouite et chré- tienne, ont été exécutés ou tués dans des représailles d’une violence inouïe. La communauté internationale a vivement réagi. L’ONU condamne, Washington
Ahmad al-Chareh doit polir son image à l’international sans fâcher ceux qui tiennent les kalachnikovs.
oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
ÇA SE PASSE AU MAROC
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Activité royale
Le Roi se recueille sur la tombe de feu le Roi Mohammed V
AMMC - Africa Business School
Lancement d’un Master exécutif Marché des capitaux et régulation A frica Business School, école affiliée à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), en parte- nariat avec l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), annonce le lancement du Master exécutif Marché des capitaux et régulation. Ce pro- gramme spécialisé vise à renforcer l’expertise des pro- fessionnels du secteur financier en matière de régula- tion et de gestion des marchés des capitaux. Conçu par Africa Business School avec l’appui pédagogique de l’AMMC, ce curriculum propose un parcours de forma- tion aligné sur les réalités du marché financier marocain et les standards internationaux. Il s’adresse aux pro- fessionnels du secteur financier, aux régulateurs et aux cadres des entreprises publiques et privées souhaitant approfondir leurs connaissances des mécanismes des marchés de capitaux et de leur régulation. Le Master exécutif associe approche académique et expérience de terrain. Animé par des praticiens et des experts, il offre une compréhension approfondie des instruments financiers, des marchés de cotation, du financement alternatif et du marché à terme. Le programme débu- tera en avril 2025 et s’articulera autour de quatre certi- ficats : Régulation et conformité, Instruments financiers et Mécanismes de financement, Marchés de cotation et placements alternatifs, ainsi que marché à terme. Les professionnels inscrits auront la possibilité de suivre l’ensemble du programme ou opter pour un ou plu- sieurs certificats selon leurs besoins. ■
L e Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, accompagné du Prince héritier Moulay El Hassan, du Prince Moulay Rachid et du Prince Moulay Ahmed, s’est recueilli, mardi, sur la tombe de feu le Roi Mohammed V, à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire de la disparition du Père de la Nation, que Dieu l’entoure de son infinie miséricorde, qui coïncide avec le 10 ème jour du mois sacré du Ramadan. ■
Tourisme
Près de 2,7 millions de visiteurs à fin février
L es arrivées aux postes frontières ont atteint près de 2,7 millions de touristes à fin février, en hausse de +24% par rapport à 2024, soit 521.000 arrivées supplémentaires, avec des performances solides sur les principaux marchés émetteurs, annonce le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire. Le Maroc continue de briller sur la scène touristique internationale avec des performances record pour le deuxième mois consécutif de l’année 2025. En février, les arrivées aux postes frontières ont atteint près de 1,4 million, enregistrant une progression de 22%, soit +248.000 entrées supplémentaires par rapport à février 2024. Cette dynamique est portée autant par les touristes étrangers, en hausse de +18%, que les Marocains résidant à l’étranger qui ont progressé de +26%. ■ L es anticipations de 64% des grossistes
Commerce : 64% des grossistes prévoient une stabilité des ventes au T1-2025
prise, les commandes du 1 er trimestre 2025 seraient normales, et l’emploi stable pour 79% d’entre eux. Au 4 ème trimestre 2024, les ventes sur le marché local auraient augmenté pour 36% des gros- sistes et stagné pour 53%. L’emploi serait resté stable pour 77% des chefs d’entreprise, tandis que les stocks se situeraient à un niveau normal (86%) et les prix de vente seraient inchangés (68%) ou en baisse (27%). ■
affichent une stabilité du volume global des ventes pour le 1er trimestre 2025, et une hausse selon 28% d’entre eux, indique le haut- commissariat au Plan (HCP). Le HCP attribue l’évolution du commerce de gros à la hausse des ventes dans plusieurs segments, dont les biens domestiques et les produits ali- mentaires, malgré une baisse dans les produits agricoles bruts. Selon 74% des chefs d’entre-
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ÇA SE PASSE AILLEURS
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Zone Euro
Espagne
Royaume-Uni
La croissance du PIB au 4 ème trimestre revue à la hausse
Les prix des logements ont augmenté de 8,4% en 2024, un record
Le gouvernement veut réformer le système de protection sociale
E n Espagne, les prix des logements ont augmenté de 8,4% en 2024, la plus forte progression annuelle depuis 2007, selon les données publiées par l'Institut national de la statis- tique (INE). Ainsi, le prix des logements anciens a augmenté de 8%, tandis que celui des logements neufs a bondi de 10,9%, attei- gnant un niveau record depuis le début de la série statistique, une tendance qui s’est accélérée tout au long de l’année pour culminer à 11,3% au quatrième trimestre, précise l'INE. Cette augmentation, marquant
la onzième année consécutive de hausse des prix, s’explique par une offre insuffisante face à une demande soutenue, dans un contexte de pénurie estimée à 500.000 logements par la Banque d’Espagne. L’évolution des prix a également été influencée par la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), relève l'ins- titut national, indiquant que si le premier semestre a été marqué par des hausses de taux d’inté- rêt, ralentissant les transactions et le marché hypothécaire, la baisse des taux amorcée en été a relancé la dynamique d’achat. ■
L a ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a fait part de la volonté de son gou- vernement de réformer le système de protection sociale «trop couteux» du Royaume-Uni. « Nous devons réformer notre système de protection sociale, car actuelle- ment, il dessert les contribuables parce qu'il coûte trop cher », a indiqué la Chancelière de l'Échiquier lors d'un entretien avec la chaîne d'information en continu Sky News. Et d'ajouter que ce système péna- lise l'économie britannique en main- tenant «t rop de gens piégés dans les allocations de chômage », au lieu de les accompagner dans leur retour à l'emploi. « Il y a un million de jeunes qui ne suivent pas d'études, d'emploi ou de formation », a rappelé Reeves, ajoutant que « c'est une véritable aberration » et que « la majorité d'entre eux devraient travailler ». ■
L’ économie de la zone Euro a augmenté plus rapidement qu'initialement estimée au T4 2024, grâce notamment à une révision de la croissance en Irlande, selon les chiffres définitifs publiés cette semaine par Eurostat. Le PIB des 20 pays partageant l'Eu- ro a crû de 0,2% sur la période d'octobre à décembre par rapport aux trois mois précédents, contre une deuxième estimation de 0,1% et par rapport à une hausse de 0,4% au troisième trimestre. Les analystes interrogés par Reuters attendaient en moyenne une hausse de 0,1%. L’économie irlandaise, initialement attendue en contraction de 1,3%, est aujourd’hui estimée en croissance de 3,6%. Sur un an, la croissance du quatrième trimestre ressort à 0,9%, un rythme identique à celui du troi- sième trimestre, ce qui confirme la deuxième estimation et conforme aux attentes. ■
Economie américaine
Le président de la FED évoque «un haut niveau d'incertitudes»
L
e président de Réserve fédérale (FED) estime que l'économie des Etats-Unis était confrontée à un «haut niveau d'incertitudes» et que l'institution monétaire pouvait «attendre plus de clarté» sur les réformes enga- gées par le nouveau gouvernement avant de bouger ses taux. Jerome Powell a prononcé à plusieurs reprises le mot «incertitudes», évo- quant notamment «un haut niveau d'in- certitudes», lors d'un discours à New York, puis pendant la session de ques- tions-réponses qui a suivi. « Le nouveau gouvernement est en train de mettre en place des réformes politiques significatives dans quatre domaines : le commerce, l'immigration, la politique fiscale et la régulation », a relevé le président de la FED. ■
Afrique de l'Ouest
La BCEAO maintient son taux directeur inchangé
L a Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a décidé de maintenir inchangé son principal taux directeur à 3,5%, un niveau en vigueur depuis décembre 2023. La banque a également décidé de maintenir le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal à 5,5%, compte tenu de l’analyse de l’activité économique, de l’évolution des prix et de la situation extérieure de l’Union économique et monétaire ouest africaine, précise la BCEAO dans un communiqué sanctionnant la dernière réunion de son comité de politique monétaire.
Selon la même source, l’activité économique de l’Union demeure dynamique, avec une progression du pro- duit intérieur brut (PIB) de 7% au quatrième trimestre 2024 après 5,8% le trimestre précédent. Pour l’année 2024, la hausse du PIB réel de l’Union est estimée à 6,2% après 5,3% en 2023 et devrait ressortir à 6,3% en 2025, ajoute la banque, attribuant cette croissance aux performances de l’ensemble des secteurs, notam- ment les secteurs extractif, manufacturier et agricole. ■
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BOURSE & FINANCES
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Point Bourse Hebdo Le Masi élimine les excès de gains
Evolution de l'indice Masi depuis début mars 2024
D Les prises de profits se prolongent à la Bourse de Casablanca alors que la saisonnalité pèse sur les volumes. Bilan de la semaine. ans un marché qui a enchaîné les gains en ce début d’année, prendre du recul n’a jamais fait de mal. Au contraire, cela traduit une cer- taine maturité des investisseurs, qui préfèrent sécuriser leurs bénéfices sans céder à la panique ni remettre en cause le potentiel haussier à long terme. À la Bourse de Casablanca, le marché s’offre une cure de détox bien méritée depuis deux semaines, le temps d’éliminer les excès accu- mulés. et moyens dossiers, joue la carte de la contre-tendance et s’offre une avancée de 0,35%. Par Y . Seddik
Côté volumes, l’effet Ramadan s’est fait sentir avec une moyenne heb- domadaire qui tombe à 900 MDH, contre près de 2 milliards lors des deux semaines précédentes. La réduction des horaires de cota- tion et le climat plus attentiste qui accompagnent habituellement cette période expliquent en partie cette baisse d’activité. Mais cette année, l’histoire pourrait être différente.
TOP Performances
FLOP Performances
M2M Group Ib Maroc HPS
-7,59%
+35,04% +14,36%
Stokvis Nord Afrique Fenie Brossette SMI
-6,91%
-5,48%
+11,22 %
Résultats : le Masi termine la semaine en retrait de 0,68% à 16.609,78 points, avec une perfor- mance annuelle réduite à 12,43%. Malgré ce reflux, l’indice n’a tou- jours pas effacé la bougie haus- sière de la semaine du 17 février qui continue d’englober les bougies baissières qui ont suivi. En clair, le mouvement de fond tient bon et la consolidation actuelle semble être une pause saine plutôt qu’un signal de retournement. Cette semaine, les prises de béné- fices ont touché plusieurs comparti- ments, dont les télécoms, l’immobilier et le BTP, trois secteurs qui avaient brillé en ce début d’année. Pendant ce temps, le Masi Mid & Small Cap, qui agrège la performance des petits
accroc majeur, il pourrait rapidement reprendre son ascension dès avril, porté par une reprise des flux et la fin des arbitrages post-résultats. Et les premiers signaux du cru 2025 sont plutôt rassurants : selon BMCE Capital Global Research, les reve- nus agrégés des sociétés cotées affichent une progression de 6% à 311,1 milliards de dirhams. Un signal encourageant pour la suite, qui pour- rait bien redonner du carburant aux acheteurs. Au-delà des ajustements techniques et des logiques d’arbitrage, c’est la solidité des fondamentaux qui fera la différence dans les prochaines semaines. La saison des résultats annuels ne se résume pas seule-
ment aux dividendes : elle est aussi l’occasion d’évaluer la capacité des entreprises à maintenir leurs marges dans un contexte où la croissance économique reste plutôt modérée et où les coûts, bien que mieux maîtri- sés, continuent de peser. Les inves- tisseurs auront donc un œil affûté sur les performances opérationnelles et les perspectives données par les entreprises. Au final, le marché digère ses gains sans se retourner, les volumes restent en ligne avec la saisonnalité, et les résultats annuels vont bientôt donner la tendance. Si avril réserve souvent de belles surprises, alors il y en a peut-être qui s’y préparent déjà. ◆
Mars, un mois négatif pour la Bourse ?
En plein cœur de la saison des publications annuelles, la Bourse de Casablanca pourrait bien éviter la torpeur habituelle. Historiquement, mars et septembre, mois de publi- cations, ne sont pas tendres avec le marché : selon Serval Asset Management, la moyenne des cor- rections sur mars atteint -4,22%, avec une médiane à -1,98%. Mais l’histoire montre aussi que la cor- rection est souvent de courte durée. Avril, en revanche, est historique- ment haussier. D’où l’importance de ces prochaines semaines. Si le marché traverse mars sans
BOURSE & FINANCES
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Réforme fiscale L’informel en ligne de mire
ciaux, la DGI prévoit une approche progressive pour l’adoption du sys- tème e-facturation, en commen- çant par les grandes entreprises. Cette transition sera accompa- gnée de formations et d’un soutien technique pour aider les petites et moyennes entreprises, souvent réticentes à passer au numérique. De plus, la réforme prévoit égale- ment des mesures d’accompagne- ment et des exonérations fiscales. Un autre levier fondamental de cette réforme est la réduction du poids du cash dans l’économie. Environ 400 milliards de dirhams circulent hors du circuit bancaire, limitant la capacité des banques à financer l’économie réelle. Le gou- vernement entend capter ces fonds et les réintroduire dans le système bancaire via une régularisation des avoirs informels. L’intégration progressive du cash informel pourrait permettre aux banques d’octroyer plus de crédits, notamment aux TPME. Ceci pour dynamiser l’investissement et amé- liorer le financement des infrastruc- tures publiques et privées. Entre transparence fiscale et équilibre social Cependant, cette transparence accrue suscite des inquiétudes. Pour certains secteurs historique- ment opaques, l’obligation de fac- turation et l’intégration à la TVA risquent d’entraîner une hausse des prix, qui sera supportée par le consommateur. Pour y remédier, Edman affirme qu’ «il est essentiel d’adopter une approche graduelle et ciblée. L'introduction de régimes fiscaux simplifiés et forfai- taires pour les petites entreprises des secteurs informels permettrait de réduire la charge fiscale et admi- nistrative, limitant ainsi l'impact direct sur les prix» . De plus, «des exonérations fiscales temporaires ou des réductions de TVA pour les entreprises vulnérables, notamment celles à faible marge bénéficiaire, aideraient à maintenir des prix com- pétitifs tout en facilitant leur transition vers l’économie formelle» , conclut-il. A noter que la réussite de cette réforme dépendra en grande partie de la confiance que les citoyens accorderont à l’administration fis- cale. ◆
rale des impôts (DGI) relative aux mesures fiscales de la Loi de Finances 2025 constitue le cadre structurant de cette réforme. Parmi les principales disposi- tions, figurent le renforcement des contrôles fiscaux, l’harmonisation des dispositifs fiscaux et l’encadre- ment des procédures de régulari- sation pour les acteurs du secteur informel. La circulaire met éga- lement l’accent sur l’instauration de la facturation électronique et la simplification des règles fiscales, afin d’améliorer la collecte des impôts et de lutter efficacement contre la fraude fiscale. L La réforme fiscale de 2025 s’annonce comme un changement de paradigme, où l’impôt devient une donnée tracée en temps réel et où l’économie informelle perd progressivement son opacité. Toutefois, son succès dépendra de l’équilibre entre incitation et contrainte. Par Désy M.
e Maroc amorce une réforme fis- cale majeure en 2025, une refonte profonde visant à intégrer pleine- ment le secteur informel dans le circuit formel. En toile de fond, un enjeu de taille : capter les flux financiers échappant à l’impôt et moderniser la gestion des recettes publiques. Chaque année, près de 40 milliards de dirhams échappent aux caisses de l’État en raison de l’évasion fiscale et de l’économie informelle, selon le Fonds monétaire inter- national (FMI). L'informel repré- sente près de 77% des emplois et environ 30% du PIB marocain, un chiffre qui illustre à la fois son poids économique et son impact sur les recettes publiques. L’un des objec- tifs majeurs de la réforme est donc d’inciter les travailleurs de l’infor- mel à se formaliser, notamment via la simplification des procédures fiscales et l’instauration d’un cadre incitatif. La circulaire de la Direction géné-
en temps réel, réduisant ainsi la fraude et l’évasion fiscale. Il ne s’agit pas seulement d’une moder- nisation technique, mais bien d’une transformation radicale du rapport entre l’État et l’économie. «Ce système devrait permettre de limiter l’utilisation de la monnaie liquide, souvent utilisée dans l’infor- mel, et encourager les transactions via des moyens électroniques, tels que les virements bancaires et les cartes de crédit, contribuant ainsi à une plus grande transparence financière» , estime Hassan Edman, professeur d’économie et de ges- tion à la Faculté des sciences juri- diques, économiques et sociales d’Agadir. L’incitation à l’adoption de la signa- ture électronique et l'optimisation des contrôles fiscaux permettront d’assurer la conformité et la sécuri- té des factures tout en garantissant l’intégration harmonieuse du sec- teur informel. Pour favoriser l’adhé- sion de tous les acteurs commer-
Facturation électronique L’un des piliers de cette réforme repose sur la facturation élec- tronique, dont la mise en place progressive à partir de 2026 vise à capturer les flux économiques invisibles à l’administration fiscale. Cette mesure offrira à l’État une visibilité inédite sur les transactions
Selon le FMI, près de 40 milliards de dirhams échappent aux caisses de l’État en raison de l’évasion fiscale et de l’économie informelle.
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BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 MARS 2025
25,1 milliards de dirhams, contre 21,8 milliards un an plus tôt. En parallèle, la baisse des taux d'intérêt appliqués aux nouveaux crédits a également joué un rôle déterminant. Au quatrième tri- mestre 2024, le taux moyen s'est établi à 5,80%, en repli de 7 points de base. Ainsi, les crédits à la consommation sont descendus à 6,99%, tandis que les prêts à l'ha- bitat sont restés stables à 4,75%. Des perspectives favorables portées par l'investissement L'activité des prêts d'investisse- ment est en forte hausse, avec une progression significative de 18%, tirée par un regain d'inté- rêt des entreprises privées. Cette tendance devrait se renforcer sous l'effet des grands chantiers d'infrastructures et des investis- sements industriels prévus pour les prochaines années. D'ailleurs, Fitch Ratings anticipe des inves- tissements de 100 milliards de dollars au Maroc d'ici 2030, dont 34 milliards dès 2025. Cette dyna- mique profitera notamment aux secteurs du BTP, des énergies renouvelables et de l'industrie manufacturière. Dans ce contexte, les grandes banques marocaines, disposant d’assises financières solides et d’un savoir-faire éprou- vé, devraient jouer un rôle cen- tral dans le financement de cette transformation. On note également que les banques ont réduit leur rationne- ment sur les promoteurs immobi- liers, qui voient leur encours pro- gresser de 7,7% sur une année glissante. Cette hausse est dopée, entre autres, par une reprise des mises en chantier liée aux pro- grammes de relogement des bidonvilles ainsi qu'à une augmen- tation de la demande. L’année 2025 pourrait voir une relance plus franche du crédit, soutenue par la baisse des taux et la mise en œuvre des grands pro- jets d’investissement. En outre, un effet de rattrapage est également attendu. De nombreux ménages et entreprises ayant différé leurs décisions de financement en 2024 pourraient ainsi revenir sur le mar- ché dans un contexte plus favo- rable. ◆
2025 pourrait bien marquer une
véritable relance du crédit bancaire, avec un effet de rattrapage des projets différés en 2024.
Crédit bancaire Un démarrage tonique en 2025, porté par l'investissement L’évolution du crédit bancaire est soutenue par la baisse des taux, l'investissement et la confiance retrouvée. Après des années de restrictions, les banques relancent le financement des promoteurs immobiliers, soutenant la reprise du secteur.
V
Par Y. Seddik
éritable baromètre de l’activité économique, la production de crédits bancaires entame l’année avec vigueur, après une crois- sance timorée en 2024. En effet, l'encours du crédit bancaire s'est établi à 1.134,7 milliards de dirhams à fin janvier 2025, en hausse de 4,1% sur un an, signe d'un retour progressif de la confiance et d'un environnement de financement plus favorable. L'impulsion donnée au crédit trouve en partie son origine dans la réduction du taux directeur de Bank Al-Maghrib en décembre 2024. Avec une baisse de 25 points de base à 2,5%, cette décision a contribué à alléger le coût de l'emprunt et à stimuler la demande de financement. Par ailleurs, avec une inflation sta-
bilisée autour de 2%, un nouvel assouplissement monétaire en 2025 reste envisageable, ce qui renforcerait encore la relance du crédit. Dans ce contexte, les entreprises sont les premières à bénéficier de cette dynamique. Les crédits aux sociétés non financières ont ainsi progressé de 1,2%, contre seulement 0,6% un mois plus tôt. De plus, l'investissement semble être à nouveau une priorité, avec une forte augmentation des cré- dits à l'équipement (+8,4%) et des prêts à la promotion immobilière (+7,5%). Quant aux entreprises publiques, elles ne sont pas en reste, enregistrant une hausse de 8,6% de leurs financements. Toutefois, les facilités de tréso- rerie marquent un repli de 3,3%,
signe d'une gestion plus prudente des besoins à court terme. Par ailleurs, selon l'enquête de Bank Al-Maghrib sur les condi- tions d'octroi de crédit, les cri- tères ont été assouplis pour les prêts à l'équipement et la trésore- rie, mais durcis pour la promotion immobilière. Côté demande, les banques signalent une progres- sion sur tous les segments, aussi bien pour les grandes entreprises que pour les PME. Les ménages profitent également de cette embellie. En effet, le crédit à l'habitat affiche une progression de 1,9%, tandis que les crédits à la consommation augmentent de 1,8%. De plus, le financement par- ticipatif, notamment la Mourabaha immobilière, poursuit sa montée en puissance avec un encours de
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Liquidité bancaire Des devises en hausse, mais des banques sous tension
Hausse de la circulation fiduciaire
L’un des principaux facteurs expli- quant cette situation est la pro- gression soutenue de la circula- tion fiduciaire, qui devrait encore augmenter de 8,3% en 2025 et de 7,8% en 2026. L’économie maro- caine reste fortement ancrée dans l’utilisation du cash, un phéno- mène amplifié par des habitudes socioculturelles et un niveau encore élevé d’informalité. Cette tendance prive les banques d’une part importante des dépôts qui pourraient autrement être mobi- lisés pour financer l’économie. Selon un expert économiste, «la forte demande de monnaie fiduciaire, combinée à un usage encore limité des paiements digi- taux, freine la circulation moné- taire et aggrave le déficit de liqui- dité des banques. Une grande partie des transactions, notam- ment dans le commerce informel et certains services, se fait encore en espèces, ce qui limite la réinté- gration des fonds dans le circuit bancaire. Pour inverser cette ten- dance, il est essentiel d’encoura- ger la digitalisation des paiements à travers des incitations fiscales et une meilleure éducation finan- cière». Face à ces tensions, la Banque centrale a déjà intensifié ses injec- tions de liquidité, atteignant 136,6 milliards de dirhams au 6 mars 2025. Mais, malgré ces interven- tions, le besoin structurel de refi- nancement des banques conti- nue de croître, rendant nécessaire une approche plus globale pour contenir la pression sur la liquidité bancaire. Si Bank Al-Maghrib peut pour- suivre ses interventions sur le mar- ché monétaire en servant la tota- lité des demandes des banques lors des avances à 7 jours, une modernisation plus profonde du système de paiements semble indispensable pour favoriser un retour plus rapide des fonds dans le circuit bancaire. Une réforme du marché du crédit permettrait éga- lement d’optimiser l’allocation des ressources financières, en facili- tant l’accès au financement pour les PME et en développant la titri- sation des créances bancaires. ◆
Malgré des réserves en devises solides et des flux financiers extérieurs dynamiques, la liquidité bancaire au Maroc continue de se détériorer. L’augmentation de la circulation fiduciaire et la forte demande de crédit exercent une pression grandissante sur les banques, poussant Bank Al-Maghrib à intensifier ses interventions. Mais ces solutions de court terme suffiront-elles à inverser la tendance ? Par Gh. Bennani
La Banque cen- trale a déjà intensifié ses injections de liquidité, atteignant 136,6 milliards de dirhams au mars 2025.
M
algré des entrées de devises dynamiques, le déficit de liquidité bancaire au Maroc ne cesse de s’aggraver. Cette situation para- doxale met en évidence les fra- gilités structurelles du système monétaire national et la nécessité d’adopter des solutions de fond pour préserver la stabilité finan- cière. Alors que les flux extérieurs progressent, consolidant les réserves en devises, la liquidité bancaire subit une pression crois- sante. Selon Bank Al-Maghrib, le déficit de liquidité devrait atteindre 164,6 milliards de dirhams en 2025 et 192,3 milliards en 2026, contre 137,3 milliards en 2024. Cette trajectoire inquiétante s’ex- plique en grande partie par une balance commerciale toujours déficitaire. Si les exportations connaissent une hausse soute- nue, notamment grâce au dyna- misme de l’industrie automobile
et des phosphates, elles restent insuffisantes pour compenser l’augmentation des importations. La forte progression des achats de biens d’équipement et de pro- duits finis alourdit le déficit com- mercial et limite l’impact positif des flux entrants de devises sur la liquidité bancaire. Dans ce contexte, le Maroc peut compter sur trois grandes sources de financement exté- rieur: les recettes touristiques, les transferts des Marocains résidant à l’étranger et les investissements directs étrangers. Le secteur du tourisme continue d’afficher une belle dynamique, avec des recettes attendues à 127,7 milliards de dirhams en 2025 et 133,8 milliards en 2026, portées par une meilleure connectivité aérienne et l’essor du tourisme avec l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations.
Les transferts des MRE pour- suivent leur croissance et devraient atteindre 127,8 milliards de dirhams en 2026, tandis que les IDE représenteraient 3,3% du PIB la même année, confirmant l’attractivité du Maroc dans des secteurs clés comme l’automo- bile, les énergies renouvelables et le digital. Ces flux renforcent les réserves officielles, qui devraient culminer à 400,2 milliards de dirhams en 2026, soit l’équivalent de 5 mois et 8 jours d’impor- tations. Toutefois, bien que ces entrées de devises garantissent une certaine stabilité macroéco- nomique, elles ne parviennent pas à compenser directement le creu- sement du déficit de liquidité ban- caire. Une grande partie de ces flux ne s’intègre pas immédiate- ment dans le circuit bancaire, limi- tant leur impact sur la disponibilité des liquidités pour les banques.
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Fonds de dette Un nouveau levier de financement pour les entreprises Le marché financier marocain vient de franchir une nouvelle étape avec l’émission du premier fonds de dette, FT NORD ENERGY. Ce mécanisme, encore inédit au Maroc, vient compléter les solutions de financement existantes et se pose comme une alternative à la titrisation. En quoi ces deux instruments diffèrent-ils et quelles perspectives offrent-ils aux entreprises marocaines ? Décryptage avec Salma El Yamani, experte en titrisation.
ne repose pas sur des actifs préexistants, mais lève direc- tement des fonds pour finan- cer des projets spécifiques. «Ce mécanisme permet de fournir directement des financements aux entreprises non finan- cières pour l'acquisition d'ac- tifs ou la réalisation de projets, en garantissant ces prêts par des sûretés», précise l’experte. Contrairement à la titrisation, où l’entreprise libère du cash en mobilisant ses créances exis- tantes, le fonds de dette lui per- met d’obtenir des financements structurés dès le départ, ce qui le rend particulièrement attractif pour des entreprises en pleine expansion ou réalisant des investissements stratégiques. Cette distinction structurelle explique pourquoi certaines entreprises privilégieront l’un ou l’autre de ces outils en fonction de leur besoin. «Il est difficile de comparer ces deux solu- tions, car elles répondent à des logiques différentes», souligne notre experte. «La titrisation est plus adaptée aux entreprises qui disposent déjà d’actifs à céder et qui souhaitent opti- miser leur bilan, tandis que le fonds de dette offre un finance- ment immédiat pour des projets de développement, avec des sûretés adaptées» , explique-t- elle.
Par Gh. Bennani
Avec l’émission de son premier fonds de dette, le marché financier marocain explore de nouvelles voies de financement pour les grandes entreprises et infrastructures.
FT NORD ENERGY, une solution inédite
L’émission du fonds de dette FT NORD ENERGY marque une première au Maroc, et ce n’est pas un hasard si l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) en est le pionnier. Cet acteur majeur a toujours été à l’avant-garde de l’innovation financière, en témoigne son recours régulier à la titrisation depuis 2011. En lançant ce fonds, il explore une nouvelle alternative pour finan- cer ses infrastructures stra- tégiques, tout en diversifiant ses sources de liquidités. «Les grandes entreprises publiques et semi-publiques opérant dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, les infrastruc-
L
e marché financier marocain marque un tournant avec le lan- cement de son premier fonds de dette, FT NORD ENERGY, un mécanisme innovant qui vient enrichir les solutions de finan- cement existantes, notamment la titrisation. Cette avancée ouvre de nouvelles perspectives pour les entreprises en quête de financements alternatifs. Mais au-delà de cette nouveauté, une question essentielle se pose : en quoi ce fonds de dette dif- fère-t-il réellement d’une titri- sation classique ? Deux outils
distincts, bien que complémen- taires, qui s’inscrivent désor- mais dans un cadre réglemen- taire renforcé depuis l’amen- dement de la loi 33-06 en 2022, offrant ainsi aux entreprises une flexibilité accrue dans leur stra- tégie de financement. «Dans une opération de titri- sation classique, un ensemble d'actifs éligibles détenus dans le bilan d'une entreprise cher- chant à se financer est cédé à un fonds de titrisation nommé FPCT (Fonds de Placement Collectif en Titrisation). Ce
fonds émet ensuite des titres pour financer l'acquisition de ces actifs. Les flux générés par les actifs cédés servent ensuite à rémunérer les investisseurs», explique Salma El Yamani, experte en titrisation. En d’autres termes, la titrisa- tion permet aux entreprises de convertir des créances en liqui- dités en les cédant à un véhi- cule de titrisation, qui, à son tour, émet des titres souscrits par des investisseurs. Le fonds de dette adopte une approche différente, puisqu’il
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des investisseurs institutionnels. L’arrivée de ces mécanismes sur le marché marocain s’inscrit dans une dynamique plus large d’évolution des marchés financiers vers plus de sophistication et de flexibilité. À l’ho- rizon 2025-2030, ils pourraient jouer un rôle clé dans le développement de projets structurants pour l’éco- nomie marocaine, tout en renforçant l’attractivité du pays pour les capi- taux nationaux et internationaux. ◆
tures, les télécommunications ou encore l’eau pourraient s’intéresser à ce mécanisme. Il leur offre une solution de financement à long terme pour des investissements lourds et récurrents» , estime El Yamani. Au-delà du secteur public, le fonds de dette pourrait également séduire les grandes entreprises privées et les PME en croissance, notamment dans l’industrie et la construc- tion. Mais pour que ce marché se développe pleinement, plusieurs conditions doivent être réunies. La première repose sur une sensibi- lisation accrue des entreprises et des investisseurs aux avantages et aux spécificités de ces instruments financiers. Il est essentiel de clarifier les critères d’éligibilité, les méca- nismes de garanties et les implica- tions réglementaires pour instaurer un climat de confiance. Sur le plan réglementaire, le cadre marocain a connu de nombreuses évolutions et semble aujourd’hui suffisamment structuré pour accom- pagner la montée en puissance de ces nouveaux outils financiers. Selon notre interlocutrice, «le cadre réglementaire a atteint une certaine maturité après plusieurs réformes, mais il reste pertinent d’envisager des améliorations afin d’optimiser l’efficacité des fonds de dette et de la titrisation». Si ce nouvel instrument financier ouvre des perspectives intéres- santes, il comporte également des risques que les investisseurs doivent évaluer avec attention. Comme pour toute opération de financement structuré, la solidité des garanties mises en place est un facteur clé de sécurisation. Dans le cas du fonds de dette FT NORD ENERGY, le mécanisme repose sur des créances commerciales cédées par l’ONEE, ainsi que sur des sûretés visant à couvrir les risques asso- ciés aux actifs sous-jacents. «Les documents d'information du fonds détaillent les garanties financières et les sûretés mises en place pour limi- ter l'exposition aux risques. Ces élé- ments doivent être soigneusement étudiés avant toute souscription», avertit Salma El Yamani. En d’autres termes, l’efficacité du dispositif repose sur la capacité des actifs cédés à générer les flux nécessaires au remboursement des investis-
Le cadre réglementaire a atteint une certaine maturité après plusieurs réformes, mais il reste pertinent d’envisager des améliorations afin d’optimiser l’efficacité des fonds de dette et de la titrisation.
seurs, tout en offrant une protection contre d’éventuelles difficultés de recouvrement. Avec l’essor des besoins en finan- cement des infrastructures et des
grandes industries, la titrisation et les fonds de dette apparaissent aujourd’hui comme des solutions incontournables pour diversifier les sources de financement et attirer
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