FNH N° 1188

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 MARS 2025

que le freelancing est encore vu comme une solution temporaire ou opportuniste. Il est essentiel de déconstruire cette vision et de montrer que l’indépendance ne rime pas avec instabilité, mais représente une nouvelle façon d’organiser des collaborations stratégiques. Un autre défi réside dans l’ac- cès aux opportunités de haut niveau. Les grandes missions stratégiques se jouent souvent au sein de cercles de décision bien établis, et les femmes indépen- dantes peuvent avoir du mal à y accéder sans réseau solide. Pour y remédier, nous avons struc- turé des initiatives au sein de BlueBirds visant à mettre en rela- tion les talents féminins avec les entreprises qui recherchent des expertises pointues. L’objectif est de faire en sorte que ces femmes ne soient pas seulement visibles, mais qu’elles soient reconnues et sollicitées pour leur savoir-faire. Enfin, la question de la rémunéra- tion reste un enjeu clé. Beaucoup de femmes sous-évaluent leur expertise et acceptent des hono- raires inférieurs à leur réelle valeur sur le marché. Il est essen- tiel de les sensibiliser sur ce point et de les accompagner dans la structuration de leur activité pour qu’elles osent se positionner sur des niveaux de rémunération justes et compétitifs. Chez BlueBirds, nous structu- rons le marché pour lever ces obstacles : nous donnons de la visibilité aux talents féminins en les connectant aux entreprises qui recherchent des expertises spécifiques. Nous les accompa- gnons également sur leur posi- tionnement tarifaire et la négocia- tion de leurs missions. Selon vous, quelles actions doivent être menées par les entreprises et les institu- tions pour favoriser une meilleure inclusion des femmes dans le freelan- cing premium et garan- tir un accès équitable aux grandes missions straté- giques ? S. S. : Les entreprises ont un rôle F.N.H. :

 BlueBirds vise à mettre en relation les talents féminins avec les entreprises qui recherchent des expertises pointues.

F.N.H. : Quels conseils don- neriez-vous aux femmes qui envisagent de se lan- cer dans le freelancing dans des secteurs straté- giques ? S. S. : Se lancer dans le freelan- cing premium nécessite une vraie préparation. Le premier conseil que je donnerais aux femmes qui souhaitent se lancer dans le freelancing premium est de bien identifier leur expertise, leur posi- tionnement et leur pricing. Dans un marché où la concurrence est forte, il est essentiel de se différencier en mettant en avant une compétence spécifique qui répond à un besoin précis des entreprises. Il faut se poser la question : quelle est ma propo- sition de valeur ? En quoi suis- je une compétence rare? Cette réflexion permet de fixer des tarifs adaptés et de ne pas sous-éva- luer son travail. Un bon position- nement tarifaire est non seule- ment un gage de crédibilité, mais aussi un moyen de sécuriser son activité à long terme. Il est également crucial de tra- vailler son réseau dès le départ. Contrairement au salariat, où l’évolution de carrière repose sou-

majeur à jouer dans la recon- naissance et l’intégration des femmes freelances premium. Il faut d’abord changer la per- ception du freelancing de façon générale dans les organisations. Il est temps de considérer le freelancing premium comme une alternative sérieuse au recrute- ment en CDI, en intégrant ces expertes dans les processus stratégiques de l’entreprise au même titre que les cadres internes. Les institutions, quant à elles, doivent créer un cadre plus favo- rable au développement du free- lancing premium. Aujourd’hui, les indépendants ont encore du mal à accéder aux dispositifs financiers et sociaux adaptés à leur statut. Il serait pertinent de mettre en place des méca- nismes permettant aux free- lances de bénéficier de meil- leures protections en matière de couverture sociale et de faciliter l’accès au financement pour les aider à structurer leur activité sur le long terme. L’enjeu est d’intégrer ces talents dans les réflexions globales sur le futur du travail et de leur offrir un environnement propice à leur épanouissement professionnel. Plus les entreprises et les insti- tutions comprendront l’intérêt du freelancing premium, plus elles contribueront à le structurer de manière durable et inclusive.

vent sur des promotions internes, le freelancing fonctionne sur la visibilité et la recommandation. Il faut donc être proactive, mul- tiplier les interactions avec les acteurs clés de son secteur et ne pas hésiter à se rendre visible sur les plateformes spécialisées et les réseaux professionnels. Avoir une sécurité financière est une condition essentielle pour réussir en freelancing premium, surtout dans un marché encore fragmenté. Contrairement au sala- riat, où le revenu est stable et pré- visible, le freelancing implique des cycles d’activité variables, des délais entre les missions et parfois des paiements différés. Disposer d’un à deux ans d’économies per- met de sécuriser cette transition, de couvrir ses frais fixes sans stress et d’avoir la liberté de choi- sir des missions alignées avec son expertise et ses ambitions, plutôt que d’accepter des opportunités par nécessité financière. En somme, il faut accepter une part d’incertitude inhérente à ce modèle. Le freelancing implique de savoir gérer des périodes plus creuses. Plutôt que de subir ces aléas, il est essentiel de les antici- per, de diversifier ses missions et de toujours être dans une dyna- mique de développement. Mais une fois cet équilibre trouvé, le freelancing premium offre une liberté et une satisfaction profes- sionnelle incomparables. ◆

Avoir une sécurité financière est une condition essentielle pour réussir en freelancing premium, surtout dans un marché encore fragmenté.

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