JEUDI 27 & VENDREDI 28 AVRIL 2023 / FINANCES NEWS HEBDO
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44 SPÉCIAL
ASSURANCE & RETRAITE
«Nous travaillons sur la refonte de plusieurs aspects du code des assurances» ◆ Le président par intérim de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, Othman Khalil El Alamy, révèle dans cet entretien un ensemble de chantiers structurants sur lesquels travaille le régulateur.
l’avis général, cette inflation risque de s’installer durablement, ce qui a conduit Bank Al-Maghrib à intervenir en relevant le taux directeur en trois temps, pour le porter à 3%. Ce resserrement de la politique moné- taire a eu un effet direct sur le marché obligataire, tandis que le marché bour- sier continue d’enregistrer des contre- performances depuis le début de l’an- née. Pour revenir aux impacts sur le secteur des assurances, l’essentiel des place- ments des assureurs, rappelons-le, est constitué d’actifs de taux et d’actions. La montée des taux et la chute du mar- ché boursier ont malheureusement eu un impact significatif sur la richesse latente des assureurs. Rien que sur l’année 2022, les plus-values latentes des assu- reurs ont fondu de 58%. En ajoutant les baisses enregistrées depuis le début de cette année, les pertes atteignent 79%. L’inflation a également eu un impact sur le passif des assureurs. Pour la branche non-vie, le coût des sinistres augmente naturellement car les garan- ties sont exprimées au prix réel. Si l’assureur n’anticipe pas correctement l’inflation, cela pourrait conduire à un sous-provisionnement, notamment pour les branches à développement long. En ce qui concerne la branche vie, l’inflation est généralement supportée par l’assuré vu que les garanties prévues par les contrats restent les mêmes en termes nominaux, mais diminuent en termes réels. Néanmoins, les assureurs restent également exposés au risque de liquidité dans la mesure où une hausse des taux d'intérêt provoquée par l’infla- tion pourrait pousser certains assurés à racheter leur épargne à la recherche d’un meilleur rendement. En somme, les changements des taux
Propos recueillis par A. Hlimi
Finances News Hebdo : Le sec- teur des assurances a enregistré des primes historiques en 2022. Du point de vue du régulateur, ces performances sont-elles accompagnées par une rési- lience accrue des opérateurs ? Othman Khalil El Alamy : Effectivement, comme vous l’avez bien souligné, le marché marocain des assurances a réa- lisé une bonne performance en 2022 en termes de chiffre d’affaires, avec un volume de prime dépassant 54 milliards de dirhams, affichant, ainsi, au passage une croissance de 8,5% par rapport à l’année précédente. Cette croissance est portée essentiellement par la perfor- mance de la branche vie (+10,7%) grâce à la bonne dynamique de la composante épargne. L’assurance non-vie a égale- ment connu une progression des primes émises de l’ordre de 6,7%, notamment grâce au segment automobile. Néanmoins, l’année 2022 a été marquée par une conjoncture économique diffi- cile et par un marché financier en berne. Cette situation a impacté sensiblement l’activité financière des entreprises d’as- surances qui ont vu leur résultat financier dévisser de 23%. Dans le même sillage, les plus-values latentes des placements financiers ont fortement chuté, enregis- trant une baisse de 58,5%, impactées principalement par la dépréciation bour- sière et la hausse des taux. Ces impacts ont été fort heureusement atténués par une amélioration de la sinistralité, ce qui a généré une légère hausse du résultat net de 1,8%. Au regard de ces indicateurs, le secteur des assurances a pu renforcer ses fonds propres de +3,5% pour atteindre 42,7 milliards de dirhams, ce qui lui a permis
d’améliorer son assise financière et de maintenir sa résilience. F.N.H. : L'inflation généralisée que connaît le Maroc a-t-elle des impacts sur le secteur ? Est-ce préoccupant ? O. K. E. A. : Comme partout dans le monde, le Maroc a subi des pressions inflationnistes, engendrées par la crise sanitaire de la Covid-19 et le conflit en Ukraine. Cette situation a entraîné une flambée des prix de l’énergie et une perturbation des chaînes de pro- duction et d’approvisionnement, créant un déséquilibre global entre l’offre et la demande à l’échelle mondiale. De
AVEC LA PARTICIPATION DE LA
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