FNH N° 1106

JEUDI 27 & VENDREDI 28 AVRIL 2023 / FINANCES NEWS HEBDO

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66 SPÉCIAL

ASSURANCE & RETRAITE

Relèvement de l’âge de départ à la retraite

Pourquoi faut-il toujours s’acharner sur les mêmes ?

septembre prochain, ce qui fait que le Français profite en moyenne de 2,4 ans de plus de sa retraite qu’un Marocain. Et il est important de noter qu’en plus de cette aberration, la pyramide des âges y est bien pire qu’au Maroc. Au Maroc, la part dans le total de la population des personnes âgées de plus de 60 ans n’est que de 11,7%, au moment où en France, elle est de 20% pour les individus âgés d’au moins 65 ans. Certes, ce taux ne cesse d’aug- menter au Maroc pour une double raison : l’augmentation de l’espérance de vie d’un côté, et la baisse de la fécondité de l’autre. En effet, en l’espace de 40 ans, la fécondité au Maroc est passée de 5,73 enfants par femme en moyenne en 1980 à 2,35 en 2020. Cette baisse spectaculaire est cependant tout à fait naturelle, puisqu’elle correspond à une dynamique que tous les pays ont connu où connaissent actuellement pour les moins développés, celle de la transition démographique. Donc, globalement, l’évolution des variables socio-démographiques au Maroc doit inciter à adopter une démarche pros- pective, mais au moment actuel, on ne peut pas dire qu’il y a péril en la demeure. Par conséquent, si le problème n’est pas fondamentalement démogra- phique à l’heure actuelle, il faudrait peut-être aller le chercher au niveau d’un autre indicateur, celui de la pro- ductivité du travail. Car un déclin démographique peut aisément être compensé par une croissance de la productivité du travail, avec pour corollaire une augmentation des reve- nus et des cotisations sociales. Pour définir la «productivité du tra-

Au Maroc, un actif sur quatre seu- lement est affilié à un système de retraite.

retraités ne sont responsables en rien. Ainsi, si justifications il y a, il faut les chercher avant tout au niveau démo- graphique et socioéconomique. Commençons tout d’abord par l’espé- rance de vie à la naissance. Au Maroc, en 2020, elle est, selon le HCP, de 76,6 ans pour la totalité de la population, de 78,3 pour les femmes et de 74,9 pour les hommes. L’âge de départ à la retraite étant actuellement de 60 ans, cela veut dire qu’en moyenne, une Marocaine pourra profiter de sa retraite pendant 18,3 ans; quant aux hommes, ils devront se contenter de 14,9 ans. Pour le coup, on ne pourra pas accuser la biologie d’être patriar- cale. Blague à part, si l’on compare ces données à celles de la France, le contraste est frappant. Car l’espé- rance de vie moyenne à la naissance y est supérieure de 6,4 ans par rap- port au Maroc, au moment même où ils partent à la retraite que 2 années plus tard qu’au Maroc, soit à 62 ans actuellement, et à 64 ans à partir de

L e 20 avril dernier, le Porte- parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a claire- ment affirmé, lors d’un point de presse, que le relèvement de l’âge de départ à la retraite était devenu incontournable, en raison des déficits prévus à moyen et à long terme des caisses de prévoyances sociales, mais aussi pour contribuer à financer la généralisation de la protec- tion sociale décidée en 2022. Les intentions sont bonnes et louables, mais comme dit l’adage, la route vers l’enfer est pavée de bonnes inten- tions. Tâchons donc d’analyser en profon- deur les éventuels fondements d’une telle démarche, et d’en juger la per- tinence en toute objectivité. Car non, on ne fait pas bosser les gens plus longtemps pour financer un projet aussi beau soit-il, ou pour combler les trous dans la machine, dont les futurs Par Rachid Achachi, chroniqueur, DG d’Archè Consulting

Une Marocaine pourra profiter de sa retraite pendant 18,3 ans; quant aux hommes, ils devront se contenter de 14,9 ans.

AVEC LA PARTICIPATION DE LA

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